Guide du Pérou

Puerto Maldonado et le Madre de Dios

Après Iquitos et Pucallpa, Puerto Maldonado, à l'extrême Sud-Est du Pérou, est la troisième direction touristique pour visiter l'Amazonie péruvienne. La ville est desservie par des vols quotidiens depuis Lima ou Cuzco, ou par la route (plus de 500 km depuis Cuzco), mais celle-ci est le plus souvent impraticable en saison des pluies. L'avion reste donc le plus sûr moyen pour atterrir dans ce véritable "bout du monde".


Le lac Sandoval et la Collpa de Guacamayos, près de Puerto Maldonado.

Ce département péruvien a pour nom Madre de Dios, du nom de l'un des principaux affluents de l'Amazone, qui contrairement aux autres affluents péruviens, ne coule pas vers le Nord-Est, mais vers le Sud-Est : il se poursuit en Bolivie et prend au Brésil le nom de Rio Madeira, avant de se jeter dans l'Amazone en aval de Manaos. Le département du Madre de Dios abrite deux des plus importants parcs nationaux péruviens : le Parc National du Manu et la Réserve Naturelle de Tambopata-Candamo. Ces immenses territoires encore quasiment vierges il y a une vingtaine d'années étaient habités par de nombreuses tribus amazoniennes, parmi lesquelles les Machiguengas, les Mashcos, les Iñaparis, les Chamas et les Huarayos. Malheureusement, les ravages de l'industrie minière illégale (orpaillage) depuis 2005, liés à la montée du cours de l'or, sont en train d'y provoquer des dégâts irréparables...

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Puerto Maldonado
40 000 hab. - alt. 250 m - 527 km de Cuzco
fondée en 1925 est une grosse bourgade de 10 000 hab. dotée d'une rue centrale commerciale et animée et de quelques hôtels, que l'on délaissera pour aller passer quelques nuits dans un "lodge" en pleine forêt (accueil et réservation à l'aéroport). Attention : dès votre arrivée à Puerto Maldonado, il est impératif d'aller confirmer la date de son vol retour... sous peine d'un séjour plus long que prévu dans cette charmante localité où règne la douce et constante température de 40° à l'ombre !

Aux environs immédiats, deux courtes excursions mènent aux lacs Sandoval et Valencia, l'un et l'autre enserrés au plus profond de la forêt vierge : des guides vous emmèneront dans de longues pirogues pratiquer la pêche au piraña (frissons garantis, surtout dans les parties du lac où les eaux dormantes prennent une inquiétante couleur noirâtre et où, sous la coque de la frêle embarcation, on devine toute une vie aquatique particulièrement grouillante). Sur le chemin au lac Sandoval, on vous montrera, échouée dans un marigot, la carcasse d'un vieux bateau à vapeur échoué là à la suite d'une crue : ce n'est pas du tout "l'épave du vapeur Fitzcarraldo", annoncée sur les dépliants touristiques. Malgré la chaleur, il faudra prévoir, pour la randonnée pédestre, de bonnes chaussures, de hautes chaussettes et un pantalon long. Le fait de s'enduire de crème anti-moustiques toutes les dix minutes ne procure qu'un confort moral et n'a pour résultat qu'une diminution (sans doute inférieure à 5%) du nombre total de piqûres que vous infligeront les "mosquitos".

Une autre excursion permet d'aller admirer limpressionante Collpa de Guacamayos, en limite du Parc National Bahuaja-Sonene. C'est une haute falaise de boue argileuse où viennent se rassembler par centaines les aras et les grands perroquets rouges (guacamayos). Les savants expliquent qu'en picorant l'argile, les oiseaux neutralisent les toxines contenues dans certains de leurs aliments (graines, feuilles ou fruits). Le spectacle est magnifique et évidemment très photogénique.

Réserve Naturelle de Tambopata-Candamo
Située au Sud de Puerto Maldonado, elle forme un triangle de 1480 km2 à la frontière de la Bolivie qui occupe le bassin des rios Tambopata et Inambari. Ce secteur de la forêt amazonienne passe pour en être la partie la plus ancienne et l'une des plus riches en biosphère de toute la planète. Trois écosystèmes différents y voisinent : le "llano" amazonien, la "Selva alta" du versant andin oriental, et un paysage de "pampa" sylvicole, située sur la rive gauche du rio Heath. Onze type différents de forêts tropicales y cohabitent. On y a dénombré, jusqu'à présent, 592 espèces d'oiseaux, 1234 de papillons, 135 de fourmis, 127 d'amphibiens, 103 de mammifères, 94 de poissons, 74 de reptiles, 40 de termites et 39 d'abeilles.
Parmi toutes ces espèces, il en est plusieurs, malheureusement en voie d'extinction : le jaguar, le lamantin, l'aigle harpie et le caïman noir.
7000 habitants répartis dans plusieus communautés indigènes habitent dans la zone protégée, ils se dédient pour la plupart à la cueillette, la coupe du bois et la culture des hévéas.
L'accès à la Réserve se fait depuis Puerto Maldonado (4 H de barque à moteur). Parvenu au coeur de la réserve, le visiteur pourra choisir entre deux auberges dans le style selvatique : le Tambopata Jungle Lodge et l'Explorer's Inn (réservations depuis Cuzco ou Puerto Maldonado). Chacune d'entre elles propose des excursions de découverte de l'écosystème du Tambopata.
En descendant le Madre de Dios en aval de Puerto Maldonado, on arrive jusqu'au Parc National Bahuaja-Sonnene (Tambopata-Heath) et par le fleuve Heath, qui marque la limite avec la Bolivie, on accède aux Pampas de Heath, la seule formation végétale de la savane enclavée dans la profondeur des forêts tropicales du Pérou, refuge d'espèces uniques de la faune sauvage.

Descente en rafting du Rio Tambopata (6 jours)
Il existe un autre mode de découverte de la zone, plus sportif : en partant de Puno, où après un jour et demi de route à travers l'altiplano, la cordillère et le versant amazonien, on parvient dans la province de Sandia où se situe le pittoresque village de San Juan del Oro, non loin des sources du Rio Tambopata. De là, la descente en rafting du cours supérieur du Tambopata, émaillé de rapides spectaculaires, de gorges étroites, mais aussi de plages de sable fin propices aux bivouacs, ne prend pas moins de six jours !
Le périple depuis Puno jusqu'à Puerto Maldonado représente donc une huitaine de jours.Mais le jeu en vaut la chandelle; les payasages de ce secteur à peine exploré sont somptueux, les couchers de soleil extraordinaires, la flore et la faune extrêmenent riches. Un certain inconfort et quelques belles frousses sont à prévoir. A recommander à ceux qui n'ont peur de rien.

Parc National du Manu
Accès uniquement à partir de Cuzco. Il faut d'abord rallier Atalaya via Paucartambo (12 H de route) puis par bateau jusqu'à l'entrée du parc. Un permis d'accès est nécessaire : il doit s'obtenir auprès du Manu National Park Office à Cuzco (adresse ci-dessous) moyennant un droit d'entrée payable au même endroit. Les nombreuses agences de tourisme de Cuzco incluent ces formalités dans le prix de leurs excursions vers le Parc National. La meilleure époque de visite est évidemment la saison sèche (Mai-Octobre).

Fondé par le gouvernement péruvien en 1973 et déclaré par l'UNESCO "Réserve de biosphère" en 1977, le plus important parc national de l'Amazonie péruvienne a été inscrit au patrimoine de l'humanité en 1987. Situé à l'Ouest du département du Madre de Dios, il occupe près de 2 millions d'ha, correspondant au bassin hydrogaphique du Haut-Madre de Dios, où coulent les rios Manu, Alto Manu et Providencia, demeure des indiens Machiguengas, Piros et Mashcos. Il est borné à l'Ouest par une faible ligne de crête qui marque la limite du partage des eaux entre les affluents de l'Amazone courant vers le Nord-Ouest et ceux courant vers le Sud-Est : c'est le fameux isthme de Fitzcarraldo, immortalisé par le film de Werner Herzog.
Le Parc lui-même est entouré, d'une zone périphérique de 275 000 ha, destinée à protéger l'accès au cours supérieur du Manu. Dénommée "Zone réservée du Manu", elle est réservée à la recherche scientifique et au tourisme de découverte.

Sur les limites Nord-Ouest du Parc, un autre secteur, remplissant la même fonction, a été érigé en Réserve d'Etat pour protéger les tribus nomades Kugapakori et Nabua, couvrant une superficie de 444 000 ha. Son but est de garantir à ces tribus une sorte d'intégrité territoriale.

L'exceptionnelle richesse biosphérique du Parc National du Manu tient en quelques chiffres : 15 000 espèces de végétaux recensés, pour lesquelles les propriétés curatives ou médicinales n'ont été étudiéees qu'à 1%. Des millions de variétés d'insectes, dont 1200 espèces de papillons et 43 de fourmis. Plus de 1000 espèces d'oiseaux. 200 espèces de mamifères, dont 13 de singes, etc.

Information et conseils - Manu National Park Office : Av. El Sol, Edificio San Jorge, Oficina 1, Cuzco. tél. 084-246843.
Ministerio de Agricultura - Instituto de Recursos Naturales (INRENA) : Calle 17 n° 305, Urb. El Palomar, Lima 27, tél. 224 3298.

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