Guide du Pérou

Artisanat du Pérou : le pays des merveilles

L'artisanat péruvien est l’un des plus riches et des plus imaginatifs d’Amérique latine. Vous aurez l’embarras du choix et tout ce que vous découvrirez dans les boutiques, les marchés et les foires artisanales vous laissera à la fois pantois d’admiration et furieux de n’avoir droit qu’à une misérable valise de 20 kg : que rapporter ?

Que vous lisiez l’espagnol ou non, vous trouverez aisément dans les libraires de Lima, Cuzco ou Arequipa un ouvrage constamment réédité : Artistas populares del Perú, par Alfonsina Barrionuevo (Ed. SAGSA, Lima). Cet ouvrage fort bien illustré énumère et commente tous les genres artisanaux du pays, classés par région. Il sera une bonne aide à la décision. Une autre bonne idée est d’aller passer quelques moments au Museo de la Cultura Peruana à Lima, près de la place Dos de Mayo, également au petit, mais très intéressant Museo de Arte Popular du jirón de la Unión, ou encore au Museo de la Nación où sont rassemblés de magnifiques exemplaires d’art populaire.

Quelques conseils préliminaires : ne misez pas uniquement sur vos derniers jours à Lima pour faire vos emplettes. Vous risquez de payer plus cher ce que vous avez vu en province. Si vous craquez pour un bel objet, n’hésitez pas à demander un rabais, c’est une pratique courante. Dans les marchés, les boutiques et les foires artisanales, le paiement se fait en liquide. Les grandes bijouteries et les boutiques de luxe acceptent le paiement par CB, mais vous y laisserez une commission.

Argenterie
Le Pérou est le pays de l’argent avant même d’être celui de l’or : les bijouteries de Cuzco, Arequipa ou Ayacucho recèlent des merveilles en bracelets, chaînes et colliers, broches (les tupus incas qui servaient à fixer les châles sur la poitrine), pendentifs et boucles d’oreilles inspirés des modèles anciens ou bien librement adaptés. Assez bon marché, l’argent reste une affaire car il est travaillé pur, alors qu'en Europe on le retrouve souvent allié avec du nickel. Assurez-vous que les objets ou bijoux en argent portent bien un poinçon au chiffe 9,25. du Pérou).
A Lima, les bijouteries du centre historique et de la rue La Paz à Miraflores vendent toujours ces très jolis plats-miroirs à bordure d’argent ciselé sur lequel sont posés deux coqs en bataille, également travaillés en argent. C’était autrefois l’une des pièces d’argenterie domestique principales de la maison : on les offrait en cadeau de mariage. À Ayacucho s’est développé un délicat artisanat du filigrane d’argent, dont le plus réussi est le paon à la queue dressée, faite de minuscules fils d’argent qui paraissent brodés commme de la dentelle. Si vous souhaitez acheter quelques bijoux en or (chaîne, bague, chevalière, collier), assurez-vous de l’existence du poinçon 18K et effectuez vos achatde préférence dans une bijouterie.


Plat-miroir en argent ciselé avec ses coqs affrontés dans la vitrine d'un antiquaire (photo D. Duguay)

Céramique
L'un des grands arts du Pérou. On trouve dans les boutiques d'artisanat ou sur les marchés des reproductions de pièces Mochica ou Nazca - le plus souvent très bien faites - à des prix tout à fait modiques, bien que quelques escrocs tenteront parfois de vous les vendre comme étant des pièces authentiques. Si par chance c'était le cas, il faut savoir que leur sortie du territoire national est interdite et même sévèrement réprimée. Rabattez-vous sur les copies : il y en a de tous les styles : Vicús, Chavín, Chancay, Mochica, Nazca que l’on trouve dans les boutiques de musées ou dans les galeries d’artisanat, fort bien faites. Dans ce cas, gardez soigneusement la facture.

Héritiers de cette lointaine tradition, les artisans potiers contemporains rivalisent de talent et d'ingéniosité : on s'émerveille devant les pots arrondis, peints de scènes aux couleurs vives de la céramique de Chulucanas (Nord du Pérou) moderne, élégante et très décorative. Vous en trouverez de beaux exemplaires à Piura, notamment les marchés artisanaux de Chulucanas et Catacaos, mais aussi dans les boutiques de Miraflores.


Poteries de style Chulucanas - Église naïve en terre cuite (Ayacucho)

On peut préférer la céramique en argile rougeâtre de Quinua, près d'Ayacucho avec ses sujets d'inspiration religieuse traités de façon naïve et très indigène : églises, candélabres, personnages de la crèche ou musiciens : les meilleurs endroits sont le village de Quinua, le marché d’Ayacucho et le quartier d’artisans de Santa Ana dans la même ville. A Lima, où beaucoup de paysans originaires d’Ayacucho ont émigré, vous en trouverez également une grande quantité.

Dans les boutiques de souvenirs de Cuzco et sur les marchés de Pisac et Chinchero, on trouve une abondante céramique faite en série et très largement touristique alliant plats et vases dans le style Kero, décorés de motifs incas, de toutes les tailles et de tous les diamètres possibles. Mieux vaut, en fouinant bien, dégoter une pièce artisanale produite par un potier inspiré ou, avec un peu de chance, une belle copie de vaisselle de l'époque coloniale.

Sur la route de Cuzco à Puno, la bourgade de Pucará est fameuse pour ses petits taureaux en argile rougeâtre, décorés de fleurs et de rubans, censés calmer les esprits et porter bonheur. Cette céramique illustre la vieille tradition du señalacuy, cérémonie du marquage du bétail. Une vaisselle assez rustique, portant des motifs de poissons et de fleurs, est produite sur place et dans tout le sud-Pérou.

Remarquable également, mais plus rustique, est la céramique Shipibo (bassin amazonien) avec ses vases anthropomorphes à base très aplatie et couverte de curieux motifs géométriques aux lignes invariablement noires sur fond blanc. On en verra de très beaux exemplaires dans les boutiques de Miraflores, mais elles vous coûteront trois fois moins cher à Iquitos, Tarapoto ou Pucallpa.

Chapeaux
Vous avez une belle collection à faire au Pérou. Chaque province a son chapeau à larges bords, avec une bien plus grande variété de couvre-chefs chez les dames que chez les messieurs, où prédomine le traditionnel feutre de couleur sombre. Les indiennes de Huancayo ne portent surtout pas le même que celles de Huancavelica, d’Ayacucho ou d’Andahuaylas. Les rubans ne sont pas les mêmes non plus. Quant au traditionnel chapeau melon, il est la marque du monde Aymara, dans la région du lac Titicaca (vous en verrez des piles sur les marchés). Les chapeaux en paille tressée sont plutôt la spécialité du nord : Trujillo, Chiclayo et Piura en fabriquent de fort beaux. C’est aussi l’une des spécialités de Celendín, une bourgade de la régionde Cajamarca. 

Cuir
C’est à Lima, au Mercado Indio de Miraflores ou au Gran Mercado Inka de l’Av. La Marina que vous trouverez tout un choix d’articles en cuir repoussé allant du porte-monnaie au coffre de style colonial, en passant par les broches à cheveux, les plateaux et les sous-verres. Le cuir repoussé intervient aussi dans la décoration de petits meubles : poufs, tabourets, tables-gigogne et même bars à roulettes que l’on vous emballera démontés pour le voyage.

Figurines
On trouve un peu de tout dans cette catégorie, depuis le classique jeu d’échecs en pierre taillée ou en bois représentant les espagnols d’un côté, les Incas de l’autre jusqu'à de vrais chefs d'oeuvre de délicatesse et de réalisme. A Cuzco, marchés et boutiques débordent de crèches peuplées d'une foule d'anges, de personnages et d'animaux, de statuettes de paysans, de vagabonds et de mendiants dans le style "écorché vif" dont le maître incontestable fut le cusquénien Edilberto Mérida. Les artisans de Cuzco ont conservé la tradition du Niño Dios cuzqueño, figurine du petit Jésus assis sur une chaise et l’on y trouve toujours ces fameux sujets religieux à long cou et coiffés d’un grand chapeau (la Vierge, saint Joseph) qui firent le renom d’Hilario Mendivil (son atelier se visite toujours dans le quartier San Blas à Cuzco, ainsi que celui d'Edilberto Merida).


Paysan en terre cuite d'Edilberto Mérida - des Ekeko attendant preneur...

À Ayacucho, des Rois mages et des chérubins sont sculptés dans l’albâtre, que l’on appelle ici la « pierre de Huamanga ». Souvent disposées dans un coffret, ces petites figurines finement travaillées étaient prisées à l’époque coloniale.

La vedette incontestée de la figurine populaire des Andes, au Pérou comme en Bolivie, est le célèbre Ekeko, personnage rondouillard revêtu d’un bonnet et autour duquel sont accrochées les représentations symboliques du bonheur et de la prospérité : billets de banque, voiture, télé, un coeur (l’amour), un sac de confettis (le mariage et la fête), une petite maison (la famille). On l’offre en guise de porte-bonheur. Pour que le charme opère, il ne doit jamais être revendu après son acquisition et surtout, il ne faut pas le casser. De temps à autre, on doit le contenter en lui insufflant dans la bouche une bouffée de cigarette et en lui humectant les lèvres de quelques gouttes de pisco...

Instruments de musique
Les meilleures guitares classiques du Pérou proviennent, dit-on, d’Ayacucho, et surtout d’Arequipa, où les luthiers ont pignon sur rue (près du puente Bolognesi, en contrebas de la place d’Armeset surtout dans la rue Bolivar). Les instruments à vent en argile (flûtes, ocarinas) sont proposés sur les marchés en quantités industrielles, de même que kenas et zampoñas. Le traditionnel charango (instrument à cordes) est une spécialité de Puno et de la région du lac Titicaca : il était jadis réalisé avec une carapace de tatou, jusqu’à ce que l’espèce se trouve en voie de disparition.

Lainages
Là aussi, on a l'embarras du choix! Vous pourrez rapporter du Pérou des ponchos, des couvertures, des pull-overs, des gants, des bas, des bonnets à oreillettes (le fameux chullo) voire même des blousons et des chemises en laine d'alpaga - que l'on aura soin plus tard de laver à la main et à l'eau froide si l'on ne souhaite pas voir son beau pull à la taille XL devenu small en sortant de la machine à laver ! Certains de ces articles sont faits main par les Indiennes sur de vieux métiers à tisser, d'autres sont faits à la machine. Assez souvent, la laine d'alpaga est mélangée à du coton, mais la qualité reste remarquable. Les endroits les plus réputés pour ce genre d'emplettes sont les marchés de Cuzco, Puno et surtout Juliaca dont les étalages débordent et où les Indiennes se disputent le chaland. Il est de bon ton de marchander, mais tout en restant dans des limites décentes et correctes, en n'oubliant pas que l'artisanat et l'industrie du textile font vivre une bonne partie des familles indiennes de l'altiplano plus sûrement que la culture des maigres lopins de terre qui ne suffisent plus guère à les nourrir...

Le marché d’Arequipa est également très intéressant. Les boutiques de luxe de Miraflores vendent des ponchos et des créations originales en « baby alpaca » qui sont de petites merveilles, mais dont il faut payer le prix.

Masques
Comme en Bolivie, on trouvera au Pérou de magnifiques (mais très encombrants) masques de carnaval et de diablada. Si le masque de supay (le diable) avec son museau allongé, ses crocs et ses cornes de verre acéré semble assez difficile à enfourner dans une valise, il reste les effigies de villageois ou d’animaux, en cuir, bois ou carton que l’on trouvera à Cuzco et Puno. Dans le nord du Pérou, Chiclayo s’est récemment fait une spécialité de la reproduction de masques Sicán, imitant ceux que l’on peut voir dans les musées de Lambayeque (avec lamelles d’or et incrustation de turquoises) tandis que Chachapoyas à inspiré de nombreux artisans qui reproduisent en terre cuite les masques funéraires typiques de la région, généralement décorés de tons crème et bruns.


Masques de diablada (Puno, fête de la Candelaria)

Mates burilados
Ce sont des calebasses, soit rondes, soit allongées, décorées en pyrogravure d’une infinité de petites scènes naïves de la vie andine que l’on trouve dans tous les marchés. C’est un des souvenirs classiques que l’on peut rapporter du Pérou. Certaines sont de véritables ouvres d’art. On dit qu’ils sont la première forme d’expression artistique du Pérou précolombien, ce dont témoignent les exemplaires découverts lors des fouilles du site pré-céramique de Las Haldas (côte nord). Les trois principaux centres ou écoles du mate burilado sont Piura, Huancayo et Ayacucho.

Miroirs
Les miroirs de style colonial sont une autre grande spécialité du pays. Rectangulaires avec un cadre de bois sculpté et doré, circulaires avec un cadre doré incrusté de petits morceaux de verre disposés en soleil (miroirs de Cajamarca) ou à large cadre divisé en petits compartiments émaillés où sont représentées des scènes paysannes (typiques d’Ayacucho et de Cuzco), il en existe mille variétés et vous ne saurez lequel choisir. Les prix varient considérablement. Là aussi, privilégiez les marchés et les foires de province.


Un beau miroir de Cajamarca (contemporain)

Nappes et tapisseries
Sur les mêmes marchés, vous trouverez des nappes striées de rayures et de motifs aux couleurs vives (qui font un peu penser à celles que l’on voit au Guatemala), des couvertures en laine et des tapisseries décoratives (laine et coton) aux couleurs éclatantes représentant le plus souvent des paysages de la sierra ou des scènes villageoises. Ce genre de tapisserie était à l'origine une spécialité de San Pedro de Cajas, petit village la cordillère centrale, mais son succès a fait qu'on en trouve aujourd'hui partout.

Or (bijoux)
Si vous souhaitez acheter quelques bijoux en or (chaîne, bague, chevalière,  collier) assurez-vous de l’existence du poinçon 18K et faites-le de préférence dans une bijouterie. Vous pouvez même emmener au Pérou quelques bijoux défraîchis auxquels on redonnera une seconde jeunesse par un bain d’or. Les bijoutiers de la rue Alcanfores à Miraflores s’en sont fait une spécialité.

Peinture
Hormis les reproductions de tableaux religieux de l'école de Cuzco (que l‘on hésitera peut-être à accrocher dans son salon), Cuzco, Lima (le quartier du Mercado Indio à Miraflores) et Arequipa ont des galeries qui débordent d’une peinture à vocation touristique dans le style montmartrois, où le Macchu Picchu et les vieilles rues incas tiennent lieu de Tour Eiffel et de Sacré-Coeur. A Iquitos, ce seront des soleils couchants sur la forêt vierge. C’est une production très conventionnelle, mais on peut parfois dénicher un sujet sortant de l’ordinaire. Que ce soit avec l’artiste ou le boutiquier, le prix est à négocier sans faiblir. Au niveau supérieur, Cuzco et Miraflores ont aussi des galeries d’art contemporain où exposent de jeunes créateurs. Les prix ne sont pas les mêmes. En passant à Cuzco, on aura une idée du fourmillement créatif qui agite la jeune classe péruvienne en faisant le tour de l’étonnant patio de l’Ecole des Beaux-Arts (entrée libre pour les touristes) dans la rue Mantas, à côté de l’église de La Merced.

Retables
On reste souvent émerveillé devant la multiplicité des petits personnages et la richesse de détails que peuvent contenir ces petites boites de bois peint aux deux volets ouverts. La tradition populaire du retable peint provient d’Ayacucho. Ils ne comportaient au début que des sujets religieux et on les dédiait à San Marcos, patron des muletiers. Aujourd’hui, à côté des retables d'inspiration classique débordant d'angelots, on peut voir aussi des scènes paysannes ou villageoises, des marchands, des danseurs, des musiciens... Tous ces petits personnages sont généralement faits de mie de pain durcie, puis peints à la main et vernis. La grande figure du retable populaire et naïf fut fut Joaquin Lopez Antay (1980-1981), natif d'Ayacucho. C'est dans cette ville qu'il faut évidemment acheter son retable (il en existe d’immenses, mais on en trouve de toutes tailles) dans le quartier de Santa Ana, fief de l'artisanat local. Sinon, on en trouve absolument partout ailleurs.

voir aussi : l'Artisanat d'Ayacucho


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