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Guide du Pérou |
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La route Panaméricaine Nord est la voie vers le Pérou des plantations de canne à sucre, des gigantesques bananeraies, des champs de coton et des rizières... Si le paysage côtier, largement désertique, est assez semblable à celui rencontré tout au long de la Panaméricaine Sud, il présente un plus grand nombre de vallées agricoles et des centres urbains plus nombreux et plus industrialisés. C'est le Pérou écrasé de chaleur, jadis dominé par la tradition créole des grands propriétaires terriens, maîtres redoutés des haciendas qui employaient à bas prix l’ensemble des populations locales. Le système coopératif qui lui a succédé a chassé ces anciens latifunderos qui avaient formé pendant longtemps l’oligarchie dirigeante du Pérou et a largement contribué à démocratiser le secteur agricole.
Des sites archéologiques de première importance - qui sont les plus anciens du Pérou et même du continent américain - s'y égrènent comme un chapelet : Caral (le plus ancien de tous et le plus récemment redécouvert), Paramonga, Cerro Sechin, Chan Chan, El Brujo, etc. On arrive sur les terres de l'ancienne culture Mochica, laquelle donna naissance au royaume Chimú, qui fut égal en puissance à l'empire des Incas. Sur le parcours, la magnifique ville de Trujillo vaut à elle seule le voyage.
Le "serpentin" de Pasamayo, entre Lima et Chancay (photo S. Ramirez)
On quitte Lima par la route Panaméricaine Nord, qui traverse d'abord un long tissu urbain de banlieues populaires plutôt pauvres à l'aspect assez lugubre, surtout la nuit : San Martin de Porras, Independencia, Comas, Puente Piedra... Après 40 km, on laisse à gauche la station balnéaire d'Ancón, autrefois la plus réputée de Lima, mais qui a perdu de son lustre depuis la mode des plages du Sud de la capitale.
La nécropole disparue d’Ancón
Le nom d'Ancón - aujourd'hui moderne station balnéaire à 40 km au Nord de Lima - fut pour l'archéologie péruvienne, dans la première moitié du 20e s. synonyme de nécropole, l'une des plus grandes du Pérou précolombien avec celles de Nazca et Paracas.
En 1870, lors de la construction du chemin de fer Lima-Chancay, des tombes souterraines, en très grand nombre, furent mises à jour. Elles formaient un vaste cimetière occupant le cône central de la baie. Les allemands Reiss et Stubel y entreprirent, à partir de 1874, des fouilles systématiques et publièrent le résultat de leurs recherches Das Totfendel von Ancon in Peru (Berlin, 1880-1887), monumental ouvrage en 3 volumes, illustré d'une centaines de planches en couleurs qui sont des dessins d'une fidélité extraordinaire.
Chronologiquement, les tombes d'Ancón s'étendent sur plusieurs périodes, allant de la culture Maranga-Lima (vers 200) jusqu'à la domination Inca (1500) en passant par les phases Huari, Pachacamac et Chancay, cette dernière étant la plus représentée dans les styles funéraires d'Ancón. Dans toutes ces tombes furent découvertes de grandes quantités d'offrandes funéraires : textiles, céramiques, objets en bois sculpté, colliers en pierres ou en os, outils, etc. Toutes ces richesses furent malheureusement saccagées et éparpillées au début du 20e siècle par l'action des huaqueros (pilleurs de tombes) La proximité de Lima et le développement urbain du balnéaire d'Ancón l'ont fait à peu près complètement disparaître aujourd'hui.
Passé Ancón, si vous faites le trajet en omnibus, vous découvrirez le spectaculaire et effrayant serpentín de Pasamayo : sur près de 25 km, la route Panaméricaine y a été tracée à flanc de montagne, dominant un précipice vertigineux au bas duquel se fracassent les lames. Ce tronçon en corniche fut initialement tracé pour livrer passage à la voie ferrée Lima-Chancay, construite en 1870 et détruite par les Chiliens lors de la Guerre du Pacifique en 1876. Sur la pente abrupte dévalant vers les rochers, on aperçoit de temps à autre la carcasse rouillée d’un omnibus accidenté ou les petites croix dressées à la mémoire des victimes de ce diabolique tronçon, rendu encore plus dangereux par temps de neblina (brouillard).
Chancay
40 000 hab. - Lima 78 km - Trujillo 483 km.
Connu pour sa culture préincaïque riche en céramiques et en tissus, contemporaine de l'époque Chimú (12e-14e s.), Chancay est une petite ville étape reposante sur la route de Trujillo. Dotée d'une jolie plage, on sera surpris d'y découvrir, perché sur un promontoire rocheux, le Castillo de Chancay, curieux château médiéval dans le plus pur style Walt Disney, folie construite en 1924 par la richissime Consuelo Amat y León, descendante directe du vice-roi Amat. Sauvé de la ruine et complètement restauré en 1995, il abrite un musée assez disparate où sont conservés des meubles et des peintures appartenant à l’ancienne propriétaire, des trophées de chasse, ainsi que des céramiques et d’étonnantes momies de la culture Chancay.
Depuis la terrasse du "château", on aura une jolie vue sur la crique et les bateaux de pêche du port de Chancay.
De Chancay, on peut faire un détour de 10 km jusqu'à Huaral, bourgade animée de la basse vallée du rio Chancay, pour visiter l'ancienne Hacienda Huando, l'une des plus importantes de la région avant la réforme agraire de 1968. Bien qu'assez mal entretenus, ses bâtiments donnent une idée de la magnificence passée des grands propriétaires terriens qui la firent construire dans les années 1920. Autour d'une belle esplanade, de vastes corps d'habitation dans le style colonial voisinent avec une jolie petite chapelle blanche qu'on dirait tirée d'un film de Zorro. Des patios intérieurs sont ornés d'azulejos. L'hacienda était spécialisée dans la culture des oranges et du coton : l'ancien entrepôt où il était filé subsiste encore à droite de la chapelle.
Le castillo de Chancay - Cour de l'ancienne hacienda Huando (photos D. Duguay)
Toujours dans le même village de Huando, qui se développa autour de l'hacienda, l'école municipale abrite le petit Museo Arqueológico "Fernando Graña Elizalde" qui conserve bon nombre de poteries de la culture Chancay ainsi que d'étonnantes momies dont la plus fameuse est la momie Rosita, découverte en 1999 dans la zone de Huarangal. Bien plus ancienne que la célèbre Juanita d'Arequipa, elle semble se voiler de la main une partie du visage pour dissimuler une sorte de sourire (un peu édenté aujourd'hui). Elle voisine avec "Pedrito el Marcianito", foetus fossilisé d'environ huit mois, présenté avecl'ensemble des objets et des offrandes qui l'accompagnaient dans sa tombe. L'endroit est émouvant de simplicité et ne doit sa survie qu'au dévouement et à l'acharnement de la directrice de l'école, Elba Padilla Gómez.
Lomas de Lachay
Au km 105 de la Panaméricaine, un embranchement conduit vers cette réserve naturelle de 52 000 ha étendue sur les collines côtières du piémont andin, à l’écosystème aussi particulier que fragile. Son micro-climat particulièrement humide (du à une couverture nuageuse très importante de juin à novembre) y favorise un paysage forestier et verdoyant, rarissime dans les zones côtières du Pérou. Parmi les 75 espèces végétales recensées, on en dénombre plus d’une vingtaine qui serait en voie d’extinction.
Huaura
Lima 142 km
Située à la sortie nord de Huacho, la bourgade est fameuse pour la vieille demeure ornée d’un balcon de bois (sur la Plaza de Armas) d'où le général San Martin proclama l'Indépendance du Pérou en 1821. Un petit musée historique a été aménagé à l’intérieur. En montant à l’étage, on peut accéder au balcon, d’où l’on découvre, dressé au milieu de la place, le Campanario de la Libertad (clocher de la liberté) qui fut le premier à célébrer cet évènement.
Végueta
Lima : 150 km.
A gauche de la route Panaméricaine après la traversée du Río Huaura, une route donne accès à un paisible village d’où l’on accède à une plage magnifique, très prisée des habitants de Lima en fin de semaine. Elle est connue sous le nom de Playa de Tambo de Mora (à ne pas confondre avec la localité éponyme proche d’Ica). Ici même débarqua avec ses troupes le libertador José de San Martín en novembre 1820, initiant la guerre d’indépendance du Pérou.
A l’entrée de la localité, le petit site archéologique de Vichama de Végueta, apparemment contemporain de celui de Caral (voir plus loin), a livré lors de fouilles récentes, une frise de boue séchée en bas-relief d’une antiquité proche de 5000 ans, dont le motif évoque le fameux relief des « Mains croisées » du temple de Kotosh, dans la cordillère centrale, remontant lui aussi à l’époque Formative.
La frise découverte à Vichama (à g.) - Le relief des "Mains croisées" de Kotosh (à dr.) : sans doute les deux plus anciennes sculptures du Pérou à l'époque Formative.
A 175 km au nord de Lima, la route longe un vaste plan d’eau (7 km de long) connue sous le nom d’Albufera de Medio Mundo. Cette lagune entourée de roseaux, qui n’est séparée de la plage que par un étroit cordon sableux, s’est formée il y a une trentaine d’année, alimentée par des infiltrations. On peut s’y adonner au canotage ou à l’observation des oiseaux marins.
Caral : la plus ancienne ville d'Amérique ?
Pour s'y rendre : Au km 187 de la Panaméricaine nord, un carrefour conduit vers Supe (à gauche) et vers le site de Caral (à droite), signalisé par un panneau indiquant : "Zone archéologique de Caral. La ville la plus ancienne d'Amérique". En transport collectif depuis Lima, il faut prendre un bus à destination de Barranca et demander à descendre à la hauteur du marché de Supe, d’où partent des taxis ou des colectivos vers Caral (env. 5 S/.). A partir de la Panaméricaine, une route non revêtue, mais en bon état, mène au petit village de Caral (23 km), puis continue sur 2 km avant de s’achever sur un vaste parking. De là, un pont piétonnier franchit le Río Supe et un chemin conduit aux guérites d’entrée du site (1 km). Ouv. 9h-17h (visite avec guide uniquement). Des circuits guidés d’une journée aller-retour tout-compris sont aussi organisés depuis Lima. |
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Supe
Lima : 187 km
Proche de l'embouchure du Río Supe, cette petite bourgade agricole jouxte un port de pêche, Puerto Supe, d’où une route non asphaltée (3 km) conduit au site de El Áspero, protégé et dégagé depuis 2005 (par les mêmes équipes qui étudient Caral), remontant à la période dite du Précéramique tardif (3000-1800 av. J.-C.). Il est composé de cinq grandes pyramides construites sur le modèle le plus fréquent à cette période : structures quadrangulaires construites sur des plateformes superposées, traversées par un escalier monumental au centre de la façade, lequel donne accès à une place circulaire semi enterrée, disposée au pied même de la pyramide, qui devait servir d’espace public. Les trois principales sont dénommées Huaca Alta, Huaca de los Sacrificios et Huaca de los Idolos, dans laquelle l’archéologue Robert Feldman découvrit en 1985 de petites idoles de forme humaine modelées en argile clair, qui sont conservées au Museo de la Nación à Lima. El Aspero est aujourd’hui considéré comme une annexe « marine » de Caral, auquel il aurait servi de port de pêche.
Pativilca
Lima : 200km
Cette agréable petite ville est l'une de celles, sur la côte Nord, qui a su le mieux préserver son cachet colonial : on y voit une belle église et d'imposantes maisons des 17e et 18s., dont l'une, qui abrita Simon Bolivar, a été transformée en petit musée.
A la sortie Nord, bifurcation à droite avec la route de Huaraz et du Callejón de Huaylas.
Forteresse de Paramonga
Sur le côté droit de la route Panaméricaine Nord, 4 km après Pativilca et à la hauteur d'un embranchement à gauche qui mène à la localité du même nom, se dresse la forteresse de Paramonga, poste avancé de l'empire Chimú, datant de 1000 ans. Cet édifice militaire construit en blocs d'adobes et auquel les Incas assignèrent plus tard une fonction religieuse d'adoratoire au dieu Soleil, est l'un des sites archéologiques les mieux conservés de la côte Nord du Pérou.
A l'intérieur d'une enceinte de 3 à 6 m de hauteur qui comportait un parapet et un chemin de ronde, se trouvent trois énormes terrasses superposées qui épousent les accidents du terrain, mais avec des saillants aux angles dont l'un, formé de deux terrasses étagées, est particulièrement important. Ces trois plateformes étaient reliées entre elles par des rampes.
Des édifices ruinés occupent en partie les terrasses; sur la seconde, large de 10 m, se trouvent des salles où furent mises à jour des peintures murales en damiers rouges et jaunes. Sur la plateforme supérieure, subsistent ce que l'on suppose avoir été les logements des prêtres qui desservaient le temple, sans doute consacré au Soleil à partir de la domination Inca dans la région. Du sommet de cette dernière terrasse, la vue embrasse la fertile plaine côtière de Pativilca, couverte de champs de canne à sucre.
A g. : vue de la forteresse de Paramonga, depuis la route Panaméricaine - A dr. : l'adoratoire du Soleil à Paramonga (photos D. Duguay)
De Pativilca à Casma, la Panaméricaine Nord longe le rivage du Pacifique sur 160km, offrant des vues magnifiques sur les longues et immenses plages solitaires perdues dans un paysage quasi-lunaire de déserts et de croupes rocheuses noirâtres, sans âme qui vive. A mi-distance, le petit port de Huarmey (293 km de Lima), dans son étroite vallée côtière, fait figure de bout du monde…
Las Haldas
345 km de Lima
50 km au nord de Huarmey, une route de terre conduit vers un cerro dominant le rivage où subsistent les vestiges d’un ancien établissement de la période du précéramique, contemporain de Caral et certainement lié à la culture de Sechín. Fouillé en 1957 par Frédéric Engel et Edward Lanning, le site de Las Haldas est composé d’un temple en U formé d’un corps central de plan carré, entouré de deux plateformes et précédé d’une vaste place de 400 m de long sur 200 de large, munie d’un puits central. Construit en pierres jointes au mortier d’argile, le temple principal est malheureusement très dégradé.
15 km avant Casma, une piste de terre, à droite, grimpe en ligne droite vers le site de Chankillo, perché au sommet d’un cerro qui domine la plaine côtière. Son plan concentrique constitué de deux murs de défense parallèles entourant une structure ovale supportant deux édifices de forme également circulaires a longtemps fait croire qu’il s’agissait là d’une forteresse construite à l’époque Moche, vers 400 av. J.-C. La mise en évidence récente de treize tours d’observation alignées - comme une rangée de dents - sur une distance 300 tout au long de la crête rocheuse faisant face au site, révèlent qu’il s’agissait plutôt d’un temple-observatoire d’où les prêtres, depuis les deux tours rondes du bâtiment principal, pouvaient déterminer la date des solstices d’hiver et d’été, régler les dates des semailles et des récoltes et célébrer les cultes liés aux travaux agraires.
Peu avant de parvenir à la petite ville-étape de Casma, en suivant à droite sur 2 km la route qui mène vers Huaraz, on parvient au flanc d'une petite colline rocheuse connue sous le nom de Cerro Sechín, qui domine la rive gauche du petit fleuve côtier portant le même nom. Le fameux archéologue Julio C. Tello y mit à jour, en 1937, les ruines d'un temple datant de la Période Formative (1er millénaire avant J.-C.) qui est l'un des monuments les plus curieux de la côte Nord du Pérou :
Casma
35 000 hab. - Lima 370 km
Première ville importante après Lima, cette grande bourgade commerciale qui fut presque entièrement détruite par le séisme de 1970, ne présente guère de monuments notables, hormis les sites archéologiques des alentours, mais peut convenir à une nuit-étape, vu la quantité d’hôtels et de restaurants qu’on y trouve, en général assez bon marché. Le climat y est sec et ensoleillé quasiment toute l’année : elle s’est d’ailleurs baptisée Ciudad del Sol eternal (ville de l’éternel soleil – rien de moins). La place centrale est animée d’un marché aux fruits et aux poissons haut en couleurs et de nombreux petits restaurants mitonnent une savoureuse spécialité locale : le ceviche de pato, ragoût de canard mijoté avec du piment, de l’ail, des oignons et des oranges amères.
Les grandes compagnies d'autobus qui parcourent la Panaméricaine ne s'arrêtent pas dans le centre de Casma : il faut emprunter des colectivos qui relient en 40 minutes le terminal routier de Chimbote (57 km plus au nord).
Tortugas
A 20 km au nord de Casma, cette crique de pécheurs, nichée au fond d’une baie circulaire, est devenue l’une des stations balnéaires les plus en vogue de la région. Le secteur hôtelier y est d’ailleurs en plein boom. On y trouve de nombreux petits restaurants de poissons et de fruits de mer, très fréquentés en fin de semaine.
Pañamarca
A 31 km de Casma, on atteint la vallée du Rio Nepeña. Juste après l’avoir franchi, une route à dr. mène à l’intérieur des terres (10 km) au site de Pañamarca, grande pyramide à degrés édifiée en blocs d’adobe par la culture Mochica, dont elle fut l’un des sanctuaires les plus méridionaux. Sa forme et son plan évoquent d’ailleurs les pyramides du Soleil et de la Lune, près de Trujillo. En 1958 on y découvrit d'extraordinaires fresques murales réalisées dans les tons ocre et rouge, représentant des cérémonies guerrières et religieuses, source iconographique précieuse pour l'étude de la culture Mochica. Elles furent hélas très endommagées par le séisme de 1970.
La pyramide de Pañamarca et la frise partiellement détruite en 1970.
Chimbote
300 000 hab. - Lima 427 km - Trujillo 125 km.
Grand port de pêche et important centre sidérurgique, Chimbote est une ville moderne sans grand attrait touristique mais qui aura subi un développement étonnant. Petit port de pêche en 1940, elle ne comptait alors que 4000 habitants. On y implanta en 1958 le premier complexe sidérurgique péruvien, alimenté par la centrale hydroélectrique de Huallanca, située au débouché du cañon del Pato, sur le rio Santa. Puis elle devint le premier port de pêche du pays ainsi que le principal centre de production de farine de poisson, utilisé comme fertilisant. Elle était même devenue dans les années 1970 la vitrine économique et industrielle du régime militaire du général Velasco, décennie où le Pérou fut le premier pays du monde pour la pêche. Entretemps, sa population avait explosé (160 000 hab. en 1975) : elle attirait nombre de migrants venus des régions déshéritées de la sierra qui érigèrent en peu de temps les immenses barriadas qui forment l'essentiel de la ville. Ce choc de société entre les gens de la côte et les indiens prolétarisés fait l'objet du roman de José Maria Arguedas El Zorro de arriba y el zorro de abajo (le renard d'en haut et le renard d'en bas) publié en 1971, après le suicide de l'écrivain.
Malheureusement, la surexploitation forcenée des ressources et les épisodes climatiques chauds du Niño dans les années 1990 provoquèrent une catastrophe économique : le poisson se raréfia et une immense flottille de pêche, laissée à l’abandon, se mit à rouiller dans le port de Chimbote. Aujourd’hui, le secteur a repris de l’activité, mais les quantités pêchées jadis ne sont plus qu’un lointain souvenir. Les principales usines de la périphérie de Chimbote se consacrent toujours à la fabrication d’engrais à partir de farine d’anchoveta (une variété d’anchois) d’où l’odeur parfois assez nauséabonde qui plane sur la ville.
L'embarquement de la farine de poisson dans le port de Chimbote
Après la sortie nord de Chimbote, on franchit le rio Santa, le fleuve le plus abondant de la côte péruvienne. C'est dans la basse vallée du rio Santa, sur une ligne de crête dominant la rive droite, qu'ont été localisés les vestiges de la grande muraille du Santa, ligne de défense fortifiée courant sur près de 64 km, ponctuée par endroits de tours de guet, de bastions et de cultures en terrasses. Probablement édifiée par les Mochicas, elle fut plus tard utilisée par les Chimús pour tenter de freiner (en vain) l'avancée des Incas au 15e s.
Salinas de Chao
50 km au Nord de Chimbote.
Du village de Chao, sur la route Panaméricaine, une route conduite vers une vaste plaine côtière, d’où la mer s’est retirée sur près de 20 km (probablement à cause d’un phénomène du Niño très ancien, remontant à 5000 ans), formant d’importantes salines toujours en exploitation. Des fouilles réalisées dans ce secteur de Salinas de Chao ont révélé l’existence d’un complexe urbain très étendu, occupé depuis l’époque précéramique, et ont livré de magnifiques textiles funéraires.
Vallée du Rio Virú
A 80 km au Nord de Chimbote, la Panaméricaine traverse cette fertile vallée côtière, grande productrice de canne à sucre. La vallée du Rio Virú fut le berceau de la culture dite de Gallinazo (de 300 av. J.-C jusqu’à 350 après J.-C.), qui succéda à celle de Chavín et termina absorbée par la culture Mochica. De nombreux vestiges d'agglomérations urbaines y ont été mis à jour, certaines comprenant des structures pyramidales qui ont livré une quantité importante de céramique décorée en négatif, possédant de nombreux traits communs avec celles du type Recuay et Vicús.
Islas Guañape
Lima : 510 km
Accessible à partir du village de Puerto Morin (location de barques à moteur), ces îles rocheuses sont l'une des plus belles réserves naturelles de la côte Nord. On peut y voir des lions de mer et des quantités d'oiseaux marins. L'endroit rappelle beaucoup la réserve de Paracas.
©Daniel DUGUAY
dduguay@club-internet.fr