Guide du Pérou

Le Callejón de Huaylas et la Cordillère Blanche

1 - De Pativilca à Huaraz

Dept. d’Ancash - 420 km au N. de Lima

Il est vraiment dommage que Ie Callejón de Huaylas, (Callejón signifiant "impasse"), que l’on a surnommé "la Suisse péruvienne", cette vallée glaciaire dont Ie payage est l’un des plus somptueux du Pérou et même de toute l’Amérique du Sud, soit si peu connu et par conséquent si peu visité. La faute en incombe à sa situation géographique : il se trouve à plus de 400 km au nord de Lima et à 1600 km de la région Cuzco-Titicaca, le centre du tourisme national. Ce qui n'est pas pour déplaire à certains touristes qui sont heureux d'y trouver Ie calme, ainsi que les trekkers passionnés et les andinistes, pour lesquels les versants et les cimes de la Cordillera Blanca sont un autre Himalaya, avec les neiges éternelles et l'immense dôme étincelant du Nevado Huascarán pour Everest...


Les premiers sommets de la Cordillère Blanche vus depuis la laguna de Conococha (photo Hans-Peter Thomas) .

En venant de Lima, il faut obliquer à droite juste après Pativilca (km 200 de la route Panaméricaine Nord) et quitter celle-ci qui file vers Ie nord, pour suivre la vallée du Rio Fortaleza. Après avoir franchi un col à 4080 m, on arrive au petit village de Conococha, situé près de la laguna de Conococha (4030 m) alimentée par des sources chaudes. Traversé par le rio Santa, le lac est entouré par la pampa de Lampas, offrant ses champs marécageux aux troupeaux de moutons et de vaches. A l’horizon, on aperçoit les premières cimes enneigées de la Cordillère Blanche et de la Cordillère de Huayhuash.

Chiquían et la Cordillère de Huayhuash
Du col, une route à dr. mène 32 km plus loin, à la bourgade de Chiquían, base de départ fréquentée par les andinistes, les marcheurs (expérimentés), les photographes et les botanistes pour la découverte de la terrible et magnifique Cordillère de Huayhuash qui, sur 30 km de long, aligne en dents de scie ses sommets étincelants, de type himalayen, à plus de 6000 m d’altitude. Leur ascension est d’ailleurs réputée comme étant encore plus difficile que ceux de la Cordillère Blanche. On y trouve le deuxième plus haut sommet du Pérou après le Huascarán, le nevado Yerupajá (6634 m) ainsi que le Siula (6356 m), le Sarapo (6143 m) et le Jirishanca (6126 m) parmi d'autres.
Au-delà de Chiquían (qui compte de nombreux petits hôtels et restaurants), la piste (tès difficile, avec un col à 4500 m) se poursuit vers La Unión et Huánuco, en passant au pied du site incaïque de Huánuco Viejo.

La route descend ensuite la vallée reserrée du Rio Santa. Ce fleuve, long de 120 km, prend sa source en amont de la laguna de Conococha, puis se faufile entre la Cordillère Noire et la Cordillère Blanche pour aller se jeter dans l’Océan Pacifique au nord de Chimbote, après s’être frayé un étroit passage au travers du spectaculaire Cañon del Pato.

La Puya Raimondi et le glacier de Pastoruri
Au km 164 km de la route Pativilca-Huaraz, peu avant Puente Pachacoto, la route à droite qui mène vers Huallanca ( à ne pas confondre avec la bourgade éponyme au bout du cañon del Pato) conduit à la zone de Carpa (17 km). C'est ici que l'on trouve une des plus grandes concentrations de cette plante exceptionnelle, survivante des époques préhistoriques, nommée Puya Raimondi, du nom du voyageur italien Antonio Raimondi qui la décrivit, au 19e s. Apparentée à l'ananas, de la famille des Broméliacées, on l'appelle aussi "Géant de la Puna".
Après une croissance très lente, pouvant durer près d'un siècle, la Puya adulte se présente comme un tronc massif, d'une soixantaine de centimètres de diamètre, surmonté d'une rosette de feuilles acérées, longues de 1,50 m et bardée de crochets aigus comme des aiguilles. La Puya émet alors en 3 mois une hampe florale de 4 à 6 mètres de hauteur.
Si la puya Raimondi est la plante emblématique du Callejón de Huaylas, on en trouve aussi de très belles populations dans la région d’Ayacucho et la Cordillère de Vilcabamba, près de Cuzco.

Pastoruri
Très connu et fréquenté par les touristes péruviens, le glacier de Pastoruri est l'un des plus accessibles depuis Huaraz : on s'y rend en toute saison pour y pratiquer le ski ou le snowboard. (les agences de tourisme de Huaraz proposent toutes cette excursion). Après Carpa, zone où l'on trouve la fameuse Puya Raimondi, la route monte jusqu'à la passe de Huaropasca (4780 m) au pied du Nevado Pastoruri (5240 m) d'où elle continue ensuite vers Huallanca. Avec l'équipement adéquat (anorak, bonnet et bonnes chaussures de marche), on peut atteindre la cime en 1h sans trop de difficulté.
Tous les ans au mois de Juin, des compétitions de ski y sont organisées à l'occasion de la Semaine de l'Andinisme.


La Puya Raimondi

7 km plus loin, à la hauteur de Cátac, un embranchement à droite de la route conduit vers Chavín de Huántar et le Callejón de los Conchucos

Hatun Machay
75 km avant Huaraz, sur la rive gauche du río Santa, à la hauteur du village de Ticapampa (3470 m), se dresse cet insolite bosque de piedras (chaos rocheux) où ont été découverts de nombreux pétroglyphes et de petits sanctuaires rupestres pré-incaïques. Possibilité de visites guidées depuis Huaraz.

Recuay
176 km de Pativilca – 25 km au sud de Huaraz

A 3394 m d'alt. cette petite bourgade située sur la rive droite du rio Santa a conservé intactes ses rues étroites et son ambiance traditionnelle. Elle est surtout connue pour avoir donné son nom à une culture régionale étudiée par WC Bennett en 1938 puis par Larco Hoyle en 1960. La culture de Recuay, dite aussi "Santa", qui se developpa entre 200 et 700 après J.-C., se caractérise, dans sa céramique, par un décor de dessins "négatifs" noir sur fond blanc et rouge, dont une des caractéristiques est le félin très stylisé, représenté de profil et portant sur la tête une crète allongée. Le modèle des figures est extrêment réaliste et vivant et diffère du modèle Mochica, auquel il reste d’ailleurs inférieur. Une forme typique de cette période est le large rebord, presque horizontal, qui forme les lèvres des jarres.
Des statues de guerriers, de dignitaires assis ou de femmes fortement stylisées et assez rudes de facture paraissent se rattacher à la culture de Recuay par les gravures qui les ornent. On leur a assigné une vocation funéraire qui fait parfois parler, à leur sujet, de "momies de pierre". Une très belle collection en est rassemblée au musée archéologique de Huaraz.


Monolithes Recuay du Musée archologique de Huaraz (photos D. Duguay)

Passé Recuay, une petite route mène à droite vers le proche village d’Olleros, point de départ de l'un des treks les plus courus de la région, qui mène à Chavín de Huántar en trois jours de marche

HUARAZ
90 000 hab. - Alt. 3090 m – Lima : 420 km
Capitale du département d'Ancash, au centre de la vallée du rio Santa, la ville - déjà dévastée en 1941 par une alluvion qui avait fait près de 5000 morts - fut presque complètement arrasée par le séisme de 1970. Des ses 30 000 habitants d’alors, seulement la moitié survécurent au milieu d’un champ de ruines. Il ne reste plus rien du couvent de San Antonio, de l'église de la Soledad ni de l’ancienne cathédrale, pourtant  édifiée en granit... Complètement reconstruite dans les années qui suivirent, Huaraz, qui reste le centre le plus peuplé et le plus animé du Callejón de Huaylas s'est convertie en capitale de l'andinisme et en point de départ pour les excursions dans la vallée, les trekkings et les ascensions des différents sommets de la cordillère Blanche. Elle compte nombre d'hôtels de toutes catégories, de restaurants et d'agences de tourisme qui s'arrachent les clients.

La ville ne présente donc pas d’intérêt particulier en elle-même, en dehors de son écrin montagneux de toute beauté et de l’animation qui y règne, en particulier pendant la haute saison. Vaste et lumineuse, la Plaza de Armas prodigue une belle vue sur les plus proches sommets de la Cordillère Blanche (Huandoy et Huascarán) surtout au petit matin ou à la tombée du soir. Sur l’un de ses côtés, une nouvelle cathédrale est en cours de construction, faisant face au Musée archéologique qui fut constitué dans les années 1950 par un religieux, le père Soriano Infante, amoureux d'archéologie locale et ami personnel de Julio C. Tello. Miraculeusement rescapé du désastre de 1970, il conserve dans le jardin une formidable collection de monolithes des cultures Recuay et Wari, caractéristiques du callejón. Les statues, hautes de 0,80 à 1,50 m, représentent des personnages aux mains croisées ou des guerriers, parfois quelques félins. À l’intérieur du musée, on verra des stèles et des grosses têtes humaines en relief (cabezas claves), des exemplaires de céramique de style Recuay et Wari ainsi qu’une maquette du temple de Chavín.


Huaraz : la Plaza de Armas et la calle José Olaya, antérieure au séisme de 1970 (photos D. Duguay)

Située en hauteur à l’est de la ville (un taxi vous y conduira pour S/5), une étroite rue pavée, la calle José Olaya est la seule rescapée du tremblement de terre de 1970. Elle constitue un témoignage émouvant du vieux Huaraz, avec ses façades blanches, ses portes et balcons en  bois de cèdre peints en vert et ses élégantes lanternes.


La catastrophe de 1970
Le 31 Mai 1970, en plein après-midi, un violent séisme, d'une intensité de 7.75 sur l'échelle de Richter, secoua le Nord du Pérou, infligeant de très graves dommages aux villes côtières du département d'Ancash, surtout Casma et Chimbote.
Dans le Callejón de Huaylas, la secousse tellurique détruisit également Huaraz, mais eut une autre conséquence, encore plus cataclysmique : le nevado Huascarán, point culminant de la Cordillère Blanche (6768 m) fut ébranlé, et une partie de son glacier nord se détacha, provoquant une avalanche de 1000 m de hauteur, qui devint, en quelques minutes, une gigantesque alluvion qui se précipita à 240 km à l'heure dans la vallée du rio Santa, en aval de Huaraz. Les millions de mètres cube de pierre, de boue et de glace arrasèrent sur leur passage les localités de Yungay et de Ranrahirca qui furent ensevelies pour toujours, avec leurs habitants.
Et l'alluvion poursuivit sa course dévastatrice jusqu'au défilé du Cañon del Pato, où elle endommagea la centrale hydroélectrique de Huallanca, à 60 km plus au nord !
Le séisme de 1970, le plus violent du 20e s. au Pérou, reste encore dans les mémoires comme un très douloureux souvenir : il coûta près de 70 000 vies humaines et laissa près de 800 000 sans abris. Ses traces sont aujourd'hui encore bien visibles dans la région.


Enfants dans les ruines de Huaraz
(Mai 1970)

A voir aux environs

Monument archéologique de Willkawain
8 km au nord-est de la ville par une route de terre. La visite est commentée par le gardien du site.
Sur une esplanade gazonnée formant un gradin entre les contreforts de la cordillère, se dresse un mausolée funéraire, bien restauré en 2006. Datant de l’époque d'expansion de la culture Wari (vers 900), il est construit sur trois plateformes et entouré d’une épaisse muraille de 90?m de long sur 30?m de large. Les bâtiments sont percés de portes et de fenêtres trapézoïdales. Chaque niveau comprend sept salles recouvertes d’énormes dalles de schiste, reliées entre elles par d’étroits boyaux. Dans ces chambres funéraires étaient jadis déposées les momies dont la conservation était assurée par un ingénieux système de ventilation. D’après la légende, une statue en pierre du dieu Viracocha se dressait au sommet de ce temple-mausolée.
Sur le chemin du retour, on peut s'arrêter aux Thermes de Monterrey, petite station thermale dont les eaux sulfureuses à 49° soignent les rhumatismes et les maladies nerveuses chroniques. L'endroit possède un Hotel équipé d'une piscine d'eau chaude, au milieu d'un parc enchanteur.

Panorama de Punta Callán
60 km AR par la route (asphaltée) de Casma. Un taxi vous y conduira pour S/20 à S/30. On peut aussi monter dans un bus à destination de Casma et descendre en route; puis attendre le bus du retour.
En haut de ce col (alt. 4210 m) par lequel la route directe de Casma franchit la Cordillera Negra, on jouit certainement du plus splendide panorama sur la Cordillère Blanche et la Callejón de Huaylas qui puisse être admiré sans avoir à entreprendre une longue excursion nécessitant des heures de marche. La cordillère y est en effet visible sur presque toute sa longueur. Vers le sud-est, la vue porte également sur les premiers sommets de la cordillère de Huayhuash.


Panorama sur la Cordillère Blanche au col de Punta Callán (4210 m)

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©Daniel DUGUAY
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