LIMA d'aujourd'hui

La capitale du Pérou, étalée entre le Pacifique, l'embouchure du Rio Rimac (qui lui a donné son nom) et le Cerro San Cristobal, au pied des premiers contreforts des Andes, est une ville aujourd'hui surpeuplée : de 3 000 000 d'habitants en 1975, elle est passé à 8 400 000, le tiers de la population du Pérou !
Il est vrai que les très tristes années 80, marquées par la récession et la sanglante guerilla du Sentier Lumineux dans les Andes, ont vu affluer vers la capitale des populations paysannes de la Sierra -en provenance surtout des régions de la cordillère centrale - poussées par la faim et la peur dans un exode rural massif.

Lima, autour de laquelle des bidonvilles avaient déjà commencé de croître dès la fin des années 50, se voit ceinturée aujourd'hui par un immense tissu urbain de "barriadas" - on dit aussi "pueblos jovenes" - qui sont l'équivalent des "favelas" brésiliennes. Le tiers de la population de la capitale du Pérou y habite. L'exemple le plus criant de cette réalité est l'agglomération de Villa El Salvador qui compte à elle seule près de 400 000 habitants, ce qui en fit longtemps le plus grand bidonville d'Amérique du Sud, avant de devenir un district comme les autres.

Cette réalité économique et sociale doit être présente à l'esprit du touriste qui accoste à Lima : elle se fait d'ailleurs très vite présente, aussi bien en périphérie que dans le centre ville, hormis dans quelques quartiers aisés, voire même très aisés. Ce violent contraste illustre de façon criante l'étendue des différences sociales, allant de l'extrême misère à l'extrême richesse, trait caractéristique du Pérou tout au long de son histoire.


Symbole du déracinement des populations andines vers Lima : une jeune indienne somnole sur son étalage de bombons - Un aspect de la banlieue nord de Lima

S'y retrouver dans Lima
Pour le néophyte, la tâche est pour le moins ardue. Lima est une ville tentaculaire dont le tissu urbain atteint presque 100 km entre l’extrémité du cono Norte et celle du cono Sur. Au beau milieu, le centre historique, somme toute assez réduit, ne représente qu’un district parmi les cinquante que compte l’agglomération, sans inclure la ville et le port de Callao, qui jouissent d’un statut particulier. Lima ne disposant ni de trains de banlieue, ni de métro, les transports en commun se réduisent aux moyens terrestres, assez chaotiques et inconfortables au possible.

Le centre historique - On l'appelle aussi Casco Viejo depuis qu'il a été en partie réhabilité. Deux grandes places servent de points de repère dans le vieux Lima : la Plaza de Armas au nord et la Plaza San Martín au sud. Le quartier  est borné au nord par le río Rímac, à l’ouest par l’av. Alfonso Ugarte qui fait la jonction entre les quartiers nord et l’axe allant vers Miraflores. Elle est jalonnée par trois places importantes : la Plaza Unión (dite aussi Ramón Castilla) et la Plaza Dos de Mayo - lieu traditionnel des protestations et manifestations populaires - qui articulent la jonction avec le quartier de Callao et l’aéroport, la Plaza Bolognesi dessert les districts de Breña, Jesús María, Pueblo Libre (où se trouvent de très intéressants musées) et Magdalena del Mar. À l’est, l’av. Abancay, véritable fleuve d’autobus pétaradants, sépare le centre historique d’un autre très vieux quartier dénommé Barrios Altos (on dit aussi le Cercado) : on y trouve le marché central et le quartier chinois (Barrio chino).
Au sud, le Paseo de la República, longue esplanade autour de laquelle se dressent le palais de Justice, le Centro Civico et l'hôtel Sheraton, et la Plaza Grau, sont le point de départ de l'interminable av. Arequipa et de la Via Expresa, une voie rapide semi-enterrée qui relient l'une et l'autre le centre de Lima aux quartiers huppés de San Isidro et Miraflores.

Le front de mer - Orienté selon un axe nord-ouest / sud-est, il inclut Callao (et l’aéroport), La Perla, San Miguel, Magdalena del Mar, Miraflores, cœur chic et moderne de Lima, Barranco et Chorrillos, qui furent les grandes stations balnéaires de la Belle Époque. Il est parcouru tout du long par la Costanera, une voie tracée au pied de la falaise qui longe toutes les plages de Lima jusqu'à celle de la Herradura. Après quoi elle grimpe jusqu'au Morro Solar, une grosse colline qui ferme la baie de Lima au sud-est.


Un fleuve automobile : l'av. Javier Prado à la tombée du soir

L’axe ouest-est - De Callao, où sont implantées bon nombre d’entreprises, l’axe formé par l’avenida Guardia Chalaca, puis l’av. La Marina, que prolonge l’av. Javier Prado Este et Oeste, dessert les quartiers résidentiels du centre et de l’est de Lima : San Isidro, San Borja, Monterrico, La Molina. C’est le cauchemar des automobilistes, surtout dans le secteur où l'avenue Javier Prado Este croise l’avenue Arequipa et la Via Expresa : en fin de journée pendant la semaine, il faut facilement deux heures pour aller de l’aéroport à Monterrico, d'où l’on rejoint la Panaméricaine Sud (qui roule beaucoup mieux ensuite). Tenez compte du moment de la journée pour vous rendre d’une extrémité de Lima à l’autre : le temps de trajet peut varier considérablement. Une autre alternative est la Via de Evitamiento, sorte de périphérique urbain qui connecte la Panaméricaine Nord, la Carretera Central (route vers la cordillère) et la Panaméricaine Sud en longeant le Rio Rimac : mais le trafic y est tout aussi chaotique le matin comme en fin de journée, voire même terrifiant lorsque voitures et camions s'y livrent à des remakes du film "Duel". La vue sur les bidonvilles de Lima y est en outre inégalable.

La calle, le jirón et la cuadra
Pendant trois siècles, les calles (rues) de Lima portèrent chacune un nom différent d’un pâté de maison à l’autre : les uns, comme Escribanos, Espaderos, Mercaderes, Negreiros, évoquaient des négoces ou des métiers; d’autres étaient drôles et savoureux : Siete Pecados, Siete Jeringas (sept seringues), Faltiquera (poche de jupon), Pericotes (petites souris), Divorciadas (divorcées) et quelques uns plus tristes : Afligidos (affligés) ou Mata Siete (sept tués). En 1861, les édiles républicains décidèrent de moderniser cette trop abondante nomenclature héritée du passé colonial par le système du jirón, unifiant sous un seul nom toute une enfilade de rues en ligne droite. Les jirónes orientés nord-sud recevraient les noms des provinces du Pérou, tandis que ceux orientés est-ouest prendraient les noms des départements du pays. Les anciennes rues devenaient des cuadras (ou blocs) numérotées en fonction de leur nombre : le jirón de la Unión - la principale rue commerçante du centre de Lima - possède ainsi neuf cuadras de la Plaza de Armas jusqu’au Paseo de la Republica, tandis que l’Avenue Arequipa, qui se prolonge jusqu’à Miraflores, n’en compte pas moins de cinquante deux! Cette numérotation par cuadras est essentielle pour les liméniens car elle intervient dans l’adresse postale (les numéros de porte) et comme repère lors des déplacements (on demande au taxi : “combien jusqu’à la cuadra 28 de l’avenida Arequipa ?”).

Jusque là, tout allait bien, mais patatras, dans les années 1960, les nostalgiques et les amoureux de l’histoire réussirent à faire ré-apposer les anciens noms de rues sur de jolies plaques émaillées, dans le but innocent de rappeler la richesse du patrimoine toponymique et folklorique de la belle Lima d’antan. Ces noms qui n’avaient pas été oubliés, étaient encore utilisés par les vieux liméniens et tel magasin ou commerce pouvait user indifféremment de l’adresse Unión 425 ou Mercaderes 425. Or, dans le même temps, l’urbanisme moderne grignotait les vieilles demeures et à de nombreux coins de rues, les plaques des jirónes portant les noms modernes en vigueur avaient disparu ! Casse-tête garanti pour le visiteur ou le nouveau venu.
Rassurez-vous, cette anomalie qui peu s'avérer fort agaçante existe encore aujourd'hui et les lignes qui précèdent n'étaient sont donc pas superflues.


A g. plaque de "jirón" des années 1920-1930 : le nom de l'ancienne "calle" y est encore mentionné. Les notions de "cuartel" (arrondissement) et de district sont depuis tombés en désuétude. A dr. plaque "rétro" (années 1960-1970) remettant en honneur l'ancien nom de rue. En y regardant de plus près, on découvre que la Calle de Aflijidos constitue la première cuadra du Jr. Caylloma.

L'enfer des transports urbains
Les taxis - Ils sont légion à Lima. Bon nombre sont occasionnels et arrondissent leurs fins de mois en exerçant ce métier d’appoint de façon clandestine. Pour repérer les professionnels, regardez si le capuchon « taxi » est fixé en dur sur le toit et si la voiture porte un numéro inscrit sur la carrosserie (trois lettres et trois chiffres). Les amateurs affichent quant à eux une étiquette magnétique indiquant «taxi » à l’intérieur du pare-brise, qu’ils retirent précipitamment lorsqu’ils voient poindre un képi. Ni l’une ni l’autre catégorie de taxis ne possédant de compteur, les tarifs sont variables et peuvent aller du simple au double si vous maîtrisez mal l’espagnol ou si vous avez du mal à expliquer votre destination. Le montant se discute rapidement à la portière avant la course. À titre indicatif, le prix raisonnable entre le centre et Miraflores se situe aux alentours de S/10, entre le centre et Callao ou Monterrico S/15, entre Miraflores et Barranco S/5. Une fois convenu, ce prix est respecté quelque soit le temps de transport et les conditions de circulation. Aux heures de pointe, votre taxi va donc devoir slalomer à vive allure entre les autres véhicules et essayer d'emprunter toutes sortes de raccourcis, oubliant parfois les feux rouges. Quelques frayeurs sont à prévoir : on rentre là dans le domaine du sport automobile.

Les transports en commun - Moyen nettement plus économique, mais moins confortable, les colectivos (ou combis) et microbus (micros) sont conçus pour un peuple svelte et petit. D’autre part, ils s’arrêtent à la demande, le rabatteur hélant les passants à chaque coin de rue. Sachez qu’un long trajet en microbus est un marathon ponctué de coups de freins, de démarrages brutaux, de queues de poisson et de coups de genou dans le dos. Le tarif des colectivos et des micros varie entre S/1 et S/1,50. Mais dans l'ensemble, les noms des terminus peints sur la carrosserie ne sont pas d'un grand secours pour le touriste : ils correspondent à des quartiers lointains où il n'y a pas grand chose à voir et le rabatteur accroché à la portière est là pour rameuter les clients, pas pour renseigner les gringos.
Depuis la plaza San Martín, des combis indiqués Toda Arequipa font l’aller-retour vers Miraflores. Vous pouvez aussi emprunter, depuis la plaza Unión ou la plaza Dos de Mayo le bus violet Cementerio-Barranco (surnommé El Moradito, tout le monde connaît) qui dessert l’av. Brasil (Pueblo Libre et ses musées), l’av. del Ejército, l’Ovalo de Miraflores et enfin Barranco. Enfin des combis et micros Todo Javier Prado parcourent l’axe est-ouest reliant Callao au lointain district de La Molina. Préparez-vous à un éprouvant périple!


Le cauchemar quotidien des liméniens...

Enfin, il y a du nouveau avec le Tren Eléctrico, ligne de métro aérien dont la construction débuta sous le premier gouvernement d'Alan Garcia (1985-1990) et fut ensuite interrompue, faute de moyens, pendant des lustres. Une première ligne comptant 16 stations a été ouverte en janvier 2012, reliant Villa El Salvador (au sud de la périphérie de Lima) au centre-ville (Plaza Grau), soit une distance de 21,5 km. Des travaux d'extension de la ligne vers la banlieue nord de Lima sont actuellement en cours. Ce métro sur rail n’est pas à confondre avec le Metropolitano, nouvelle ligne d'autobus roulant en site propre, gérée par la municipalité, qui relie Comas (au nord de la périphérie) à Chorrillos en passant par le vieux centre et la Via Expresa. Les véhicules sont nettement plus confortable que les combis et autres micros, mais assez bondés aux heures de pointe.

Consorcio Tren Eléctrico, t 080071 222, www.lineauno.pe. Compter 5 S/. la carte rechargeable en vente dans les stations et 3 S/. un billet aller-retour. Fonctionne de 6h à 22h30 tlj, fréquence : entre 10 mn (semaine) et 20 mn (w-end).

Metropolitano, t (051) 203 9000, www.metropolitano.com.pe. Fonctionne tlj de 5 à 22h. Compter 4,50 S/. la carte rechargeable et 2 S/. un trajet aller sur l'ensemble de la ligne.

Pour vous repérer dans la jungle de Lima, vous trouverez en librairie et dans quelques kiosques à journaux la Guía de Lima Metropolitana, carte dépliante au format poche (éd. Lima 2000), avec index, où figurent les noms de rues, les districts et aussi une liste des lignes de microbus. Précieux!


Page d'Accueil / Géographie et climats / Écosystèmes / Folklore / Artisanat / Gastronomie / Économie / Histoire /
Littérature / Mario Vargas Llosa / Peintres péruviens / Index des curiosités et sites / Carnet pratique / Livres
Pour en savoir plus sur les civilisations de l'ancien Pérou, consultez le...

©Daniel DUGUAY
dduguay@club-internet.fr