Guide du Pérou

Économie

Depuis 2002, le Pérou a connu un cycle d’expansion soutenue, affichant une croissance annuelle moyenne de près de 7% jusqu’en 2010. La hausse des cours des produits miniers et agricoles, liée à la vigueur de la demande étrangère, a été le moteur de cette performance, unique en Amérique latine. En 2010, le produit intérieur brut (PIB) du Pérou s’élevait à 157 millions de dollars, alors qu'il n'était que de 53 millions en 2000 et 80 millions en 2005 : une courbe en ascension vertigineuse. Occupant la première place dans le secteur de la pêche et gros producteur pétrolier dans les années 1970, le Pérou a vu rapidement sa situation se détériorer à la fin des années 1980. La violence de la guérilla, l’inflation galopante, les déficits budgétaires chroniques, la sécheresse et la part de plus en plus importante du trafic illicite de cocaïne dans les recettes nationales ont contribué à pousser le pays au bord de la faillite fiscale.


Marchands ambulants et commerce informel : la face cachée de l'économie péruvienne

En 1990, au lendemain de l’élection à la présidence de la République d’Alberto Fujimori, le nouveau gouvernement impose un sévère programme d’austérité, sous l’égide du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Les résultats de cette politique économique libérale commencent à se faire sentir vers 1995, bien que 12 millions de personnes continuent de vivre sous le seuil de pauvreté. Le taux d’inflation, qui était de 7 500 % en 1990 (pendant la première présidence d'Alan Garcia), redescend à 11,1 % en 1995 ; la même année, le taux de croissance atteint 6,9 % et le chômage frappe officiellement 8,8 % de la population active.

Le Pérou semble aujourd’hui sorti de la terrible crise générale qui l’a frappé dans les années 1980, lors de la guérilla du Sentier Lumineux. Cependant, le coût humain de ce redressement s’est révélé très élevé et le nombre de laissés-pour-compte n’a cessé de croître. Alors que l’économie avait souffert, en 1998, des pluies diluviennes causées par le phénomène climatique El Niño et des retombées de la crise asiatique - la croissance était retombée à 1,5 % contre 7,5 % l’année précédente - elle s'est progressivement redressée au cours des années suivantes à tel point qu'on pourrait parler des "10 glorieuses" pour la décade 200-2010. Grâce à cet envol, les derniers gouvernements ont pu procéder à un allègement de la dette publique, qui ne représente plus aujourd'hui que 23,3% du PIB, chiffre à laisser rêveurs les Européens... Mais la pauvreté endémique qu'a toujours connu ce pays ne recule pas : 34% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté, le sous-emploi touche 40% de la population, le chômage 8% et l'économie informelle représente 70% de l'emploi. Il existe une forte concentration des richesses et d'importantes inégalités.

Agriculture et forêts
En 2008, le secteur primaire occupait 1% de la population active et contribuait à hauteur de 9 % à la formation du PIB. Les cultures agricoles sont réparties entre deux secteurs : les cultures vivrières se concentrent dans les petites exploitations de la sierra et de la montaña; tandis que dans la plaine côtière désertique, mais irriguée au voisinage des rios descendant de la sierra, de grandes fermes coopératives se consacrent à des cultures destinées à l’exportation. Au premier rang des productions agricoles, on trouve le maïs (10 % des terres cultivées), le riz (7 %), la canne à sucre, la pomme de terre, les haricots, les graines de coton, le café, le cacao, les oranges, l'avocat, l’orge et le blé. Le Pérou est devenu le premier producteur mondial d'asperges et de paprika, le deuxième pour es artichauts.

Le Pérou est aussi le plus grand producteur mondial de feuilles de coca, la plante à partir de laquelle la cocaïne est raffinée. Elle est surtout cultivée dans la frange amazonienne des Andes, notamment le bassin du Huallaga central. L’essentiel de la production est expédié aux trafiquants de drogue colombiens. Cependant, le gouvernement péruvien, soutenu par les États-Unis et la DEA (Drug Enfoncment Agency) tente d’encourager les producteurs de coca à se tourner vers des cultures légales, comme le café, le thé ou les fruits tropicaux, non sans succès lorsque les cours de ces produits sont à la hausse...


Port fluvial de Pucallpa, sur le rio Ucayali (photo Documental Peru).

Les forêts, qui recouvrent 53,7 % du territoire et représentent la septième reserve forestière mondiale, sont encore sous-exploitées au strict plan forestier. Les Péruviens exploitent tout de même des bois exotiques (acajou, cèdre, rouvre), le balsa et la gomme de balata, le caoutchouc et toute une variété de plantes médicinales, dont la fameuse cinchonine issue de l'arbre à quina, qui sert à produire de la quinine.

Pêche
L’industrie de la pêche, qui s’est considérablement développée après la Seconde Guerre mondiale, est un secteur prédominant de l’économie péruvienne et une partie très importante des exportations du pays. Dans la décade 1970-1980, le Pérou occupa le premier rang mondial pour la pêche, grâce aux quantités de poisson exceptionnelles apportées par le courant froid de Humboldt. Mais la surexploitation forcenée des ressources et les épisodes climatiques chauds du Niño dans les années 1990 provoquèrent une catastrophe économique : le poisson se raréfia et une immense flottille de pêche, laissée à l’abandon, se mit à rouiller dans le port de Chimbote.


L'embarquement de la farine de poisson dans le port de Chimbote

Aujourd’hui, le secteur a repris de l’activité, mais les quantités pêchées jadis ne sont plus qu’un lointain souvenir. Le Pérou se situait néammoins au 2e rang mondial au début des années 2000, après la Chine et avant l’Inde : les prises annuelles en 2001 atteignaient environ 7 995 500 tonnes. Plus des trois cinquièmes de celles-ci sont constitués d’anchois, utilisés pour fabriquer de la farine et de l'huile de poisson, produits dont le Pérou est le premier producteur mondial. Ce produit à remplacé le guano, qui fit la fortune du Pérou entre 1850 et 1900.

Mines et industries
L’industrie minière a toujours occupé une place très importante dans l’économie du pays. En 2010, 615 millions de $ ont été investis dans cette activité. Le Pérou a pu se positionner comme le premier producteur d'Amérique latine pour ce qui est de l'or (8% de la production mondiale), de l’argent (18%), du zinc (13 %), du plomb (8 %) et de l’étain (12%). Au niveau mondial, il est le premier plus grand producteur d’argent et le 2ème producteur de zinc et de cuivre (8 %) en partie extrait de la mine à ciel ouvert de Cuajone, dans le sud du pays, l'une des plus spectaculaire au monde par ses dimensions et sa profondeur. Le minerai de fer, le molybdène, le tungstène, en constante augmentation, sont également extraits en quantités importantes. L’activité minière est d'ailleurs la plus grande contribution à l’exportation péruvienne. Elle représente 6% du PIB et plus de 60% des exportations. Il est vrai que les ressources péruviennes sont extrêmement riches. Seulement 10% du territoire qui a un potentiel minier a été exploré et uniquement 6% de celui-ci est exploité. Vu le potentiel des gisements, ce secteur représente donc un placement intéressant pour les multinationales étrangères.


Mine à ciel ouvert de Cuajone, près de Moquegua - Centre sidérurgique de La Oroya, entre Lima et Huancayo

Certains projets miniers suscitent cependant d'importantes polémiques, comme dans le cas tout récent de la mise en exploitation du gisement d'or de La Conga, près de Cajamarca dans les Andes du nord du Pérou : ce projet est jugé calamiteux par une bonne partie des populations locales et des défenseurs de l'environnement. Le président Humala lui-même semble avoir tergiversé entre interdiction et autorisation tandis que des manifestations importantes (début 2012) dans le nord du pays semblent avoir marqué l'éveil d'une prise de conscience écologique au sein de l'opinion péruvienne. Plus dramatique encore est la prolifération de l'industrie minière informelle dans le bassin amazonien, et notamment dans la région du Madre de Dios : l'orpaillage incontrôlé est en train de dévaster la partie la plus ancienne et la plus riche en biosphère de l'Amazonie péruvienne.
Le pétrole (57,4 millions de barrils en 2010) et le gaz naturel de la côte nord du pays, dans le secteur de Talara et Tumbes, qui est exploité depuis le début du 20e siècle, a vu sa production s'envoler grâce aux ressources du site de Camisea, situé au coeur de l'Amazonie péruvienne et relié à la côte par un récent oléoduc. Plus au nord, dans les bassins du Marañon et du Huallaga, ainsi qu'à la frontière de l'Equateur, les forages de prospection commencent à attirer les investisseurs, mais au prix de dégâts environnementaux qui risquent d'être considérables...
L’industrie traditionnelle, à petite échelle, produit essentiellement des textiles et des produits artisanaux. Les grands complexes industriels, qui ont fait leur apparition dans les années 1950 le long de la côte, comme à Chimbote et autour du port d'Ilo, sont essentiellement des aciéries, des raffineries de pétrole, des cimenteries, des usines agroalimentaires et de produits chimiques.

Les centrales hydroélectriques couvrent 81 % des besoins en électricité du Pérou.

Commerce extérieur
Le Pérou exporte des produits plus diversifiés que la plupart de ses voisins d’Amérique du Sud : pétrole, cuivre, plomb, zinc, minerai de fer, mais aussi café, thé, quinoa, sucre, farine de poisson ; ses principaux clients sont les États-Unis et l’Union européenne. Les exportations se montaient à 12,4 milliards de dollars en 2004. Le cas des feuilles de coca est épineux : elles représentent un tiers des exportations non officielles du pays, et les autorités se sont engagées à ne pas encourager leur production et leur exportation.

Les importations (10,1 milliards de dollars en 2004) sont essentiellement constituées par des articles électroniques et électriques, des produits alimentaires, des métaux, des produits chimiques et du matériel de transport; les principaux fournisseurs sont les États-Unis, le Japon, les pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud et l’Allemagne.