LIMA des balcons
et des vieilles demeures

Balcon de la Casa del Oidor (Plaza de Armas)

Les balcons de Lima, surplombant en longues files les rues du vieux centre-ville sont certainement l'élément architectural qui caractérise et différencie le mieux cette ville des autres capitales sud-américaines, lui conférant une sorte de cachet très pittoresque, à la fois intime et nostalgique, qui n'appartient qu'à elle. Les architectes de la Lima d'antan étaient des sévillans : ils transplantèrent ici avec bonheur cet élément de mobilier urbain dû à l'influence arabe en Espagne. Les balcons de Lima sont les lointains cousins des moucharabieh du Caire, de Constantinople et de Damas.


Deux demeures emblématiques : Le palacio Torre Tagle et la Casa de Aliaga

Palacio Torre Tagle
Jr Ucayali 363
Aujourd’hui ministère des Affaires étrangères, cette élégante demeure est l’une des plus typiques cartes postales de Lima. Entrepris à partir de 1690 et achevé en 1735 par le marquis de Torre Tagle, ce petit palais passe pour être l’un des plus subtils exemples d’architecture coloniale de Lima. Les styles d’inspiration andalouse, maure, créole s’y confondent avec harmonie et délicatesse. Son majestueux portail de pierre blanche du plus pur style baroque liménien est entouré de deux balcons à jalousies de style mudéjar, ciselés comme de la dentelle. A l'intérieur, on découvre un vaste patio à double galerie ornée de fines arcatures hispano-mauresques. Les plafonds à caisson de style mudéjar et les murs revêtus d'azulejos importés de Séville au 18e s. forment l'ensemble le plus complet et le plus achevé d'architecture civile liménienne au temps de sa splendeur coloniale.

En face, au numéro 358, la Casa Goyeneche, ou Casa de Rada, aujourd’hui propriété du Banco de Credito, fut construite vers 1770. Sa belle façade est ouverte par un grand portail de pierre blanche, de style baroque, encadré de deux graciles balcons de bois. Plus tardifs et moins exubérants que ceux du Palacio Torre Tagle, ils trahissent une influence française de style Louis XV.

Casa de Aliaga
Jr La Unión 224 (calle Palacio)
Tout au bout du jr. de La Unión, face à l’aile gauche du palais présidentiel, on aperçoit la doyenne des casonas liméniennes, considérée comme un modèle d’architecture domestique du 16e s. Construite en 1535, année de la fondation de la ville, sur un terrain donné par Francisco Pizarro à Gerónimo de Aliaga, l’un de ses compagnons de conquête, elle est toujours occupée par la famille du même nom. On admire son sobre portail surmonté d’un balcon de bois d’époque républicaine, et son patio intérieur (zaguán), où bruit une fontaine près d’un Christophe Colomb de pierre. Un escalier à balustres monte vers une galerie supérieure faite de fines colonnes. À l’intérieur, belle collection de meubles du 16e au 18e s., de statues, de peintures coloniales et de porcelaines françaises.

Casa de Pilatos
Jr Ancash 390
Faisant face au portail latéral de l'église San Francisco, cette demeure, encore appelée Casa Esquivel, ou Casa de Jarava, mais surtout connue sous le nom de Casa de Pilatos (Maison de Pilate) a une histoire, ou plutôt une légende bien plus riche que son architecture, la construction originale, de la fin du 16e s. ayant été beaucoup trop souvent remaniée ou restaurée. On prétend qu'elle ressemblerait à la fameuse Casa de Pilatos sévillane, d'où son nom. La tradition populaire, reprise par Ricardo Palma dans ses Traditions Péruviennes rapporte qu' elle devrait son nom aux messes noires qu'y aurait célébrées un rabin portugais au début du 17e s. Deux écussons, au-dessus de la porte, témoignent de ce que cette maison appartint aux familles aristocratiques des Jarava, puis des Esquivel. Elle est aujourd'hui le siège du Tribunal Constitutionnel.

Casa de Osambela
Jr Conde de Superunda 298. Accès libre
Également connue sous le nom de Casa de Oquendo, cette demeure où se mêlent plusieurs styles en un mariage assez heureux, ne fut achevée qu’en 1805. Inhabituelle dans le paysage liménien, elle est pourvue d‘un étonnant mirador octogonal d’allure musulmane, lequel surmonte une longue façade décorée de quatre balcons de bois sculpté à angle arrondi, décorés de guirlandes et de médaillons où l’on ressent l’influence française du style Louis XVI. Dominant les vieux quartiers, le mirador permettait à son premier propriétaire, un riche armateur, d’observer l’arrivée de ses navires dans le port de Callao. Le portail est également remarquable, par ses trois registres qui s’élèvent jusqu’au dernier étage de la façade.


A g. : la casa de Osambela et son mirador. A dr. : balcon de l'ancien Musée d'art Tauromachique

Dans la même rue, du côté droit en allant vers l’église de Santo Domingo, au n° 341, l'attention est attirée par la présence d'une vieille maison coloniale peinte en ocre rouge, ornée d'un long balcon vert à jalousies qui se prolonge sur toute la façade au dessus d'un lourd portail central. Ce balcon est l'un des plus anciens et des plus typiques de la Lima de la fin du 16e s. La demeure abrita l'ancien Museo Taurino, créé dans les années 1950 par un passionné d'art tauromachique, Fernando Berckemeyer, auteur d'un ouvrage de référence en la matière El Arte y los Toros (1966).

Dans le jirón Ica
La section du Jr Ica comprise entre le jr de la Unión et l'av. Tacna est l'une des rues du centre historique de Lima qui présente l'une des plus belles enfilades de balcons. Après avoir dépassé l'église de San Agustin, on verra la belle et sobre façade de la Casa de Nicolás de Rivera, qui fut le premier alcalde de Lima. Cette demeure est aujourd’hui le siège des Empresas Electricas Asociadas. Le balcon (restauré) est l’un des plus beaux exemples de la menuiserie rococo à Lima. Le portail de pierre est d’origine, avec son décor en bossage et sa corniche supporté par de petits piliers latéraux suspendus, détail qui pour les spécialistes est le signe de l'authentique portail liménien.
Dans la cuadra suivante, sur le trottoir opposé, se dresse la longue façade de la Casa de La Riva (18e s.) au porche monumental, entouré de balcons à jalousies aux lignes pures et élégantes qui accusent l'influence du rococo. Le patio, plein de charme, est l'un des plus vastes qui ait été conservé de nos jours. Il est entouré sur les quatre côtés de fins piliers de bois dans le style andalou, tout comme les magnifiques grilles en fer forgé des fenêtres.


la Casa del Instituto Riva Aguero (photo D. Duguay)

Casa del Instituto Riva Aguero
Jr Camana 459
Face à la partie latérale de l'église San Agustin, se dresse la façade peinte en ocre rouge d'une grande maison de style colonial, présentant un haut et sobre portail blanc encadré de deux balcons vitrés de style républicain et des fenêtres aux grilles en fer forgé reposant sur des apppuis de pierre rose. Siège de l'Institut Riva Agüero, centre d'études des sciences humaines financé par l'Université Catholique, elle abrite parfois quelques expositions temporaires d'artisanat ou d'archéologie. 
L’institut Riva-Agüero patronne aussi le Museo de Artes y Tradiciones populares installé dans le Jr de la Unión. Son directeur fut pendant longtemps le grand historien de l'époque précolombienne José Antonio del Busto (1932-2006), qui lui consacra une grande partie de sa vie.


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