Guide du Pérou

CUZCO colonial 1/2

A la fin du 16e siècle, après avoir triomphé de la résistance inca, les Espagnols, définitivement installés à Cuzco, rebâtirent la ville en se servant des pierres et le plus souvent souvent même, de la base des murs incaïques, ce qui leur a permis de subsister jusqu'à nos jours. Cette juxtaposition parfaite entre deux cultures et deux styles radicalement différents : la ligne droite et le monolithisme inca, faits pour traverser les épreuves du temps, et les courbes, les arcs, les volutes, le mouvement et l'élévation vers le ciel de la religiosité espagnole, forme un amalgame et un contraste qui s'avèrent de toute beauté.


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Plaza de Armas
L'ancienne Huacaypata, place principale de la capitale des Incas, devint la Plaza de Armas que l'on connaît aujourd'hui, occupant le centre d'un ensemble monumental exceptionnel, l'une des places les plus photographiées d'Amérique du Sud, avec en son milieu, sa jolie fontaine surmontée d'un cygne. Sur l'une des pelouse, a été conservée une borne de pierre, que les incas appellaient ushnu , qui servait de repère aux astronomes pour l'observation des mouvements du Soleil.

Cette place (aujourd'hui de dimensions plus restreintes), où les Espagnols entrèrent le 15 novembre 1534, fut le théâtre de bien des évènements, la plupart tragiques : ici les Espagnols repoussèrent de justesse l'assaut des troupes incas du rebelle Manco Capac (1536), ici furent exécutés Diego de Almagro, ancien associé de Francisco Pizarro (juillet 1538), Gonzalo Pizarro (avril 1548) qui s'était soulevé contre l'envoyé du roi d'Espagne, Tupac Amaru (août 1572) dernier inca légitime, dont les restes furent brûlés et dispersés au vent sur l'ordre du vice-roi Francisco de Toledo, et enfin José Gabriel Condorcanqui, plus connu sous le surnom de Tupac Amaru (18 mai 1781) dont la révote armée en 1780 contre les abus du pouvoir colonial préfigurait déjà les luttes pour l'indépendance.

Cathédrale
Occupant l'emplacement du palais de l'Inca Viracocha (Quishuarcancha), elle dresse son imposante façade sur une esplanade surélevée. Elle fut commencée dès 1559 et achevée en 1658. Conçu par l'architecte Francisco Becerra, son plan de base - un triple vaisseau d'égale hauteur bordé de chapelles latérales - ressemble beaucoup au plan de la cathédrale de Lima, construite par le même Becerra. La façade offre un portail de style baroque à deux étages, construit avec une pierre andine d'un rouge fonçé qui encadre une lourde porte de bois cloutée de bronze (Porte du Pardon). Le dessin du portail fut confié à un autre architecte, Manuel Gutierrez Sencio, qui parvint à donner un peu de légéreté et d'élégance pour atténuer l'allure assez massive du reste de l'édifice. Le bord du toit est souligné par un alignement de clochetons avec, au centre, les statues de saint Pierre et saint Paul encadrant la croix. La tour de gauche abrite la populaire "Maria Angola", lourde cloche de bronze mêlé d'or.
Dans l'ensemble, la cathédrale de Cuzco est austère plutôt que belle, d'une grandeur compassée très admirée des critiques et des historiens d'art religieux qui voient en elle le "temple des conquistadors": indéniable chef d'oeuvre architectural, la cathédrale de Cuzco est aussi le symbole tragique d'une époque où la croix des conquistadors s'éleva pour la première fois au-dessus des temples détruits des anciens dieux incas.

A l'intérieur, parmi les nombreuses richesses que renferme la cathédrale, on reste ébloui devant le retable du maître-autel, en argent massif, qui resplendit de mille feux sous les premiers rayons du soleil à l'ouverture des portes, le matin. A côté, on trouve les magnifiques stalles en bois sculpté par Diego Arias de la Cerda au 17e s., chef d'oeuvre baroque où l'artiste a représenté de curieux personnages, mi-anges mi-sirènes aux seins nus, dont les visages ont des traits indiens.
Parmi les chapelles latérales, toutes richement décorées et fermées par de hautes grilles de bois chantourné et doré, on distingue celle du Señor de los Temblores, qui abrite une statue du Christ offerte à la ville par Charles Quint. Noirci par le temps et la fumée des cierges, ce Christ basané est l’image la plus vénérée de Cuzco. Les fidèles sortent la statue en procession le lundi de Pâques depuis le séisme de 1650, car il est censé protéger la ville des tremblements de terre. Egalement remarquables sont la Capilla de la Plateria (chapelle de l'Argenterie) où l'on conserve une custode (ou ostensoir) en or, enrichie de perles, de diamants, de rubis et d'émeraudes exécutée au 18e s., la Capilla de la Virgen Inmaculada (chapelle de la Vierge immaculée), sainte patronne de la ville, ou encore la Capilla de la Santissima Trinidad (chapelle de la Trinité sainte) remarquable pour un tableau de celui qui fut l'initiateur de la peinture coloniale au Pérou : Bernardo Bitti (la Vierge au Faucon).
Sur les murs du transept et des chapelles latérales, comme dans la sacristie, une profusion de tableaux, la plupart de l'école de Cuzco, dont certaines de l'un de ses plus grands représentants : Basilio Santacruz (martyre de San Idelfonso et miracle de Sans Isidro Labrador) dans les deux bras du transept, Diego Quispe Tito (les Paraboles du Christ) et surtout un grand tableau dû à Marcos Zapata (17e s.) représentant la Cène, où les mets étalés sur la Sainte Table sont typiquement andins : on y reconnaît un cuy (cochon d'inde) et des fruits tropicaux. Dans la sacristie, ornée des portraits des évêques de Cuzco et d’objets précieux du culte, on peut voir au fond une sombre Crucifixion que l’on attribue à Van Dyck, ou du moins à son atelier. Une petite chapelle abrite également le char d’argent utilisé lors de la procession du Corpus Christi, procession imposée par l’Église pour remplacer celle des momies incas qui avait lieu auparavant.


Cathédrale de Cuzco : la fameuse Cène andine de Marcos Zapata

La cathédrale est entourée de deux petites églises, qui font corps avec elle : à droite, l'église El Triunfo, du plus pur style baroque est coiffée d'une large coupole. Occupant très exactement l'ancien emplacement du Suntur Wasi, massive construction inca de forme circulaire où s'étaient retranchés Pizarro et ses hommes pendant le siège de Cuzco par Manco Inca, elle fut construite avant la basilique, en 1536, et fut la première église de la ville. Elle fut reconstruite au 18e s. avec d'élégantes voûtes de pierre et des retables plateresques. La niche centrale du maître-autel conserve la Croix de la Conquête, celle que les conquistadors auraient présentée à Atahualpa lors de la rencontre de Cajamarca. Dans sa crypte, reposent les cendres du chroniqueur Garcilaso de la Vega, ramenées d'Espagne en grande cérémonie, en 1995 lors de la visite du roi Juan Carlos. Dans la sacristie, un émouvant tableau représente Cuzco lors du séisme de 1650.
A gauche, la chapelle de Jesús Maria y José, ou Templo de la Sagrada Familia (temple de la Sainte Famille) remonte à 1735. Il présente une structure simple, à nef unique, dont le style néoclassique contraste avec la débauche de miroirs et d’ornements baroques qui couvrent ses retables latéraux. Le maître-autel de style baroque, en bois de cèdre doré à la feuille et en argent, porte un retable de Jésus, Marie et Joseph. On peut y voir aussi des tableaux d'un autre maître de l'école de Cuzco, Antonio Sinchi Roca, peintre indigène qui était issu de la noblesse Inca.

Église de la Compañia
Sur un autre côté de la place, s'élève la magnifique Compañia de Jesús, établie sur l'enceinte de l'Amarucancha, ancien palais de Huayna Capac. Les Jésuites, qui reconstruisirent leur église après le séisme de 1650, voulurent surpasser la superbe et puissante Cathédrale. Ils y parvinrent au bout de dix-sept ans de travaux, malgré l'hostilité jalouse des autorités civiles et du clergé séculier qui s'en plaignirent même au pape... L'harmonie des lignes de sa façade baroque en font certainement l'un des plus beaux sanctuaires de toute l'Amérique : "La Compañia est supérieure à la Cathédrale quant à la pureté du style et au luxe des détails, car ici le baroque est complet; mais il émane de la Cathédrale une ampleur, une profondeur que la sveltesse et l'arrogance du temple jésuite n'ont pas pu surpasser. La Compañia apparaît comme un superbe contrepoint architectural de la Cathédrale, et comme elle, établit un modèle et une école de formes" (Hector Velarde, Arquitectura peruana).

Cette élévation des lignes se retrouve au fond du choeur, dans le monumental retable sculpté en bois de cèdre par Diego Martinez de Oviedo, qui fut ensuite entièrement recouvert de feuilles d'or. Sa hauteur atteint 21 m pour 12 m de large : il est orné de colonnes salomoniques et porte en son centre une effigie de la Vierge de l'Immaculée Conception. Les murs sont peuplés de tableaux racontant la vie de saint Ignace de Loyola, enchâssés dans de somptueux cadres d'or. On le voit soignant les malades, ou bien triomphant des suppôts hérétiques de la Réforme. Parmi ces oeuvres, figure un des plus fameux tableaux du Pérou colonial : "El Matrimonio de Martin Garcia de Loyola con Clara Beatriz Qoya" (vers 1675) où apparaissent les deux derniers Incas : Sayri Tupac et Tupac Amaru, vêtus en costume natif; derrière eux, apparaît l' "achiwa", sorte de parasol fait de plumes d'oiseaux multicolores qui était réservé uniquement aux souverains.
La sacristie contient d'autres chefs d'oeuvre de l'art colonial : le San Jeronimo, statue sculptée dans le cèdre par l'artiste métis Melchior Huamán et une série de tableaux de Marcos Zapata, la Vie de Marie Madeleine, où les paysages de fond sont typiquement andins.


Deux chefs-d'oeuvre de l'église de la Compañia de Jesus :
"Le mariage de Martin de Loyola et de Clara Beatriz Qoya" (détail) et le San Jéronimo de Melchior Huamán

A droite et accolée à l'église, sélève la jolie façade, élégante et très décorée, de la Chapelle San Ignacio de Loyola, donnant accès au cloître qui abritait l'université fondée par les Jésuites en 1622, laquelle devint plus tard l'Université de Cuzco. Elle sert aujourd'hui de cadre à des expositions temporaires. A gauche de l'église, la petite chapelle du Loreto, à la décoration plus sobre, fut édifiée vers 1655 pour servir d'église aux Indiens.

Garcilaso et les Jésuites
A propos de l'ancien palais inca qui allait être remplacé par l'église de la Compañia, le chroniqueur Garcilaso de La Vega fait - avec une malice un peu fielleuse - le commentaire suivant : "Les oiseaux étranges, les animaux féroces, les serpents grands et petits, les bêtes bonnes ou mauvaises que les chefs de village offraient à l'Inca étaient gardés dans certains endroits qui conservent encore aujourd'hui leurs noms... Lorsque je partis du Cuzco, il restait encore un souvenir du quartier où l'on mettait ces animaux. On l'appelait Amarucancha, c'est-à-dire quartier des amarus, ou très grands serpents, le quartier où se trouve à présent la maison des pères Jésuites."
(Garcilaso de la Vega, Commentaires Royaux , V,10)

Église et cloître de La Merced
En remontant la calle Mantas, à mi-chemin entre la Plaza de Armas et la Plaza San Francisco, la silhouette massive de la Merced, reconstruite elle aussi après le séisme de 1650, se distingue du dehors par son énorme portail latéral surmonté d'une large baie ovale et par sa grande tour carrée, de style baroque, ornéee de colonnes corinthiennes que vient coiffer une coupole octogonale percée de lucarnes. Le conquistador Diego de Almagro était fortement lié aux frères de cet ordre : il impulsa probablement la construction de leur église sur un terrain qu'il demanda et obtint de son associé et rival Francisco Pizarro.

L'église actuelle fut élevée en 1651-1659 par Martín de Torres et Sebastián Martínez, qui gommèrent son ancien style Renaissance au profit d'un ordonnancement de type "retable" , marquant ainsi une transition vers le pur style Baroque cuzquénien. L'intérieur renferme de magnifiques retables parmi lesquels ceux de la Virgen de la Soledad et de San Pedro Nolasco, fondateur de l'ordre de la Merced. On y trouve aussi une effigie du Señor del Tambo de Montero qui, d'après la tradition antisémite de l'époque, était fouetté chaque nuit du vendredi par les (rares) Juifs de Cuzco. Heureusement, la Sainte Inquisiton mit fin à ce sacrilège épouvantable.
Dans la crypte découverte sous le maître-autel (ne se visite pas), reposent les restes des conquistadores Gonzalo Pizarro, Francisco de Carvajal, Diego de Almagro et son fils Almagro le Jeune, tous éxécutés les uns après les autres sur la grande place de Cuzco.

Mais le plus grand intérêt de La Merced réside dans ses bâtiments conventuels où l'on trouve, de l'avis général, le plus magnifique cloître du Pérou : de style Renaissance et baroque, construit en pierres roses, à deux étages de galeries supportées par de lourds piliers flanqués d'élégantes colonnes corinthiennes sculptées. De splentides plafonds artesonados de style mudéjar et une grande profusion de peintures de l'école de Cuzco ornent les galeries et les escaliers d'accès. De cet ensemble émane une combinaison de force et de perfection où le grandiose et la délicatesse se mêlent sans jamais se heurter.


Cuzco : cloître de La Merced (photos D. Duguay).

Casa Inca Garcilaso de la Vega
Après avoir dépassé la municipalidad de Cuzco, on parvient à la jolie Plaza del Regocijo où se dresse la maison de style colonial qu'habita l'auteur des Commentaires Royaux des Incas jusqu'à son départ définitif pour l'Espagne en 1560. Elle est occupée par le Musée Historique Régional de Cuzco qui retrace l’évolution de Cuzco depuis les temps préhistoriques jusqu’à l’époque de la vice-royauté, en passant par les périodes pré-inca et inca, à travers une collection de momies, céramiques précolombiennes, armes de guerre, figurines en bronze, idoles en argent, tissages, etc. Plus intéressantes sont les collections de peintures de l’école de Cuzco présentées dans les galeries à l’étage : série du fils prodigue de Diego Quispe Tito, toiles ténébristes de Juan Espinoza de Los Monteros, style baroque indigéniste de Marcos Zapata et Pedro Nolasco...

En remontant tout droit vers la plaza San Francisco, on trouve à g. la Casa del Marquès de Valleumbroso, titre porté par l'une des plus riches familles de Cuzco, les Jarava y Esquivel. Construite à la fin du 16e s., elle s'ouvre par un portail monumental à double corps surmonté de pilastres. Son grand patio intérieur (entrée libre) exhibe une double galerie d'arches de pierre. Au 18e s., elle était la plus vaste et la plus luxueuse demeure coloniale de Cuzco. Si le marquis de Valleumbroso correspondait, dit-on, avec Voltaire, cela ne l'empêchait nullement de mener grand train. Elle est occupée aujourd'hui par l'Ecole des Beaux-Arts de Cuzco. On aura une idée du bouillonnement culturel et du talent des jeunes artistes de la ville qui exposent ici leurs créations.

Église et couvent de San Francisco
Dominant la place du même nom et voisinant avec l'Université de Cuzco, plus connue sous le nom de Cienciano, l'église des Franciscains (16e-17e s.), d'allure massive et austère avec son clocher unique, renferme dans le choeur de magnifiques stalles en cèdre sculpté, oeuvre de Sebastián Martinez (1631), que jouxte un orgue du 17e s. en parfait état de marche. Un escalier dans la nef permet d'accéder au clocher, d'où l'on jouit d'une très jolie vue sur la ville.
L'attrait majeur de l'endroit est son couvent, qui rassemble une collection de peintures baroques métisses de l'école de Cuzco de toute beauté. Parmi elles, un gigantesque tableau anonyme du 17e s. de 9 m sur 12 représente l'arbre généalogique de saint François d'Assise, ne comprenant pas moins de 683 personnages. Dans le réfectoire, belle Cène de Diego de la Puente (17e s.), d'influence flamande : on y remarque, en bas à gauche de la composition, un petit diablotin à la peau sombre qui fait signe à Judas.

En quittant la place San Francisco, la rue qui monte vers le marché et l'église de San Pedro passe sous une arche dénommé Arco de Santa Clara qui est l'un des rares ou sinon le seul témoin architectural de l'éphémère confédération Péruano-bolivienne (1836-1839) : il aurait été élevé sur l'ordre du maréchal Andrès de Santacruz en 1835 pour célébrer l'union des deux nations voisines. Il est inspiré des arcs de triomphe romains, avec ses trois voûtes séparées par des colonnes et son fronton avec les armes du Pérou sculptées dans la pierre.

Église de Santa Clara
En remontant la rue Santa Clara vers le marché, sur le côté g. après avoir dépassé l'arc du même nom, on rencontre une église peu visitée mais digne d'intérêt : celle de Santa Clara, fondée en 1558. On y accède par un double portail latéral que domine un massif clocher carré dans lequel fut réemployé un grand nombre de pierres provenant d'édifices incas.
L'église de Santa Clara est l'église des miroirs et des reflets. Le magnifique retable du maître-autel est à peu près unique en son genre, car toutes ses niches sont pourvues de miroirs qui reflètent l'or des moulures, des colonnes, des sculptures et la lumière des cierges allumés. Au-dessus de l'autel, s'élève une impressionante coupole ornée de 64 compartiments (artesones) décorées de fleurs rouges rehaussées de filets d'or, se découpant sur un fond blanchâtre évoquant la porcelaine. Les riches retables de la nef sont également recouverts de miroirs, plusieurs centaines au total, qui donnent à cette église une étrange allure de palais des glaces. Cette débauche lumineuse n’avait pas seulement pour fonction, comme on le croit souvent, d’attirer les Indiens curieux à la messe. Dans la vision baroque, les miroirs et l’or visent à refléter la grâce et à irradier les vertus divines. Dans la sacristie, on peut encore voir six grands tableaux de l'école de Cuzco illustrant la vie de Jésus. Le couvent, malheureusement, ne se visite pas.

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