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Guide du Pérou |
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La Panaméricaine Sud (2/3)
de Nazca à Arequipa
567 km - compter une journée de route.
La ville de Nazca sera le point de départ, après la visite - ou le survol - de ses fameuses lignes, de la longue route qui mène vers Arequipa et le Sud du Pérou.
A la sortie de Nazca, Panaméricaine Sud, traverse un immense désert de sable avant de rejoindre la côte à Punta Lomas, 85 km plus loin. Les vents parfois violents déposent des langues de sable en travers de la route, qui peuvent être très dangereuses, surtout pour les motocyclistes et les voitures légères. Les bus quant eux, s'amusent à foncer dessus pour être les premiers à les franchir, surtout si un bus d'une compagnie rivale arrive en face... Freinages garantis!
La côte rocheuse entre Nazca et Camana (photo D. Duguay)
Punta San Juan
A 40 km au Sud de Nazca, une route à droite traverse la pampa de Marcona et conduit à Punta San Juan (80 km de Nazca) au bord du Pacifique. Cette réserve naturelle de 54 ha constitue, grâce à ses eaux froides et extrêmement poissoneuses, le principal refuge des pingouins de Humboldt et de près de la moitié des lions de mer du littoral péruvien. Elle est aussi l'un des principaux lieux de récolte du guano, après les îles Ballestas.
Plus au nord, une nouvelle Réserve nationale a été créée en 2011 (s'étendant sur plus de 154 000 ha) pour protéger la zone marine de la Bahia de San Fernando, refuge et habitat naturel de plus de 250 espèces d'oiseaux marins et 90 espèces de poissons et de crustacés, sans compter les mamifères marins et les cétacés. Constituée de deux longues pointes rocheuses presques parallèles qui s'avancent dans l'océan, elle est dominée par les contreforts abrupts du Cerro Huasipara (1790 m), le sommet le plus elevé de la côte péruvienne, qui se trouve directement au contact de la fameuse plaque de Nazca. Cet accident géographique, quasiment unique sur le littoral péruvien, fait de cette zone maritime une sorte de corridor biologique puisque l'on y touve également la faune typique de la sierra : renards, guanacos et condors. Bien que reliée par une piste carrossable à la route Panaméricaine, elle demeure pour l'instant très isolée et son accès est contrôlé par les fonctionnaires locaux de la SERNANP, le Service des Aires Naturelles Protégées.
La beauté inviolée de la Bahia San Fernando (photo Andina/Sernanp)
A partir de Punta Lomas (petit port installé dans une anse que signale un phare visible de la route) la côte réserve des paysages accidentés et le plus souvent désertiques sur près de 450 km, et offre des vues plongeantes sur l'immensité du Pacifique : le spectacle des immenses rouleaux qui viennent mourir sur des plages interminables est particulièrement sublime au coucher du soleil.
Une vingtaine de km plus loin, entre Lomas et Yauca, sur une plage, Antonio Raimondi découvrit en 1863 un immense cimetière de baleines fossilisées : c'est le cimetière de baleines de Sacacao : en fait le plus important gisement de fossiles d’Amérique du Sud et également le plus grand cimetière de baleines préhistoriques connu au monde. Dans ces parages furent découverts les restes d’une baleine vieille de près de quatre millions d’années qui fut baptisée du nom de Roque, ainsi que les ossements fossiles d’un requin de quinze m de long, appartenant à la plus ancienne espèce de squale connue : il vivait dans ces eaux il y a près de vingt millions d’années ! Un petit musée de site y a été érigé en 1989 et présente de nombreux vestiges de fossiles de cétacés, vieux de plusieurs milliers d'années.
Puerto Inka
Nazca 160 km
Une dizaine de km avant Chala, entre la route Panaméricaine et la côte, s'étendent les vestiges de ce qui fut sans doute le port... de Cuzco. Les ruines de magasins et de silos voisinent avec un cimetière et les restes d'un temple, dressé sur une colline.
Les traces du chemin inca qui partait d'ici sont nettement visibles. Long de 240 km, jalonné de relais tous les 7 km, il permettait aux fameux "courriers de l'Inca" d'apporter à Cuzco en 24 H les dépêches, ou bien le poisson frais et les fruits de mer réservés à la table du souverain.
A proximité du site archéologique, un complexe hôtelier a été récemment construit au bord de la longue et magnifique plage qui, de crique en crique, se poursuit jusqu'à Chala.
Vestiges de Puerto Inka
A gauche de la route, entre Puerto Inka et Chala, les collines qui annoncent les Andes sont recouvertes d'un manteau de verdure pendant l'hiver austral : ce sont les Lomas de Atiquipa, un écosystème côtier qui prospère grâce à l'humidité marine. Beaucoup plus étendues que les Lomas de Lachay au nord de Lima, celles-ci forment l'une des rares enclaves de verdure le long de cet austère tronçon de la Panaméricaine Sud.
Chala5 km après Chala, une route en terre qui mène vers Incahuasi et Puquio, conduit (160 km plus loin) à l'une des plus importantes étendues d'eau du sud du Pérou, la Laguna de Parinacochas, à 3200 m d'alt., l'un des plus vastes et des plus sauvages lacs naturels du piémont andin, peuplé par des milliers de flamands roses, dans un magnifique paysage dominé par le volcan Sarasara (5506 m), plus haut sommet de la cordillère de Huanzo. Son nom provient d'ailleurs du quechua parihuana (flamand rose) et cocha (lac). Son extrême isolement n'a jusqu'à présent suscité aucune mise en valeur touristique, bien qu'on y trouve également les vestiges du chemin inca menant de Cuzco à la côte et les restes de larges bâtiments incas qui devaient être un autre relais de poste.
Une soixantaine de kms avant Camaná, la route traverse le Rio Ocoña qui coule au milieu d'une belle vallée irriguée. Une centaine de kms en amont, il porte le nom de Rio Cotahuasi et son cañon et l'un des plus profonds au monde. Le spectacle de l'embouchure du Rio Ocoña dans le Pacifique mérite un arrêt : ce fleuve côtier au débit très rapide, se heurte de front à la houle venue du large dans une petite baie où les eaux paraissent constamment en furie.
L'embouchure du Rio Ocoña, vue depuis la route Panaméricaine.
Camaná
12 000 hab. - Nazca : 403 km - Arequipa : 177 km
Cette agréable bourgade est située dans la fertile embouchure du rio du même nom, lequel en amont se nomme rio Majes, et plus haut encore, rio Colca. Ville-étape sur la longue route Lima-Arequipa, Camaná possède une belle plage et un hôtel de Turistas.
Après Camaná, la route se sépare de la côte et entreprend une longue et périlleuse montée vers la cordillère. Au pied de celle-ci, les conducteurs s'arrêtent parfois à la hauteur d'une petite chapelle ardente, au bord de la route, où des cierges allumés en permanence et des centaines de photos de conducteurs d'omnibus et de chauffeurs de camion collées aux murs rappellent le nombre impressionnant de victimes que fit cette route dangereuse.
vers la Vallée des Volcans
A 60 km de Camana, une bifurcation à g. mène vers Chuquibamba. C'est la route de la Vallée des Volcans, traversant la pampa de Majes, belle excursion à faire à partir d'Arequipa, qui permet également d'aller visiter les fameux pétroglyphes de Toro Muerto.
20 km plus loin, après avoir franchi le Rio Majes, un autre embranchement à g. conduit vers Huambo, Cabanaconde et Chivay : c'est la route qui conduit du sud vers l'impressionnant Cañon du Colca. Mais elle est très peu fréquentée, car cette excursion se fait généralement dans l'autre sens, à partir d'Arequipa.
Les lacets se succèdent sans fin jusqu'à un plateau désertique, avoisinant les 2000 m et seulement entaillé par les maigres Rios Siguas et Vitor. La route remonte cette dernière vallée et l'on découvre, au bout du voyage, une immense plaine verdoyante fermée au Nord par une chaîne de volcans aux cimes étincelantes : occupant ce vaste bassin fertile, apparaît une ville aux maisons blanches : Arequipa.
©Daniel DUGUAY
dduguay@club-internet.fr