Guide du Pérou |
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Peuples et langues de
l'Amazonie La forêt amazonienne du
Pérou compterait plus d'une soixantaine de tribus et
semi-tribus, dont une vingtaine, groupant environ 60 000
individus, fuieraient les contacts avec les blancs et les
métis au plus profond de la selva. |
Un Indien Huambisa (photo Promperú) |
les racines
Arawak
Les Arawaks formaient, à
l'époque de la découverte de l'Amérique, une des
plus vastes peuplades amérindiennes, occupant toute la zone
Caraïbe et la région de l'Orénoque, jusqu'au sud
de l'actuelle Colombie. Pour l'archéologue Julio C. Tello, il
est fort possible qu'après avoir pénétré
fort avant dans la forêt amazonienne, ils aient fini par
parvenir aux régions Andines. Mais on ignore dans ce cas quel
fut exactement leur apport culturel sur les populations de l'Equateur
et du Nord du Pérou.
La langue arawak est maintenant reconnue par les linguistes comme
l'un des quatre grands groupes de langues sud-américaines
précolombiennes. Il est parlé depuis les Antilles
jusqu'au Sud du Brésil.
Dans ce groupe, citons quelques exemples de dialectes Arawak pris du Nord au Sud : Antillais, Guajiro, Caquetio, Guayape, Arawak propre, Orénoque, Rio Negro de l'Amazone, Gaicuru et Jurua Puru des piémonts andins de l'Amazonie, Piro, Amuesha, Machiguenga, Culina, Chuncho, Campa de la selva alta péruvienne, ce dernier dialecte étant celui parlé par les indiens Asháninkas.
A ce groupe Arawak, il convient d'ajouter les langues dites
"affiliées" :
1) le Jivaro
2) le groupe Uru-Chipaya-Pukina qui est le parler des lacs Titicaca
et Poopo, des Puquinas du Pérou central; on y joint le Chango
des pêcheurs du Chili côtier.
3) Le Caraïbe (Petites-Antilles, Venezuela, Est de la
Colombie)
4) Le Tupi et le Guarani (Guyanes, Est du Brésil, Paraguay et
Uruguay)
5) Tucanan ou Macro-Tucanan : ces langues sont encore parlées
par quelques groupes du Nord-Ouest de l'Amazonie. On y note des
dialectes Chama, Shipibo, Cashibo, Setibo et Bororo.
(Classification extraite de F.-A. ENGEL, Le Monde précolombien
des Andes , Paris 1972)
les
Jivaros
Située à la fois sur les territoires équatorien et péruvien, cette ethnie est certainement la plus connue de toutes les tribus amazoniennes pour ses anciennes pratiques guerrières, qui firent surnommer les Jivaros "Réducteurs de têtes". Réputés très belliqueux pendant les temps de la colonisation jusqu'au 19e s., ils s'appliquent principalement aujourd'hui à la culture de la yuca, du camote (patate douce), du maîs ou de la banane, et se procurent les outils qui leur sont nécessaires en troquant leur production. Ils ont conservé leurs croyances ancestrales et pratiquent encore de nombreux rites, ainsi qu'une médecine traditionelle, liée à la sorcellerie et à leur grande connaissance des plantes selvatiques. La grande famille Jivaro est en fait divisée en plusieurs groupes ethniques qui se faisaient jadis la guerre : les Aguarunas,
les
Ashual et
les
Huambisas.
Les Ashual occupent le côté équatorien, les
Huambisas le bassin du Rio Santiago et les Aguarunas occupent les
rives du rio Marañon, depuis son confluent avec le rio
Uctubamba, jusqu'à celui avec le Morona.
les
Yaguas
Ils occupent la région comprise entre Iquitos et la frontière colombienne, dans un rectangle de 550 km sur 300 km. La population Yagua est estimée à 3000 indiens : en réalité elle doit être plus importante, mais le voisinage d'une ville importante, comme Iquitos, dévoreuse de main d'oeuvre à bon marché, a drainé vers l'assimilation et le métissage une très grande part de cette ethnie. Ils furent d'ailleurs décimés pendant le boom du caoutchouc à la fin du 19e s. Il en existe un petit groupe, près de l'Amazon Lodge, régulièrement "visité" par les touristes, heureux d'y retrouver leurs souvenirs de bandes dessinées : ce sont les Yaguas qui portent ces longs pagnes de fibre végétale et vont avec leur serbacane, parfois longue de deux mètres.
les Shipibos
Le groupe ethnique des Shipibos, qui appartient à la famille linguistique Pano, occupe les rives du rio Ucayali et de ses affluents, en aval de Pucallpa (département de l'Ucayali, dans l'Amazonie Péruvienne ). En amont de cette localité, on considère que l'Ucayali est plutôt le domaine des Conibos; mais en fait, on retrouve des communautés appartenant aux deux groupes ethniques dans l'une comme dans l'autre zone.
Le territoire des Shipibos occupe une aire d'à peu près 15 000 kms2 et se situe à une altitude moyenne de 200 m. La population Shipibo-Conibo atteignait environ 20 000 personnes en 1985. Sa culture est réputée pour sa céramique aux formes évasées et ses textiles ornées de formes géométriques dans les tons crème et brun.
CĂ©ramiques et textiles de style Shipibo (photo D. Duguay)
les Cashibos
"Cousins" des Shipibos, ils occupent l'aire comprise entre les Rios Pachitea et Aguaytia. Les Cashibos furent pour la première fois visités par des missionnaires franciscains, vers le milieu du 18e s. Ils s'avèrent d'excellents agriculteurs et cultivent le maïs, la yuca, le camote. Ils se déplacent le long des rivières dans de longues pirogues taillées dans des troncs et pêchent en utilisant de grands filets, ou sinon l'arc et les flèches.
les
Conibos les
Amueshas La lutte contre les barrages du Madre de Dios les
Machiguengas
Peuple selvatique de l'Amazonie péruvienne, occupant les rives des Rios Pachitea et Ucayali (ce dernier sur son cours supérieur, jusqu'au Rio Urubamba). Les Conibos se considèrent eux-mêmes comme des descendants des incas. Ils s'habillent d'une cushma (tunique) souvent décorée de motifs géométriques et arborent de magnifiques coiffes de plumes. Excellents agriculteurs, ils sillonnent les fleuves sur leurs pirogues pour vendre leurs produits assez loin; on reconnaît en général aux Conibos une certaine aptitude pour pratiquer des transactions commerciales avec les blancs. En comparaison avec d'autres tribus, il semble qu'ils aient été assez facilement assimilés par la culture occidentale; il est vrai que cette assimilation remonterait à la fin du 17e s. Les Pères Franciscains étant arrivés dans la région vers 1685.
Tribu amazonienne peuplant la région des rios Perené, Pozuzo et Pachitea. Les Amueshas cultivent la yuca, la banane, les fruits tropicaux comme la papaye. Ils vivent aussi de la pêche et se regroupent dans de petits villages aux maisons faites de rondins avec des toits de paille. Leur dialecte est assez voisin de celui des indiens Asháninkas; comme eux, ils pratiquent volontiers la magie et la sorcellerie.
Les Amueshas furent catéchisés à partir de 1655
par des missions franciscaines, plusieurs fois interrompues,
jusqu'à la fondation de la bourgade de San Ramon
(1847).
A la mĂŞme Ă©poque, les colonisateurs espagnols entrèrent dans la rĂ©gion, Ă la recherche d'or et de main-d'oeuvre pour leurs encomiendas : la rĂ©sistance fut encore plus acharnĂ©e. Devant ces agressions rĂ©pĂ©tĂ©es, plusieurs grands soulèvements se produisirent dès la fin du 16e s. comme celui dirigĂ© par Ignacio Torote, un indien originaire du village de Cataripanco, soulèvement qui prĂ©cĂ©da celui de Juan Santos Atahualpa en 1742, auquel les indiens Campas prêtèrent main forte. A partir de 1752, les espagnols se retirèrent de la région et les Asháninkas purent vivre en totale indépendance jusqu'à l'époque républicaine et le retour des expéditions civiles et religieuses menées depuis le monastère franciscain de Santa Rosa de Ocopa. L'une des plus notables expéditions de cette époque est celle du père Sala en 1896 à travers les régions des rios Pichis, Pachitea, du cours supérieur de l'Urubamba et de la zone du Gran Pajonal.
Un autre combat livré par les Asháninkas et leurs voisins Carabayas, tout à fait récent celui-ci, les voit s'opposer à la construction des deux gigantesques barrages d'Inambari et Pakitzapango dans la région du Madre de Dios. Les gouvernements du Brésil et du Pérou avaient signé en 2010 un accord pour la construction d’une série de grands barrages en Amazonie péruvienne, dont la raison principale était la demande croissante en énergie du Brésil. Le gouvernement péruvien qui y voyait une opportunité pour l’économie nationale, donna son aval à un consortium d’entreprises rassemblant notamment Electrobrás et Odebrecht, pour la construction de ces barrages, les plus grands du Pérou, dont l'un allait noyer 46 000 ha et l'autre 90 000 ha de forêts.
Une victoire partielle a été obtenue en juin 2012 : le gouvernement du président Ollanta Humala a annulé le contrat provisoire signé avec la compagnie brésilienne Egasur. Il avait d'ailleurs promis avant son élection de respecter le principe du droit des peuples indigènes au consentement libre, préalable et éclairé sur tout projet les concernant ou affectant leur terre. Précisément, la réalisation du barrage d'Inambari aurait affecté la vie d’environ 15 000 habitants riverains, y compris les Indiens Carabaya dont la forêt aurait été totalement inondée. En outre, il aurait bouleversé tout l’écosystème constitué par la zone tampon du Parc national Bahuaja-Sonene, réputé dans le monde pour sa très grande biodiversité et catalogué par la National Geographic Society comme l’un des sites naturels les plus emblématiques de la planète.
Ils occupent une aire assez vaste, embrassant la basse vallée du rio Urubamba jusqu'au rio Alto Madre de Dios. Non loin du fameux Pongo de Mainique, un impressionant défilé par lequel le rio Urubamba franchit la cordillère de Vilcabamba, une chute d'eau, (la Caida del Tonkini), est un des lieux sacrés des Machiguengas : elle serait la porte vers l'au-delà. Les Machiguengas sont aujourd'hui cultivateurs et artisans : le débouché de leurs productions (fruits tropicaux, textiles) est la ville de Quillabamba, reliée par la route à Cuzco.
Le romancier péruvien Mario Vargas Llosa a décrit leurs
anciens rites et croyances dans l'une de ses meilleures fictions "El
Hablador" (L'Homme qui parle).
©Daniel DUGUAY
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