Guide du Pérou

Les itinéraires péruviens de Mario Vargas Llosa

La prédiction faite par Bernard Pivot, un soir d’octobre 1983 sur le plateau d’Apostrophes, s’est réalisée vingt-sept ans plus tard : son invité d’alors, le romancier péruvien Mario Vargas Llosa, a été sacré prix Nobel de littérature 2010. Le plus francophile des romanciers latino-américains (il avait confessé son admiration pour Victor Hugo, Balzac et Camus) a depuis longtemps pris un malin plaisir à résister aux classifications et à secouer les étiquettes que la critique littéraire voulait lui coller sur le dos. Vaincue, elle doit se résoudre aujourd’hui à le qualifier de « virtuose de la narration », ce qui ne doit pas être pour déplaire à don Mario et suffit, en tout cas, au bonheur de ses lecteurs.

Mario Vargas Llosa a publié jusqu’à présent plusieurs essais littéraires ou politiques et surtout une bonne vingtaine de romans, qui ont pour cadre le Pérou, en tout ou partie, hormis ces trois monuments que sont La Guerre de la fin du monde (le sertao brésilien au 19e s.) La Fête au bouc (Saint-Domingue à l’époque du dictateur Trujillo) et Le Paradis un peu plus loin, qui évoque les destins croisés de la féministe Flora Tristan et du peintre Paul Gauguin, qui n’était autre que son oncle.

Ce sont les romans situés au Pérou dont on parlera ici. Tous ont été traduits en français et sont publiés chez Folio, donc faciles à trouver. Si l’on veut suivre les itinéraires péruviens de Mario Vargas Llosa, on n’oubliera surtout pas de glisser dans sa valise le Guide Vert Pérou qui vient de sortir, ni l’excellente carte routière du pays publiée par la même maison. Une bonne quinzaine d’heures d’avion, et on sera à pied d’oeuvre.

Lima, labyrinthe politique et sentimental
Le vieux centre de Lima, avec ses innombrables églises, ses couvents, ses longues rangées de balcons ornant les façades des anciennes demeures, mais aussi ses pompeux édifices 1900 surchargés de corniches et de stuc, ce centre malheureusement défiguré par d’hideux blocs en béton surgis dans les années 70, est le décor de l’écrivain dans sa jeunesse. On peut se promener librement dans les trois beaux patios de la vieille université San Marcos, la plus ancienne d’Amérique, où il fut étudiant jusqu’en 1958. Dans les années cinquante, San Marcos était au Pérou le principal creuset de l’idéalisme révolutionnaire qui secouait alors l’Amérique latine. Le jeune Vargas, qui avait d’abord fait la rebutante expérience de deux ans passés au collège militaire (La Ville et les chiens, 1963) trouvait là un climat nettement plus intellectuel. Il fut d’abord proche des étudiants communistes, avant de rompre avec eux par rejet de l’esthétique stalinienne. Sa religion était faite.

Tout près de là, en flânant autour de la Plaza San Martin, la rue Bélen recèle un magnifique musée de céramiques pré-incas de la culture Chancay : le Museo Andrès del Castillo. On y trouve aussi quelques librairies d’occasion ainsi qu’un bar à bière assez daté, mais très amusant : le Munich (sic), où des serveurs basanés portent un petit chapeau à plume et des culottes tyroliennes! La bière à la pression est excellente, mais l’on en ressort avec quelques doutes sur la véritable germanité du lieu. Il est à noter que cette rue Bélen abrite vers 1955 le studio de Radio-Centro où l’étudiant Mario - qui rêve de devenir écrivain - fait la connaissance d’un truculent personnage : le bolivien Pedro Camacho, intarissable auteur de feuilletons radiophoniques qu’il interprète à l’antenne au fur et à mesure qu’il les écrit ! En même temps, il tombe amoureux de sa tante Julia, de 14 ans son aînée, avec laquelle il se mariera - pour de vrai - quelques années plus tard, à Paris. C’est un esclandre insensé pour la bonne société de Lima à l’époque. (La tante Julia et le scribouillard, 1977).

Plus loin, près du Puente del Ejercito qui enjambe les flots boueux du rio Rimac, c’est dans le quartier décrépi et poussiéreux de Monserrate que le pigiste Santiago Zavala (c’est-à-dire Vargas Llosa lui-même, à l’époque où il collaborait aux rubriques cinéma de la revue Literatura et du journal El Comercio) retrouve le métis Ambrosio, l’ancien chauffeur de son père. Il l’entraîne au bistrot du coin et au cours d’un long interview, Santiago découvre les secrets inavoués de son géniteur tandis que se dévoilent en arrière-fond les coulisses et les turpitudes de la dictature du général Odria qui gouverna le Pérou d’une poigne de fer entre 1948 et 1956, tout en s’appuyant sur un système corrompu du sommet à la base. Cette pesante confession remplit les 500 pages de Conversation à la Cathédrale (1969), un des pavés-cultes de l’auteur. Ne cherchez pas à retrouver “La Cathédrale” : le bistrot n’existe plus et d’ailleurs, le quartier de Monserrate devient plutôt lugubre lorsque la nuit tombe...

Avant de quitter la capitale, allons faire un tour dans un quartier plus fréquentable, celui de Miraflores, devenu le centre de la movida liménienne. Le long de l’avenue Larco se pressent boutiques de prêt-à-porter, cafés chics et hôtels de luxe. Très fréquentés par les touristes le soir, ses bars et discothèques y attirent les gringos comme des lucioles. Le Miraflores des années cinquante, quartier paisible de villas cossues où s’ébrouait une jeunesse insouciante et frivole, se pare des couleurs nostalgiques et fanées d’un passé heureux, sorte de paradis perdu de l’adolescence dans le premier chapitre de Tours et détours de la Mauvaise fille (2006) roman surréaliste de l’amour fou.

On retrouve les traces de ce Miraflores évanoui – antérieur à sa mutation moderniste des années 60 - dans les rues parallèles à l’artère principale, l’avenue Larco. Certaines villas aux jardins ombrés de ficus et de jacarandas, a demi dissimulées sous des avalanches de jasmins et de bougainvillées, sont devenues des hôtels de charme comme le Patio, la Castellana ou le Señorial, bien plus abordables et accueillants que les grands hôtels cinq étoiles qui poussent tout alentour. Sur l’Ovalo, carrefour central de Miraflores, existe encore la Tiendecita Blanca, café qui exhale tout le charme discret de la bourgeoisie liménienne, où le jeune Mario invitait ses petites amies à l’heure du thé. En descendant l’avenue, on arrive au Parque Salazar aménagé sur une falaise qui domine le Pacifique : la vue y embrasse toute la baie de Lima, depuis les plages de Chorrillos jusqu’à la pointe du Callao. Les jeunes amoureux, au début du roman, vont s’y promener souvent au crépuscule. Et au moment précis où la boule de feu embrase les nuées et disparaît dans l’océan, ils font un vœu. « C’était toujours le même, évidemment » (Tours et détours de la mauvaise fille). 

Chaleurs du Nord
Séparée de Lima par plus de 1000 km du long ruban de la route Panaméricaine, Piura est la première ville fondée par les Espagnols au Pérou, en 1532. Le long désert côtier qui y mène, écrasé de chaleur, est parsemé de fertiles oasis où l’on cultive le coton, la canne à sucre, la banane, le riz. Cette côte nord est jalonnée de ports de pêche, de centres sidérurgiques et de raffineries : c’est le poumon économique du pays, assez éloignée dans sa géographie comme dans sa composition sociale du Pérou des cartes postales, avec Machu Picchu, indiennes et lamas. Elle fut pendant longtemps le domaine des grandes haciendas et des latifunderos, richissimes et influents propriétaires fonciers qui formèrent l’oligarchie péruvienne pendant près de deux siècles, faisant et défaisant les régimes civils ou militaires qui tenaient le Pérou jusqu’en 1968.

Mario Vargas Losa passa une partie de sa petite enfance dans la maison de  son grand-père maternel à Piura, où il situe une partie de l’intrigue de la Maison verte (1965), maison close située de l’autre côté du fleuve qui borde la ville, et où se croise tout un petit monde de notables pervers et corrompus, de négociants malhonnêtes, d’escrocs et de flics. Son propriétaire, Don Anselmo, est un aventurier dont personne ne sait d’où il vient. Il a pour ennemi acharné un curé, le père Garcia, qui rameutant la foule, réussira à faire brûler la Maison verte. Ce n’est que l’un des épisodes de ce curieux roman-puzzle sans unité de lieu, où se télescopent plusieurs destins et personnages répartis dans le nord du Pérou, notamment dans la partie amazonienne.

De nos jours, lorsque l’on franchit le grand pont métallique qui enjambe le rio Piura, le taxi vous montre le quartier marginal de Mangachería, à l’aspect assez misérable, censé avoir abrité la Maison verte. Des rangées de masures en bois se serrent le long d’étroites rues terreuses d’où émergent quelques feuilles de bananiers qui apportent au tableau l’indispensable touche de moiteur tropicale. Anecdote assez inattendue, il tire son nom des Mangaches qui est la traduction espagnole de Malgaches : il est en partie peuplé d’une colonie afro-péruvienne de Noirs originaires de Madagascar qui auraient été amenés ici au 19e s. pour travailler dans les champs de coton.

Au-delà du pont, la route continue vers Catacaos, gros bourg artisanal dont il ne faut pas manquer le marché du dimanche et le spectacle de la foule attablée dans les picanterias : c’est un concentré du Nord-Pérou traditionnel, à la ruralité assez impénétrable, où les notions de progrès et de modernité ne sont pas prêtes d’entamer le sacro-saint repas familial du dimanche, célébré par jamais moins de trente convives sous une chaleur infernale. Si vous passez à l’heure de midi dans la rue en plein soleil, preuve que vous êtes bien un idiot d’étranger, on vous saluera poliment et peut-être même vous invitera-t-on, avec un zeste de pitié, à venir vider quelques verres de chicha.

Les touristes, qui de Piura continuent la route du nord vers Tumbes et ses plages appréciées des surfeurs (Mancorá, Cabo Blanco, Punta Sal) n’ont guère l’idée de s’arrêter, 120 km plus haut, à Talara, le plus grand port pétrolier du nord du Pérou, créé vers 1940. Il occupe un site imposant, au pied d'une grande falaise, mais malheureusement, la vue sur la mer y est largement gâchée par les raffineries et les docks des tankers. La ville, d’une tristesse insurmontable, ressemble à un gros essaim de petites maisons ouvrières accrochées à la colline. Voilà le décor, assez inhospitalier, de Qui a tué Palomino Molero? (1987), une énigme policière où les enquêteurs doivent démêler les fils d’un crime crapuleux perpétré dans les milieux militaires, avec les difficultés qu’on imagine. Un des épisodes a lieu à Amotape, petit village situé au bord du rio Chira, dans une région de collines où prédomine la forêt sèche de type équatorial, l’un des rares endroits du Pérou où pousse le ceibo, un grand arbre aux feuilles pointues, plus courant en Amérique centrale. Le reste de la végétation est constitué d’épineux, adjectif qui caractérise assez bien le paysage naturel et psychologique du roman.

Terreur dans les Andes
Aux alentours de 1980 éclata la guérilla du Sentier Lumineux qui allait ensanglanter le Pérou pendant plus de vingt ans, faisant au total près de 25 000 victimes, la plupart civiles. Déjà célèbre au Pérou pour le succès de ses premiers ouvrages et reconnu pour son indépendance d’esprit, Mario Vargas Llosa fut désigné en 1983 pour présider la commission d’enquête sur le massacre d’Uchuraccay où un groupe de journalistes avait été sauvagement massacré par des comuneros, sorte de milice d’autodéfense, équipée par l’armée pour lutter contre les terroristes. Les villageois avaient confondu les journalistes avec une colonne du Sentier Lumineux, peut-être à l’instigation des militaires, ce qui s’avéra plus tard exact.


Les années de terreur du Sentier Lumineux (photos Museo de la Nacion)

Cette douloureuse expérience lui inspira deux romans, sur le thème de la violence politique dans les Andes centrales : Histoire de Mayta (1984) et Lituma dans les Andes (1993). Le premier est le récit – sous forme d’enquête et de recueils de témoignages - d’une tentative avortée de guérilla menée par un intellectuel d’extrême gauche et un militaire idéaliste à Jauja, en 1958. L’équipée de Mayta se termine par un échec pitoyable et sans lendemain, mais préfigure ce que sera la guérilla du Sentier Lumineux vingt ans plus tard.

Dans le second roman, on retrouve le sergent Lituma (déjà présent dans la Maison Verte et Qui a tué Palomino Molero ?) en poste dans un campement minier de la région d’Ayacucho, au plus fort des évènements. Cette magnifique région ainsi que la ville elle-même, l’une des plus belles  cités coloniales du Pérou, restèrent quasiment coupées du monde pendant près de dix ans. Il était dangereux de s’y rendre par voie terrestre : deux touristes français voyageant en bus dans le département d’Apurimac furent assassinés par un groupe de terroristes en 1990. L’auteur relate ces faits réels, parmi d’autres scènes : le carnage mené à la mitraillette et à la dynamite dans la réserve de vigognes de Pampa Galeras, pour l’unique raison qu’elle appartenait à l’Etat, la prise du village d’Andamarca par des brigadistes, qui après une parodie de procès populaire, font exécuter les notables à coups de pierres et de bâtons. On est loin des utopies idéalistes de l’Histoire de Mayta.

Exactions et représailles se succèdent tandis que l’auteur se penche sur l’univers mental de l’Indien et ses croyances animistes : les esprits de l’eau, des montagnes, du tonnerre ou la peur du pishtaco, version andine du loup-garou... Pour les pauvres paysans de la sierra, pris entre deux feux, le vieux monde magique refait surface, semblant servir de grille d’interprétation aux malheurs du temps présent.

La guérilla s’est peu à peu éteinte après la capture de son chef, Abimael Guzman, en 1990. La route d’Ayacucho est rouverte. La vieille route de la Cordillère centrale, jusqu ‘à Cuzco, en passant par Andahuaylas et Abancay, est sans doute l’un des plus fascinants trajets que l’on puisse faire au Pérou.

La région des Amazones
Une partie, et non la moindre, des romans de Mario Vargas Llosa a pour cadre l’Amazonie péruvienne, région qu’il avait visité entre 1958 et 1962. Certains épisodes de la Maison Verte, déjà, se situent – à dessein - dans des recoins perdus de l’Amazonie, comme Santa Maria de Nieva, petite bourgade du bassin du rio Marañon, créée au 19e s. par des missionnaires : là le sergent Lituma (un personnage récurrent dans plusieurs autres romans) s’y marie avec Bonifacia, une jeune indienne Aguaruna expulsée du couvent. Il la ramènera à Piura, où finalement elle le laissera tomber pour se prostituer, preuve que la nature reprend toujours ses droits.

 Sur la rive gauche de l’Amazone, la grande ville d’Iquitos (à 2h d’avion de Lima, il n’y a pas de route) est une sorte de finis terrae avant l’enfer vert, décor idéal pour Pantaléon et les visiteuses (1973). Un brave et honnête capitaine de l’armée péruvienne se voit donner comme mission d’organiser un service de prostituées, baptisées pour la circonstance « visiteuses » destinées à satisfaire les hommes de troupe, mais également les officiers de la garnison locale. C’est toute une logistique. Pantaléon mène sa mission à bien, mais finit par succomber aux charmes de l’une de ses recrues, surnommée « la brésilienne ». Après diverses péripéties, il est désavoué par ses supérieurs et finit muté dans un poste perdu au bord du lac Titicaca. L’institution militaire s’avère donc aussi hypocrite que le restant de la société. 

Dans L’homme qui parle (1987), l’auteur entrant dans une galerie d’art présentant une exposition de photos à thème ethnographique, croit reconnaître sur l’un des clichés un de ses anciens camarades de classe, surnommé Mascarilla, prenant la parole au milieu d’un groupe d’indiens Machiguengas qui l’écoutent religieusement. Cette tribu du sud de l’Amazonie péruvienne occupe une aire assez vaste, correspondant à peu près au cours inférieur du rio Urubamba et au cours supérieur du Madre de Dios. Non loin de l’impressionnant Pongo (défilé) de Mainique, par lequel le rio Urubamba franchit les derniers maillons de la cordillère des Andes, une chute d'eau, la Caida del Tonkini, est un des lieux sacrés des Machiguengas : elle serait la porte vers l'au-delà. Le roman, savamment agencé en deux partie apparemment sans rapport, est consacré d’une part à la recherche de l’ami en question, tandis qu’en parallèle, le «récitant» (El Hablador, titre original du roman) raconte les mythes cosmogoniques des Machiguengas : la lutte de leur dieu créateur Tasurinchi contre les forces du mal, incarnées par un autre dieu, Kientibakori, et leur fuite incessante à travers la forêt...

Le roman s’achève par un constat de disparition : Mascarilla, l’ami d’enfance, a suivi les Machiguenga vers leurs derniers réduits, on ne le reverra plus. Parabole d’un monde en voie d’extinction, dévoré par un autre monde, infiniment plus frustre et violent, L’Homme qui parle est parmi les romans de Mario Vargas Llosa celui qui se rapproche le plus du « réalisme magique » genre littéraire typiquement sud-américain, illustré entre autres par le cubain Alejo Carpentier, ou encore par Gabriel Garcia Marquez, avec lequel il se fâcha en 1976. On pourrait aussi évoquer Au Coeur des  ténèbres, de Joseph Conrad car le voyage, même aujourd’hui, jusqu’au défilé de Mainique, ressemble assez à une expédition sans retour. Elle peut se faire, néanmoins, à partir de Cuzco. Compter 5 à 6 jours en circuit organisé. Il faut seulement aimer les moustiques.

 
L'ancienne gare de Desamaprados, devenue Maison de la Littérature péruvienne

 Le périple terminé, un dernier conseil : avant de partir de Lima, prenez le temps d’aller visiter la Casa de la Literatura Peruana, récemment aménagée dans l’ancienne gare de Desamparados, à côté du palais présidentiel. Sur huit salles, un beau parcours didactique couvre l’histoire de la littérature péruvienne depuis l’indépendance jusqu’à l’époque contemporaine. Une vaste bibliothèque en accès libre complète l’ensemble. C’est ouvert tous les jours. On peut ainsi faire connaissance avec les autres grands romanciers péruviens : Ciro Alegria, José Maria Arguedas, Juan Ramon Ribeyro, Manuel Scorza, et bien sûr Alfredo Bryce Echenique, qui ont tous été traduits en français.

Largement de quoi préparer de nouveaux itinéraires péruviens...

D. Duguay, décembre 2010. 



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