Guide du Pérou

Géographie et climats

Pays très contrasté, le Pérou est de par sa situation un pays tropical. Il s'étend entre le 3° Sud (à la frontière de l'Equateur) jusqu'au 18° Sud (à la frontière du Chili) pour une superficie de 1 285 215 km2, soit deux fois et demi la superficie de la France. La présence du courant froid de Humboldt le long de sa côte Pacifique, la masse montagneuse des Andes et l'immense bassin amazonien à l'Est caractérisent son climat et ses paysages. C'est ainsi qu'on y distingue trois grandes régions naturelles : la côte (Costa), la Sierra (formée de trois cordillères parallèles) et la forêt amazonienne (Selva), une frange intermédiaire entre Sierra et Selva (le versant oriental des Andes s'abaissant vers le bassin amazonien) étant dénommé "Montaña" ou encore "Selva Alta".


Deux aspects du littoral péruvien : la côte à Paracas et les îles Ballestas, riches en guano.

La Costa

Entre l’océan Pacifique et les premiers contreforts de la cordillère des Andes, sur plus de 2 600 km de long et sur une largeur allant de 60 à 150 km, s’étire une côte sablonneuse et désertique, parmi les plus arides du monde. Sable gris, étendues minérales et dunes de sable ondulant vers le ciel composent cette longue zone d'aspect lunaire, que viennent couper les petits fleuves côtiers descendus des Andes qui forment comme autant d'oasis miraculeux, providentielles coulées de verdure où l'on retrouve l'essentiel des cultures et des agglomérations. Ces oasis furent domestiqués par les premiers péruviens qui y développèrent les premières grandes cultures formatives, plusieurs milliers d'années avant les Incas. Ce climat désertique de la côte péruvienne s’explique par la présence de l’anticyclone du Pacifique sud. Ce dernier engendre des alizés du sud-est qui, en chassant les eaux chaudes superficielles, provoquent des remontées d’eaux froides depuis les profondeurs. C’est le courant froid de Humboldt, qui doit son nom au grand savant et géographe allemand qui fut le premier à l'étudier. Venu de l’Antarctique, il longe les côtes du Chili et du Pérou. Grâce à sa température moyenne, inférieure d’environ 7 à 8 degrés à celle des eaux tropicales à la même latitude, cette zone riche en plancton est l’une des plus poissonneuses du globe.

Dans la plaine côtière où règne un climat de type subtropical aride, les températures moyennes atteignent 18 °C, températures plutôt fraîches pour la latitude. Ce littoral reçoit moins de 51 mm de précipitations par an, car la plupart des pluies apportées par les alizés arrivant de l’est tombent sur les cordillères.

Pendant l'hiver austral (juin à novembre), la côte connaît sa saison "sèche" aux précipitations inexistantes, en dépit d'une très forte humidité ambiante : à Lima, en hiver, le plafond nuageux est très bas, avec parfois du brouillard (neblina) ou même un fin crachin (garúa) et des températures oscillant entre 10° et 15°. Sur la côte Nord, l'humidité est beaucoup moindre : c'est cette aridité millénaire qui a permis de si bien conserver les momies péruviennes, ensevelies dans les sables.
Pendant l'été austral, le contre-courant équatorial, aussi appelé "El Niño", fait sentir son influence chaude et très humide en repoussant le courant de Humboldt. Dans les deux dernières décennies du 20e s., sa vigueur a parfois gravement destabilisé l'équilibre climatologique de la côte péruvienne, provoquant des pluies diluviennes et des inondations catastrophiques dans le Nord du Pérou (1982-1983, et surtout 1998). On a même parlé du "phénomène du Niño" comme l'un des indices les plus évidents du réchauffement de la planète : il est certain que ses débordements étaient jadis récurrents, mais beaucoup plus espacés. Les archéologues péruviens on découvert les traces laissées par des Niños très anciens, aux conséquences parfois catatrophiques pour les cultures pré-incaiques de la côte nord du Pérou.


Après le passage du Niño de 1998, dans la région de Tumbes (photo El Comercio)

La Sierra
Entre le Pacifique et le bassin Amazonien, se dresse un tronçon de ce que l'on appelle l'
"Epine dorsale" de l'Amérique du Sud. La Cordillère des Andes est le fruit d'un soulèvement récent, résultant de la rencontre entre deux grandes "plaques", l'une océanique (la plaque de Nazca) et l'autre continentale. Le Pérou et particulièrement la côte et la Cordillère occidentale sont des zones sismiques très instables comme l’a encore démontré le terrible séisme du 15 août 2007 qui détruisit la ville côtière de Pisco. Les paysages actuels relèvent, pour la plupart, de phénomènes récents : volcans du Sud, lacs et moraines des dernières glaciations du Quaternaire, épandages fluvio-glaciaires et comblement des grandes cuvettes lacustres (lac Titicaca, lac de Junin).


Le Nevado Huascaran, point culminant des Andes du Pérou (6768 m) - Le col de Ticlio entre Lima et Huancayo.

La cordillère forme la ligne de division des eaux des versants Atlantique et Pacifique; les sommets à plus de 6000 m y sont nombreux. Couvrant près d'un tiers de la superficie du territoire péruvien, les Andes constituent un monumental "échiquier" géographique et climatique que les géographes divisent en trois secteurs, assez différenciés :

Les Andes septentrionales sont relativement étroites et basses et ne comportent pas de nevados (sommets enneigés) ni de volcans, comme les Andes de l'Equateur, plus au Nord. Elles forment un paysage plus vert que celui des Andes centrales et méridionales, notamment dans le bassin de Cajamarca, zone privilégiée d'agriculture et d'élevage. Le long sillon rectiligne, creusé entre la chaîne centrale et la chaîne orientale, est occupé par le rio Marañon qui s'incurve vers l'Est et traverse la partie la plus basse des Andes dans un étroit défilé, le fameux Pongo de Manseriche. Les paysages de cette zone de Selva alta, où prédominent les forêts de nuages, sont déjà amazoniens. Beaucoup plus élevée, la Cordillère Blanche, où culminent le Huascarán (6768 m), le Huandoy (6395 m) et le Chopicalqui (6354 m), fait la transition avec les Andes centrales. Elle est séparée de la Cordillère Noire, qui lui fait face à l'Ouest, par profond sillon creusé par le rio Santa : le Callejón de Huaylas, l'une des plus belles et plus riches vallées du Pérou, malheureusement dévastée en 1970 par un tremblement de terre qui provoqua la dislocation d'une partie du glacier du Huascarán. La Cordillère Blanche se prolonge au Sud par une vertigineuse barrière de pics enneigés : la Cordillère de Huayhuash (point culminant : le Yerupajá, 6634 m), réputée très difficile d'accès.

Les Andes centrales présentent un aspect plus massif. Dans leur partie Nord, de hauts sommets enneigés encadrent des plateaux situés à plus de 4000 m d'altitude : c'est la puna , reservée aux pâturages, et où ne poussent que de grandes touffes d'herbe jaune à graminées : l'ichu . En son centre, ce haut-plateau est occupé par le lac de Junin, d'origine glaciaire. Dans leur partie Sud, on retrouve une physionomie plus classique de deux chaînes parallèles, coupées par une large vallée orientée Nord-Sud : la vallée du rio Mantaro qui traverse le riche bassin agricole de Jauja et de Huancayo. Plus bas, elle se resserre brusquement dans un très profond cañon avant de bifurquer à l'Est pour rejoindre le sillon parallèle du rio Apurimac.


Les gorges de l'Apurimac (Andes centrales) - Paysage du Sud Pérou : le lac Salinas et le volcan Ubinas (5670 m), à l'Est d'Arequipa.

Les Andes méridionales sont encore plus tourmentées et ne présentent plus ces profondes coupures entre les cordillères; leur longueur atteint près de 400 km. On y distingue d'abord une chaîne centrale qui culmine au Nevado Salcantay (6271 m) près de Cuzco pour s'abaisser ensuite vers le bassin amazonien : c'est la fameuse Cordillère de Vilcabamba, où se dresse le Machu Picchu - et où le rio Urubamba se fraye un passage encaissé et rugissant au Pongo de Mainique, et enfin une chaîne orientale granitique dont le plus haut maillon est la Cordillère de Vilcanota, avec le Nevado Ausangate (6384 m). Ces trois chaînes, qui se rejoignent au noeud de Vilcanota, s'écartent ensuite pour laisser place à de vastes plateaux à plus de 4000 m qui rejoignent l'Altiplano bolivien et sont seulement coupés par l'étendue du lac Titicaca (3800 m), vestige d'une grande mer intérieure du Quaternaire. Au sud du grand lac se dresse une chaîne volcanique, avec les superbes cônes très élevés de la région d'Arequipa dont le Coropuna (6425 m) et le Nevado Ampato (6310 m) : les fleuves côtiers, nés sur les cimes, y parfois entaillée de profondes vallées, tel l'extraordinaire Cañon du rio Colca, trois fois plus profond que le Grand Canyon du Colorado, ou celui de Cotahuasi, a peu près parallèle.
D'immenses pâturages occupent ces surfaces où paissent le lama, l'alpaca et la vigogne, tandis que les versants des vallées (dans la région de Cuzco notamment) et les bords du lac Titicaca portent de très nombreuses cultures qui furent aménagées en terrasses au temps des incas et même auparavant : c'est le système des andenes , qui est sans doute la meilleure illustration de l'emprise humaine sur les paysages montagnards depuis l'époque précolombienne.


Après le passage d'un "huaico" à Chosica, en avril 2012 (Photo Diario 16)

Dans les Andes, la température varie de -7° à 21° selon les saisons. Les précipitations sont en général peu abondantes, mais dans certaines régions, comme celle de Cuzco, les précipitations annuelles moyennes atteignent 815 mm et même parfois davantage. Alors, les fleuves débordent, emportent des parties de montagne en de gigantesques éboulements (les redoutables huaicos), détruisant routes et voies ferrées comme en janvier 2010 dans la vallée du rio Urubamba ou en 2012 dans celle du rio Rimac.

La Selva Alta
Cette frange intermédiaire entre les Andes et la plaine amazonienne épouse le revers occidental de la cordillère quasiment sur toute sa longueur. On la nomme aussi « Montaña » ou « Ceja de Selva » (frange de forêt) selon que la physionomie andine ou amazonienne y prédomine. Toute cette zone est régulièrement entrecoupé de vallées profondes et chaudes qu’on appelle les yungas où l’on cultive les fruits tropicaux, le café, le thé, la coca et où l’on pratique depuis peu l’élevage intensif, l'une des principales causes, comme au Brésil, d'un déboisement progressif...


Le rio Urubamba au Pongo (défilé) de Mainique - Le bassin amazonien aux environs d'Iquitos.

L'Amazonie péruvienne
Le Pérou possède la partie Sud-Ouest de l'immense cuvette amazonienne qui occupe plus de la moitié de son territoire (plus de 780 000 km2). Cette vaste zone a été remblayée par des sédiments depuis le Secondaire, plus tard, au Quaternaire, des alluvions y ont été déposées en terrasses par les puissantes rivières nées sur le versant oriental des Andes, constituant le réseau supérieur de l'Amazone : le Marañon, le Huallaga, l'Ucayali qui courrent vers le Nord-Est et le Madre de Dios, qui lui, se dirige vers le Sud-Est : la ligne de crête de faible altitude séparant ces deux bassins est connue sous le nom d'isthme de Fizcarraldo (du nom de l'aventurier rendu célèbre par le film de Werner Herzog).
Au nord de cet isthme, la zone déprimée d’Atalaya, au confluent des Rios Tambo et Urubamba pourrait être l’ancienne mer de Pebas, formée il y a 20 millions d’années et qui serait à l’origine, avant son remblaiement progressif par les alluvions, de l’extraordinaire biodiversité amazonienne. Une expédition scientifique française y a découvert en 2005 quantité de fossiles, dont ceux du Purussaurus, un crocodile géant qui mesurait 15 m de long.

Le climat y est équatorial, avec des chaleurs élevées. Les terres amazoniennes sont soumises à un climat tropical avec des chaleurs élevées (26° de moyenne annuelle) et de fortes pluies toute l’année. La saison la plus humide s’étend de novembre à avril. Les précipitations annuelles peuvent atteindre, dans certaines régions, des valeurs moyennes de 3 810 mm. avec de fortes pluies toute l'année. Les vents d’est dominants qui soufflent à travers la région récoltent de l’humidité, qui est ensuite déposée sur les pentes orientales des Andes (la Selva alta).

C'est le domaine de la forêt dense, avec des arbres très hauts et un sous-bois impénétrable de bambous, de lianes, de fougères et de plantes parasites. Peu de routes la traversent et à la différence du Brésil, le déboisement n'a pas encore profondément atteint son écosystème, surtout dans le bassin du Madre de Dios, protégé notamment par le Parc National du Manú, le plus vaste du pays. Les deux principales localités y sont Iquitos, née au 19e s. à l'époque de la folie du caucho (caoutchouc) et plus en amont Pucallpa, le grand port fluvial des bois précieux.

Pour plus de détails, voir les pages consacrées à l'Amazonie péruvienne

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