Guide du Pérou

Littérature péruvienne (19e-20e s.)

Après l'Indépendance : la littérature républicaine (19e s.)
Juste après l’indépendance du Pérou (1825), les premiers courants littéraires de la jeune république sont fortement marqués par le romantisme européen mais aussi par le culte des traditions métisses et créoles, légués par le poète Mariano Melgar (1791-1825) qui mourut en héros de la guerre d’Indépendance. Avec ses yaravis (chants poétiques de la Sierra), il est considéré comme l’initiateur d’un romantisme d’inspiration métisse et typiquement péruvienne. Le courant dit costumbrista est la première étape d’un réalisme social qui sera ensuite constamment présent dans la littérature péruvienne jusqu’à aujourd’hui.
Les grands noms de cette littérature qui brasse folklore, coutumes et contes populaires sont Manuel Segura (1805-1871) considéré comme le meilleur auteur dramatique du 19e s. dont les pièces brossent un savoureux tableau de la Lima populaire (El sargento Canuto, Ña Catita) et surtout Ricardo Palma (1833-1919) auteur des Tradiciones Peruanas, monumentale compilation d’anecdotes historiques et de contes populaires, le plus souvent romancées par ses soins, qui couvre l’époque des Incas, de la colonie et de la république. Après la guerre du Pacifique, il avait été chargé de reconstituer la Bibliothèque Nationale du Pérou qui avait été saccagée par l'occupant chilien. Sans grandes ressources, il n'hésita pas à demander des livres, grâce à son prestige littéraire, aux plus grandes personnalités des quatre coins du monde, d'où le surnom qu'on lui donna de "Bibliothécaire mendiant". A ce titre, il est considéré comme l'une des grandes gloires nationales du pays.


Une statue de Ricardo Palma... à Paris (Square de l'Amérique Latine, 17e arrondissement)

Après la guerre du Pacifique, dans les années 1880, le Pérou voit son premier philosophe et polémiste radical en la personne de Manuel González Prada (1844-1918). Issu d’une riche famille aristocratique, il commence par la poésie et le journalisme avant de passer à la politique en fondant en 1891 un petit parti, l'Union Radicale, où il se fait l’apôtre du laïcisme, du socialisme, de l'indigénisme et même du féminisme, thèses qui hérissent la société bourgeoise de Lima. De retour d’un voyage en Europe en 1898, il commence à diffuser les théories de l’anarcho-syndicalisme qu’il a découvert dans les milieux intellectuels et ouvriers de Barcelone. Farouchement anti-colonialiste, il se questionne sur la « péruanité » et s’oppose vivement aux idées conservatrices de l’époque, mâtinées de racisme et d’apitoiement, qui prônent l’infériorité culturelle de l’Indien. Ses œuvres principales, Pajinas Libres (1894) et Horas de Lucha (1908) qui ont été constamment rééditées depuis, le classent comme le grand précurseur du modernisme et de la question sociale au Pérou. Bajo El Oprobio (Sous l'Oprobe), dirigé contre la dictature militaire de 1914-1915, demeure le pamphlet qui caractérise le mieux son style. Même si après lui le socialisme libertaire n’a guère eu de postérité au Pérou, les intellectuels de gauche, surtout dans les années 1960 et 1970, lui ont toujours voué un très grand culte. 

Plus encore que les utopies révolutionnaires de Gonzalez Prada, c’est une femme de lettres à l’esprit libre, assez proche du genre de Flora Tristan, qui allait créer le scandale et révéler le passéisme de la société péruvienne en cette fin de siècle. Clorinda Matto de Turner (1852-1909) publia en 1889 son roman Aves sin nido dont le réalisme social déchaîna l’ire de l’Eglise catholique. Elle fut excommuniée et une foule de dévots incendia sa maison et ses livres à Lima, où elle dirigeait une petite revue littéraire, le Pérou illustré, laquelle fut définitivement censurée. Elle s’exila, voyagea en Europe et mourut à Buenos Aires en 1909. Ce n’est qu’en 1924 que le Congrès péruvien autorisa le rapatriement de ses restes à Lima.

Modernisme et avant-gardes au début du 20e s.
Un certain modernisme en littérature, teinté de culture européenne, avait été initié au Pérou par Manuel Gonzalez Prada, notamment sur les formes poétiques. A partir de 1880, le phénomène fut général en Amérique latine avec les figures emblématiques du poète José Marti à Cuba, de Rubén Darío au Nicaragua, de Leopoldo Lugones en Argentine et d’Horacio Quiroga en Uruguay, parmi d’autres.

Poète de la nature péruvienne, José Santos Chocano (1875-1934) avait coutume de dire « Walt Whitman a pris l’Amérique du Nord, moi j’ai pris celle du Sud ». Si ses recueils aux titres évocateurs : Selva Virgen (1896), Alma de America (1906) sont aujourd’hui d’une grandiloquence assez datée, il fut en son temps adulé et imité. Sa vie fut aussi tumultueuse : emprisonné à vingt ans pour propagande subversive, exilé au Mexique où il fut secrétaire de Pancho Villa, il tua en duel un jeune écrivain pour une question de rivalité littéraire puis finit assassiné dans le tramway de Santiago du Chili par un fou, convaincu qu’il détenait la carte d’un trésor !

José María Eguren (1874-1942) est le premier grand nom de la poésie péruvienne contemporaine. Simbólicas (1911) et La Canción de las figuras (1916) semblent appartenir au symbolisme, mais ses visions oniriques, la puissance de son monde intérieur tournent le dos à un modernisme désormais convenu dont se détache une petite avant-garde littéraire dans les années 1915-1920.


Trois grands poètres péruviens du 20e s. : José Santos Chocano - José Maria Eguren - César Vallejo

César Vallejo
Unanimement considéré le plus grand poète péruvien du 20e s. il naît à Santiago de Chuco (Sierra nord du Pérou) en 1892. Jeune intellectuel de province descendu à Lima, il y rencontre Manuel Gonzales Prada et José María Eguren : sous leur influence, il se met à écrire des poèmes. Los Heraldos negros (1919) et Trilce (1922) sont deux chefs d’œuvre où se livre une âme inquiète, torturée par des doutes déjà existentiels :

Yo nací un día que Dios estuvo enfermo (Je suis né un jour où Dieu était malade)

Il y démontre aussi son inventivité et sa virtuosité de la langue espagnole, qui provoqueront l’admiration des surréalistes. En 1923, il arrive à Paris assez désargenté : devenu correspondant du journal El Comercio, il se lie d’amitié avec Tristan Tzara et Pablo Neruda, adhère en 1934 au Parti Communiste Péruvien fondé par Juan Carlos Mariategui. Toujours avec Neruda, il part en Espagne en pleine guerre civile pour apporter aux Républicains le soutien des écrivains latino-américains. Il meurt à Paris le 15 avril 1938. Avant d’être inhumé au cimetière de Montrouge, son éloge funèbre sera prononcé par Louis Aragon.

Conteurs et nouvellistes
Après Abraham Valdelomar (1888-1919), auteur de contes d’inspiration créole, mais encore teintés d’esthétisme, Enrique López Albújar (1872-1966) fut sans doute le premier écrivain à se plonger dans la classe paysanne des indigènes et des métis. Il inaugura cette manière avec ses Contes Andins (1920). Paru en 1928, son roman Matalache narre avec un réalisme cru les amours d’un esclave et d’une métisse à l’époque de l’Indépendance. Cette oeuvre fait désormais partie des grands classiques nationaux et l’on y voit les débuts de l’indigénisme dans la littérature péruvienne du 20e s. C’est à une veine plus folkloriste que se rattache Ventura García Calderón (1886-1959), né et mort à Paris, dont l’oeuvre sur le Pérou a pour singularité d’avoir été écrite, en grande partie en français. Ses recueils de nouvelles La Vengeance du Condor (1924), Danger de mort (1926) et Le Sang plus vite (1946) teintées de mystère et de fatalité connurent un grand succès et se lisent encore avec plaisir.

L’indigénisme
L’historien et ethnologue Luis E. Valcarcel, par ailleurs auteur d’une monumentale Histoire de l’Ancien Pérou, avait rejoint en 1927 le courant lancé par Enrique Lopez Albujar par un essai composé sous forme de bref récits, consacrés à l’univers mental de l’Indien, Tempestad en los Andes (Tempête sur les Andes) où il se voulait l’apôtre d’une « renaissance » de la culture quechua.

L’indigénisme était lancé : l’Indien en proie à la misère et à l’injustice sociale qui sévissent dans la société andine occupe une place prépondérante dans l’oeuvre d’un des plus grands romanciers péruviens, Ciro Alegria (1909-1967). En 1930, il avait adhéré à l’APRA, mouvement socialiste panaméricain fondé par Haya de La Torre. Expulsé de l’université, puis plusieurs fois emprisonné (et torturé) pour ses activités politiques, il est exilé au Chili en 1934, puis vivra aux Etats-Unis et à Cuba avant de ne revenir au Pérou qu’en 1957. C’est en exil qu’il rédige La Serpiente de Oro (1935) roman qui a pour cadre la haute vallée du Rio Marañon et la vie des  balseros (passeurs) de la région de Bambamarca. En 1939, Los Perros hambrientos (Les chiens affamés) lui vaut une notoriété internationale, confirmée en 1941 par la parution de son chef d’oeuvre, El Mundo es ancho y ajeno (Le monde est vaste et différent) qui raconte les luttes épiques d’une communauté indigène étouffée par les trois pouvoirs : propriétaires fonciers, armée et gouvernement civil. Les textes de Ciro Alegria, interdits au Pérou sous la dictature du général Odria, circulent pourtant sous le manteau. En 1957, son retour sera favorisé par les efforts d’un jeune écrivain, Manuel Scorza, qui réussira à publier à Lima la première édition autorisée de son grand roman.


Ciro Alegria - José Maria Arguedas (peinture de rue)

L’autre grande figure du courant indigéniste est celle, plus tourmentée, de José Maria Arguedas (1911-1969). Natif d’Andahuaylas, dans la cordillère centrale, il fut placé par un père souvent absent chez sa marâtre qui le traitait comme un domestique. Avec son frère, il s’échappa pour aller vivre dans une hacienda où il apprit le quechua avec les Indiens. Finalement récupéré par son père, il alla s’établir avec lui à Abancay avant de s’inscrire à l’université San Marcos de Lima en 1931, pour y suivre des études de lettres. Il publie en 1935, son premier recueil de contes Agua, qui sera suivi de grands romans : Yawar Fiesta (1941), Los ríos profundos (1956), El Sexto (1961), récit de sa réclusion en 1937-38 dans la prison de Lima où il ose la métaphore entre l’enfer carcéral et la violence politique qui domine la société péruvienne d’alors, Todas las sangres (1964) et enfin El zorro de arriba y el zorro de abajo (Le renard d’en haut et le renard d’en bas) publié après sa mort en 1971, qui est un roman comparatif sur les deux sociétés de la côte et des Andes, se mêlant dans un prolétariat en formation : celui du port de Chimbote. Cette oeuvre demeura hélas inachevée. Atteint de graves troubles de la personnalité et désespéré de ne plus pouvoir écrire, José Maria Arguedas se suicida d’une balle dans la tête.
Certains l’ont qualifié de « Dostoievski de la sierra » ; Mario Vargas Llosa quant à lui (complètement éloigné de ce courant), dresse un bilan critique de l’oeuvre d’Arguedas dans son essai L’utopie archaïque : José Maria Arguedas et les fictions de l’indigénisme (traduc. française Gallimard, 1999).

L'un des derniers (mais l’un des plus radicaux) représentants de l’indigénisme aura été Manuel Scorza, né en 1928 et mort tragiquement le 28 novembre 1983 lors du crash à Madrid d’un Boeing de la compagnie Avianca, qui assurait la liaison Paris-Lima. En 1970, il devient mondialement connu pour son premier roman Redoble por Rancas (Roulements de tambours pour Rancas), immédiatement traduit en plusieurs langues, qui inaugure le cycle romanesque de « La guerre silencieuse » dont font également partie Garabombo l’invisible (1972), Le Cavalier insomniaque, Le Chant d’Agapito Roble (1977) et La Tombe de l’éclair (1980), geste héroïque, cruelle et sans espoir où il décrit, dans la lignée de Ciro Alegria et d’Arguedas, la longue lutte d’une communauté andine menée sur plusieurs générations pour faire reconnaître ses droits, sorte d’odyssée paysanne émaillée d’humiliations, d’exils, d’emprisonnements et de massacres.

On peut encore rattacher à ce genre Edgardo Rivera Martinez (né en 1933), surtout auteur de contes et nouvelles mais dont le premier grand roman Pais de Jauja (1993), récit de l' éducation sentimentale et culturelle d'un adolescent dans une petite bourgade des Andes, fut considéré par beaucoup comme l'une des meilleures narrations péruviennes des années 1990.

La génération des années 50
Un peu plus éloignée de cette tradition protestataire, La generación del cincuenta, pour la plupart formée d’écrivains natifs de la capitale trop jeunes pour avoir connu les violentes luttes politiques des années 30, est d’avantage influencée par le cinéma et notamment le néo-réalisme italien. Elle préfère se tourner vers la peinture de la société urbaine de Lima, des milieux étudiants et marginaux à l’époque de la très pesante dictature du général Odria.

Julio Ramón Ribeyro (1929-1994) est l’un des maîtres péruviens de la nouvelle et du roman court, genre florissant dans les années 50 et 60. Ses titres les plus remarquables sont Charognards sans plumes (1955) et Chronique de San Gabriel (1960) où le réalisme se confond parfois avec le fantastique, mais toujours sous le voile distant de l’ironie, qui caractérise ses récits et son abondante oeuvre dramatique. Une compilation des ses contes parut en 1974 sous le titre La Palabra del mundo.


A g. la silhouette hiératique de Sebastian Salazar Bondy - Au centre : Julio Ramon Ribeyro
à dr. couverture originale de No una, sino muchas muertes (Enrique Congrains, 1957).

Enrique Congrains (1932-2009) fut considéré comme l'initiateur d'un genre nouveau dans les années 1950 : le réalisme urbain. De fait, il fut le premier romancier des bidonvilles avec Lima, hora cero (1954) et surtout No una, sino muchas muertes (1957) récit cru et volontairement choquant de la misère morale du lumpen-prolétariat des bas-quartiers de la capitale, tandis que Sebastián Salazar Bondy (1924-1965), également poète, a brossé un portrait dantesque des taudis de Lima dans un essai resté fameux : Lima la horrible (1964).
Une autre figure du réalisme urbain est Oswaldo Reynoso (né en 1931) qui décrivit dans Los Inocentes (1961) le mal de vivre de la jeunesse des années 60. Le thème de la sexualité y était librement évoqué et le roman fit scandale. Quelques années plus tard, il dressa un tableau implacable de la société de Lima dans En Octubre no hay Milagros (1966) qui passe au cribles les espoirs et les aspirations des différentes couches sociales de la capitale lors de la traditionnelle fête religieuse du Seigneur des Miracles.


Alfredo Bryce Echenique, à Paris

Comme Manuel Scorza, Alfredo Bryce Echenique (né en 1939) passa à la postérité  grâce à un premier roman, Un mundo para Julius (1970) qui fut suivi d'un autre très grand livre La vida exagerada de Martín Romaña (1981) complété par El hombre que habla de Octavia Cádiz (1984). Ce fils de banquier élevé dans la haute oligarchie de Lima se livre, au travers de récits en partie autobiographiques, à une critique à la fois acerbe et ironique de la société péruvienne gangrenée par la corruption et déchirée par les inégalités sociales. Sa renommée internationale est aujourd'hui comparable à celle de Vargas Llosa.

Mario Vargas Llosa
Né en 1936 à Arequipa, il passe une partie de son enfance à Cochabamba (Bolivie) puis à Piura dans le nord du Pérou avant d’aller retrouver son père à Lima et d’entrer au collège militaire Leoncio Prado. La carrière militaire n’étant pas faite pour lui, il abandonne le collège pour revenir à Piura où il fit ses premières armes de journaliste. En 1958, une bourse lui permet de voyager à Madrid et l’année suivante, il s’installe à Paris. En 1962, La ciudad y los perros (La ville et les chiens), récit cru et répulsif de son séjour au collège militaire lui fait connaître un début de notoriété confirmé par La Casa Verde (1965) roman sur le petit monde d’une maison close de Piura, qui lui vaut le prix Rómulo Gallegos, l’un des plus importants prix littéraires en langue espagnole. Conversation à la Cathédrale (1969) revient sur les années de plomb de la dictadure d’Odria, leur ambiance d’arrivisme et de corruption, à la faveur d’une discussion dans un bistrot de Lima. Dans Pantaléon et les visiteuses (1973) il règle encore une fois ses comptes avec les mœurs militaires, dépeintes avec humour sous leur côté le plus dépravé. La tante Julia et le scribouillard (1977), unanimement applaudi par la critique lors de sa sortie, est un roman autobiographique, où il donne une version moderne et très personnelle de l’Education sentimentale.

En 1984, il entame une suite péruvienne avec Histoire de Mayta, récit de l’une des premières tentatives de guerrilla avortée à la fin des années 50, dépeinte non sans une certaine sympathie vis à vis de l’idéalisme révolutionnaire et romantique de l’époque. Un des ses meilleurs romans, El Hablador (Celui qui parle), en 1987, est une plongée fascinante dans les mythologies de la forêt amazonienne qui n’est pas sans faire penser au Partage des Eaux d’Alejo Carpentier. Lituma en los Andes (1993) dresse une photographie cruelle des années du Sentier Lumineux et des massacres perpétrés dans les Andes centrales.

Si ses sujets s’éloignent parfois du Pérou, il ne quitte pas le domaine du politique : La fête au bouc (2000), est un très dur tableau des mécanismes d’une dictature : celle de Leonidas Trujillo à Saint-Domingue, dans les années 1950. Même remarque pour le Paradis un peu plus loin (2003) narrant les destins croisés de Flora Tristan et Paul Gauguin.

Le style narratif de Vargas Llosa doit beaucoup aux procédés du roman anglo-saxon : monologue intérieur hérité de Joyce, sauts temporels et flash-backs qui semblent rompre l’unité du récit mais ne font en fait qu’expliciter et conforter l’intrigue. Son époque parisienne, à la fin des années 50, l’a aussi rendu familier des intellectuels français d’alors : Malraux, Sartre et Camus. Des débats vigoureux sur l’existentialisme (qui lui ont fait préférer Camus à Sartre), il a conservé un humanisme critique et un certain rapport d’attirance-répulsion vis à vis de l’engagement politique, matière obsessionnelle et omniprésente dans presque tous ses romans.


Mario Vargas Llosa : un écrivain en campagne (1990)

Le démon de la politique, qu’il avait toujours tenté de conjurer par l’écriture, le rattrapa en 1990, lorsqu’il se lança dans la bataille pour l’élection présidentielle sur un programme de centre-droit, après le mandat chaotique d’Alan Garcia et au pire moment de la guérilla du Sentier Lumineux. Soutenu par toute la classe politique, une grande partie des  classes moyennes (hautes) et désigné comme grandissime favori, il connut l’amertume d’une courte défaite infligée par un illustre inconnu, Alberto Fujimori, fils d’immigré japonais, froid et opiniâtre, qui d’ailleurs appliqua à peu près la même politique, sans états d’âme, avant de verser dans l’autocratie.
De cette expérience malheureuse, il sortit El pez en el agua (Le poisson dans l’eau), récit autobiographique de la campagne électorale mais aussi de son itinéraire personnel. En arrière-fond, il dresse aussi un extraordinaire tableau des vicissitudes politiques du Pérou dans les trente dernières années.
Pendant les années Fujimori, il alla s’exiler volontairement en Espagne, tout en étant régulièrement invité dans les universités d'Europe et d'Amérique du Nord pour y donner des cours et des conférences. Récompensé par une pluie de distinctions littéraires, il a reçu la consécration suprème en octobre 2010 avec l'attribution du prix Nobel de littérature.

à lire aussi : Les itinéraires péruviens de Mario Vargas Llosa


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