Guide du Pérou

Tarma et la vallée du Chanchamayo

60 000 hab. - 270 km au Nord-Est de Lima – 57 km de La Oroya – alt. 3080 m. Ville de la cordillère centrale, Tarma est la porte vers la Selva Alta et la vallée tropicale de Chanchamayo. En venant de Lima, cet itinéraire part de la ville minière de La Oroya, après le passage du col de Ticlio (4843 m) par la route. Les personnes sujettes au mal d’altitude risquent d’éprouver quelques difficultés au plus haut de l’ascension si elles n’ont observé une petite période d’acclimatation au préalable, car après La Oroya (3730 m) et l’embranchement menant vers Junín et Huánuco, la route remonte encore jusqu' à l'Abra Cochas (4367 m) pour redescendre ensuite jusqu'à Tarma. Le reste du circuit présente des altitudes nettement moindres. Les principales curiosités naturelles de la région sont la grotte de Guagapo, l’une des plus profondes d’Amérique du Sud, mais aussi la spectaculaire descente depuis la cordillère vers les paysages amazoniens de la vallée de Chanchamayo : 2500 m de dénivelé en 75 km !


Tapis de fleurs à Tarma (foto Martín Alvarado)

Tarma
Nichée dans sa vallée de vergers et de bois d’eucalyptus, Tarma est surnommée la « perle des Andes » ou encore la « cité des fleurs » par les habitants de Lima pour lesquels elle fait office de station climatique et de lieu de vacances très apprécié. Fondée vers 1538, elle est la patrie du  général Manuel A. Odria (1897-1974) qui, après avoir conquis le pouvoir par un coup d’état en 1948, gouverna le Pérou avec poigne jusqu’en 1956.
De son agréable Plaza de Armas aux bruissantes fontaines, on aperçoit les cerros rougeâtres qui entourent la ville de toutes parts. La cathédrale Santa Ana est un édifice de style néo-baroque qui fut remodelé dans les années 50 et où reposent les restes du général Odria, l’enfant du pays.
Le Museo de la Cultura (Arequipa 190) présente au rdc des documents et photographies concernant les coutumes, les vêtements, les fêtes religieuses et les danses typiques de la région de Tarma et à l’étage, des pièces archéologiques provenant de fouilles effectuées dans les sites pré-incaiques de la culture locale, dite Tarama, dont l’origine remonte à la préhistoire.
Les processions de la Semaine Sainte ou du Seigneur des Miracles (octobre) parcourant les rues jonchées de somptueux tapis de fleurs, réalisés selon la tradition locale par les riverains du parcours, constituent les grands évènements de l’année. Tarma s’enorgueillit d’avoir réalisé le plus long tapis de fleurs connu au monde lors de la Semaine sainte de l’année 1999 : il mesurait 3,2 km de long ! D'ailleurs, il ne faut pas manquer d'aller visiter le Mercado de flores (marché aux fleurs) dans l'av. Paula de Otero orsqu'il bat son plein, particulièrement à partir d'octobre qui est la période de récolte : il devient alors une véritable cathédrale de parfums et de couleurs.

A voir aux environs
Tarmatambo
6 km au sud de Tarma. Ouv. 8h-17h.
Près du pittoresque village du même nom aux rues toutes en pente, ces intéressants vestiges incaïques sont situés sur un tronçon de l’ancien Qapaq Ñan, ou Chemin de l’Inca qui reliait Cuzco à Cajamarca, en passant par Jauja et Huánucopampa.
Les constructions d’adobe et de pierre sèche qui sont réparties sur une superficie avoisinant les 20 ha, présentent des secteurs administratifs, des places, des quartiers d’habitation, les vestiges d’un acclahuasi ou maison des femmes choisies, des colcas ou dépôts, le tout adossé au flanc d’une colline aux pentes abruptes, entièrement garnies d’un impressionnant empilement de terrasses de cultures, reliées entre elles par un ingénieux système de canaux d’irrigation que les paysans du coin utilisent toujours pour irriguer leurs champs de maïs et d'avoine.
Tarmatambo fut de la fin du 15e s. à 1533 l’un des centres administratifs incas les plus importants de la cordillère centrale : il aurait été la capitale du territoire des indiens Tarma, conquis par Túpac Yupanqui vers 1480. Pendant la conquête espagnole, on dit que Francisco Pizarro y aurait séjourné lors de son avancée vers Cuzco.


Cité inca de Tarmatambo

Sanctuaire du Señor de Muruhuay
10 km de Tarma (8 km jusqu’à Acobamba puis petite route sur 2 km)
Le village de Muruhuay abrite un sanctuaire de style moderne, adossé à une colline et construit autour d’un rocher où est dessinée l’effigie du Christ. D’après la légende, il aurait été gravé ici en 1824 par un officier espagnol gravement blessé après la bataille de Junin et qui s’était réfugié dans les parages de peur d’être exécuté par les patriotes. Peu après, un humble paysan des environs découvrit la sainte image après avoir été guidé vers le rocher par deux cierges allumés dans la nuit. A partir de là, le rocher de Murhuay devint un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés de cette région de la Sierra centrale du Pérou.
L’intérieur du sanctuaire est joliment décoré de tableaux religieux réalisés par des artisans de San Pedro de Cajas. Le pèlerinage annuel, qui existe depuis 1835, occupe tout le moi de mai et attire un nombreux public venu de Lima et de toute la cordillère centrale. Il donne lieu à d’importantes festivités : processions, danses, orchestres, feux d’artifices. Les indiennes y vendent de la chicha et font rôtir le cuy (cochon d'inde). 

Grotte de Guagapo
35 km de Tarma via Acobamba, par la route de Palcamayo  et San Pedro de Cajas. Accès par une piste (4 km) à partir de Palcamayo. Visites organisés depuis Tarma (compter 1 journée).
Cette grotte, l’une des plus spectaculaires curiosités naturelles de la région, qui présente une imposante ouverture de près de 30 m de haut creusée dans une falaise karstique, passe pour l’une des plus profondes d’Amérique du Sud. Après 1500 m de profondeur, elle s’enfonce sous l’eau. Plusieurs expéditions spéléologiques ont tenté de déterminer sa profondeur exacte, sans y parvenir; la dernière en date ayant établi un relevé à près de 2750 m de profondeur.
Son nom provient de deux vocables quechua « huaga » (larmes) et apo » (grand, puissant), que l’on pourrait traduire par « les larmes du puissant », faisant ainsi allusion aux grandes stalactites accrochés à ses voûtes. Sur les parois proches de l’entrée, on a découvert des peintures rupestres représentant des lamas, des serpents et des scènes de chasse. Seuls les 300 premiers mètres de la grotte sont accessibles au grand public, sans équipement particulier.

San Pedro de Cajas
50 km de Tarma via Acobamba et Palcamayo

Perché à plus de 4000 m d’altitude sur les hauteurs de la pampa de Junin, ce village est célèbre dans tout le Pérou pour son artisanat de la tapisserie et la qualité de ses tisserands. C’est d’ici qu’est venu la mode des grandes tapisseries décoratives en laine d’alpaga teinte de couleurs vives, représentant des paysages de la sierra et des fêtes villageoises. Les artisans vous vendront leurs productions à des prix bien plus intéressants que dans les magasins touristiques, mais il faudra faire l’aller-retour depuis Tarma dans la journée, car on n’y trouve guère d’hébergement.

La vallée du Chanchamayo, de Tarma à La Merced
La route de Tarma à San Ramón est l'une des plus spectaculaire des Andes centrale : son dénivelé atteint 2800 m sur 77 km de trajet! La dégringolade vers la région amazonienne est l'occasion d'une magnifique leçon de géographie : après la sortie de Tarma, les hauteurs peuplées de rares bosquets d'eucalyptus font progressivement place à une végétation de plus en plus luxuriante et la route traverse d'agréables petits villages où les jardins débordent de fleurs : Vilcabamba et Palca, avec sa place plantée de grands palmiers.
Après Palca, la route s'engage dans l'étoite vallée du rio Palpa, tumultueux affluent du rio Chanchamayo. Le parcours devient difficile et trés sinueux, tutoyant des corniches escarpées taillées dans le roc. Dans le secteur de la Carpapata Pass, redoutée à la saison des pluies pour ses glissements de terrain, la route prend les allures d'une véritable montagne russe, dominant sur la gauche un abîme à pic, de plus de cent mètres de profondeur, et doit se frayer d'étroits passages dans des tunnels jadis creusés à la pioche. Les hautes parois rocheuses se couvrent d'épiphytes, annonciatrices de la forêt tropicale...

Au pied de la descente, la vallée s’élargit et la route traverse de vastes plantations d’orangers et de caféiers. Franchissant le rio Chanchamayo, le pont suspendu de Kimiri, construit en 1905 par les premiers colons de la région, marque l’entrée à San Ramón.

La route de San Ramón

San Ramón
Alt. 770 m – 7500 hab. – La Merced 13km
Située au confluent des rios Oxabamba et Tulumayo qui forment le rio Chanchamayo (qui prendra plus loin le nom de Peréné), cette petite ville fut fondée au 18e s. par les Espagnols pour « tenir » la région lors de la rébellion de Juan Santos Atahualpa. Surnommée la « Porte d’or de l’Amazonie », il y règne toute l’année un climat  agréable avoisinant les 20°. L’attraction la plus prisée des environs, à 3 km du centre, est la Cataracte de Tirol, jaillissant à 60 m de hauteur au-dessus des parois rocheuses d’une gorge, dénommée Gorge Teutonia. On y accède par un agréable sentier balisé (30 mn de marche) trace au coeur d’une épaisse vegetation, où l’on découvre parfois de magnifiques orchidées. On peut se baigner dans la rivière, au pied de la cascade.

La Uña de Gato
San Ramón est le lieu  de naissance du docteur Arthur Brell, qui fut le premier à redécouvrir les propriétés  curatives  d’une  plante médicinale aux propriétés aujourd'hui reconnues : la fameuse Uña de Gato (en français : "griffe de chat"), dite aussi "liane du Pérou". Son nom scientifique est Uncaria tomentosa. L'emploi de cette plante grimpante ligneuse poussant à l'état sauvage dans les forêts pluviales d'Amazonie, remonte en fait à l'époque des incas - qui la connaissaient eux-même des Indiens Ashaninka - pour ses vertus immunitaires : curation des plaies profondes, soulagement des douleurs articulaires et osseuses, protection des reins, traitement des femmes après l'accouchement, etc.

Sanctuaire national de Pampa Hermosa
23 km au nord de San Ramón, après avoir franchi le Puente Victoria sur le Rio Oxabamba, on accède à cette belle réserve naturelle de 11 500 ha (créée en 2005) par une route en pente abrupte, uniquement praticable en 4x4 et très difficile en saison des pluies. Le sanctuaire de Pampa Hermosa est l’une des rares forêts d’altitude subsistant au Pérou. Au milieu d’une végétation luxuriante, on trouve plusieurs espèces végétales protégées comme le cèdre d’altitude dont certains spécimen atteignent des tailles colossales. L’un d’entre eux, surnommé El Abuelo, vieux de 600 ans, serait le plus grand cèdre d’Amérique. Parcourue de ruisseaux et de cascades, la réserve est aussi l’endroit idéal pour admirer de nombreuses variétés d’orchidées. Parmi les espèces animales, on peut observer des ours à lunettes, des lynx, des toucans et des coqs de roches.
Situé à l’entrée de la réserve, près du hameau de Nueva Italia, on trouve l’unique hébergement possible dans toute la zone : le Pampa Hermosa Lodge, tel (061) 225 1776, pampahermosalodge.com. Il est formé de cabanes à toits de chaumes, reproduisant l’habitat traditionnel de la région. Le lodge propose des visites commentées dans le sanctuaire national et des activités sportives telles que le canyoning.

La Merced
A seulement 13 km de San Ramón, cette grosse bourgade de la vallée du Chanchamayo connaît un développement important grâce à ses plantations d’oranges, d’avocats, d’ananas, de citrons et de café, mais aussi grâce à l’apport  récent de l’élevage ovin. La saison des pluies y est particulièrement  marquée de décembre à mars. On y accède en traversant l’imposant Puente Herreria, dressé sur le rio Chanchamayo. La ville vaut surtout pour son ambiance tropicale et son incessant va-et-vient  commercial, car de là partent les routes pour Oxapampa, Villa Rica, Satipo et Pozuzo. Sur son exotique Plaza de Armas, rehaussée d'une charmante église dans le style amazonien, on verra des indiens Ashaninka, vendant leur artisanat, mais aussi des souvenirs pour touristes. Les fêtes de la ville ont lieu la dernière semaine de septembre.


Paysage de la vallée de Chanchamayo

La rébellion de Juan Santos Atahualpa (1742-1756)
Né à Cuzco en 1710, ce descendant de l’aristocratie quechua étudia l’espagnol et le latin avec un père Jésuite qui l’emmena avec lui en voyage en Europe, notamment en Espagne, en France, en Angleterre et sur les côtes de l’Angola. A son retour au Pérou, choqué par le contraste entre ce qu’il avait observé dans le Vieux monde et la terrible condition de ses frères Indiens asservis par le système colonial, il prit le chemin de Huanta, près d’Ayacucho et gagna ensuite la vallée du Chanchamayo dans le but d’y fromenter la révolte contre l’occupant Espagnol. Certains historiens pensent  que son projet aurait été inspiré et “aidé” par des intérêts anglais, mais jusqu’aujourd’hui sans preuves réelles.
Il parvint à rallier à sa cause plusieurs tribus selvatiques du Gran Pajonal et du Cerro de la Sal, dans le bassin du rio Perené : Campas (nom alors donné aux Ashaninkas), Yaneshas, Conibos, Shipibos et plus tard des indiens quechua, des métis et même quelques esclaves noirs échappés des plantations, le tout conférant à ce mouvement un caractère multiracial étonnant pour l’époque.
A la tête de ses troupes grandissantes, il annonça le rétablissement du Tahuantinsuyo (l’empire des incas) en  se faisant proclamer Apo Inca. Depuis son réduit du Gran Pajonal, il entreprit à partir de 1742 une guerre de harcèlement contre les réductions espagnoles et les missions franciscaines, dont un grand nombre furent détruites. L’année suivante, il s’empara du fort de Kimiri dans la vallée de Chanchamayo, décimant toute la garnison espagnole.


Juan Santos expulse les missionaires (gravure du 19e s.)

En 1752, ses troupes franchissent la cordillère centrale et s’emparent d’Andamarca, près de Jauja, sur la route qui mène de Lima à Cuzco. Expert dans l’art de la guérilla, il semblait se jouer des expéditions envoyées contre lui par le pouvoir de Lima, qui s’exténuaient à courrir après un ennemi aussi imprévisible qu’insaisissable.
On perd sa trace en 1756, alors qu’il s’apprêtait à marcher sur Tarma. Des rumeurs prétendent qu’il serait mort suite à des dissensions survenues dans ses troupes; d’autres affirment qu’il était encore vivant en 1770, caché dans la forêt. Depuis ce temps, les Indiens Ashaninka et Conibo, qui avaient été ses plus fidèles soutiens, conservèrent pieusement la mémoire de “l’Inca de la forêt”, figure de justice et d’espérance, et répandirent la légende de son immortalité, version selvatique du retour du messie…

Le « Tyrol péruvien »
Après La Merced, la route se poursuit au nord en longeant le cours supérieur du rio Perené jusqu’à Oxapampa (80 km) et Pozuzo (162 km) au milieu d’un paysage à la fois selvatique et montagnard de faible altitude (entre 1800 et 1500 m), où l’essentiel de la production agricole est vouée au café et à l’industrie laitière. On entre alors dans ce qu’on appelle «le tyrol péruvien». En 1952, un jeune argentin prénommé Ernesto et son ami Ernesto Granado accomplirent le même trajet sur les routes infernales de l'époque. Le jeune argentin, passé plus tard à la postérité sous le nom de Che Guevara, en a laissé une description exaltante et emerveillée dans ses "Carnets de voyage en Amérique du Sud".

Oxapampa
Alt. 1814 m - 13 000 hab. - La Merced 80 km - Tarma 155 km.
Blottie dans son écrin tropical, cette ville paisible étonne plus d’un visiteur pour son cachet aux étonnantes réminiscences germaniques. Oxapampa fut en effet fondée par des colons allemands et autrichiens en 1891. On y découvre une église coiffée d’un clocher à bulbe d’allure souabe, quelques maisons à colombages et une population bigarrée, où surgissent parfois quelques descendants blonds de ses premiers habitants.
La ville dispose de plusieurs auberges convenables, de jolis commerces. Outre le café et les fruits tropicaux, Oxapampa asseoit aussi sa prospérité sur la production de miel, de fromages et de laitages produits dans les grandes fermes parsemées dans les collines avoisinantes.

Parc National Yanachaga-Chemillén
2h30 de route depuis Oxapampa.

Entre Oxapampa et Pozuzo, la route longe ce beau parc naturel encore peu connu, créé en 1986 sur une vaste étendue de 122 000 ha. Son relief est très accidenté et les altitudes s'étagent entre 460 m pour sa partie orientale et 3650 m pour la cordillère de Yanachagua qui est le prolongement de la chaîne du Cerro de la Sal, où l'on retrouve un écosystème du type bosque de neblina (forêt de nuages). A l'est, le long de la route de Pozuzo, il est traversé par un profond canyon creusé par le Rio Huancabamba. Le parc abrite plusieurs espèces en voie d'extinction, comme l'ours à lunettes, le coq de roche et plusieurs variétés de singes. La flore comprend une grande variété d'épiphytes, d'orchidées et de broméliacés, ainsi que des bosquets de quenuales, une variété andine de chêne-liège à l’écorce feuillue et aux formes tourmentées qui pousse au-dessus de 3500 m (variété que l'on peut voir aussi dans le Callejón de Huaylas). Le parc a quatre portes d'entrée différentes : sur chaque site, on trouve un grand bungalow où l'on peut passer la nuit et un terrain de camping. Il faut apporter sa tente et ses provisions. La porte d'entrée la plus fréquentée est celle de Huampal, un hameau situé sur la route Oxapampa-Pozuzo et desservi par les bus et combis qui relient les deux localités. Avant de visiter le parc, il faut impérativement s'enregister au bureau du parc (Oficina Central del PNYCH) à Oxapampa, jr Pozuzo cuadra 3, tel. (061) 462 544 et s'acquitter d'un droit d'entrée de 10 S/.

Pozuzo
Alt. 800 m - 82 km au nord d'Oxapampa (3h de trajet)
Pozuzo, où la route s’achève en cul de sac sur les bords du rio Huancabamba, n’est en comparaison d'Oxapampa qu’une grosse bourgade rurale, mais possède un cachet encore plus affirmé. Quelques personnes âgées y parlent encore un dialecte allemand. Elle fut fondée vers 1860, bien avant Oxapampa. Chaque année, la petite communauté péruviano-germano-autrichienne issue des premiers colons se réunit lors du Festival de Pozuzo (dernière semaine de juillet) qui commémore la fondation de la ville. On peut y voir un défilé en costumes, où les hommes arborent la culotte et le chapeau tyroliens, tandis que les femmes, en larges robes et en gilets à fleurs, sont coiffées de nattes disposées en bretzel, comme Romi Schneider à ses débuts dans les films de Heidi ! Il ne manque d’ailleurs à la fête ni la bière, ni les saucisses, ni les danses typiques que sont la polka, la mazurka et les valses de Vienne, avec l'inévitable Danubio Azul...


Maison d'émigrés tyroliens, près de Pozuzo.

Mein Lieber Peru...
Au 19e s. la loi autrichienne interdisait aux Tyroliens sans terre, alors nombreux, de se marier. A la même époque, le gouvernement péruvien projetait de développer des colonies dans les régions inhabitées de la Selva alta. Un aristocrate allemand installé à Lima, le baron Cosme Damian Freiherr Schutz von Holzhausen, signa un accord avec le président Ramón Castilla, où le Pérou s'engageait à prendre en charge le voyage de colons allemands et autrichiens, et la repartition des terres.
Un premier contingent de 200 tyroliens et 100 allemands embarqua à Anvers en mars 1857 et arriva au port de Callao le 28 juillet de la même année, après un éprouvant voyage de quatre mois, passant par le cap Horn. Ces héroïques colons durent encore franchir la cordillère des Andes avant de construire, de leurs mains, une route qui conduisait jusqu'à Pozuzo, où ils arrivèrent exténués, deux ans plus tard! ils n'étaient plus que 170, nombre d'entre eux ayant rebroussé chemin et d'autres étant morts en cours de route... Un second contingent d'émigrants de la même provenance, partis en 1868, vint les renforcer. Puis la petite colonie essaima dans la région, fondant Oxapampa en 1891 et Villa Rica en 1928.
A Pozuzo, une vénérable demeure en bois dans le plus pur style tyrolien abrite le Museo Schafferer, où sont conservés photos et souvenirs de cette épopée mémorable.


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