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Guide du Pérou |
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Le littoral d'Arequipa : les plages de Mollendo
Si l'on désire se reposer quelque peu des marches forcées à 4500 m d'altitude au milieu des volcans, des canyons vertigineux, des vieilles pierres aux arêtes pointues ou de greloter au bord des lacs d'altitude - et ce sans trop s'éloigner d'Arequipa - il y a... la plage, le soleil et la mer. Le littoral Pacifique n'est en effet distant que de 126 km de la ville blanche, relié par une bonne route, et Mollendo est l'une des stations balnéaires les plus attrayantes du Sud du Pérou.
Au sud-est d'Arequipa, la Route Panaméricaine traverse une longue steppe désertique : la Pampa de la Joya, culminant à 1600 m, qui sépare la ville de son littoral, distant de 80 km. Elle était jadis la terreur des voyageurs et des muletiers se rendant à Arequipa : les vents y sont si forts qu'ils effaçaient les chemins et toute trace d'homme ou de bête. Il n'est pas rare d'y rencontrer des dunes en forme de croissant, que le vent déplace de 15 m chaque année. La vallée du rio Tambo n'apporte qu'une bien maigre note de verdure dans ce paysage inhospitalier.
Depuis Arequipa, la route se dirige d'abord vers Matarani, localité de 20 000 hab. qui n'est autre que l'avant-port d'Arequipa, créé en 1951 pour remplacer le port de Mollendo, incommode et obsolète.
A côté de Matarani subsitent les vestiges de la bourgade d'Islay, qui a donné son nom à la province. Cette ville eut son heure de gloire : fondée en 1540, elle fut depuis ce moment et jusqu'au milieu du 19e s. le seul endroit d'accostage qui reliait Arequipa à Lima et au reste du monde par voie maritime. Flora Tristan en fait une description détaillée dans Les Pérégrinations d'une paria (1838). La ville fut même proclamée capitale du département par le général Vivanco, dictateur du Pérou, en 1841. Mais en 1866, un équipage venu de Callao et porteur de la fièvre jaune, débarqua : l'épidémie décima les trois quarts de la population d'Islay. Les survivants abandonnèrent le lieu pour toujours : Islay n'est plus aujourd'hui qu'un port fantôme.
Les rochers du port d'Islay à l'époque de Flora Tristan (gravure du 19e s.)
Cette portion de littoral, très rocheuse, présente une magnifique succession de criques et de calanques. A peu de distance de la Punta Islay, promontoire qui se dresse au Sud de Matarani, les Islas Loberas abritent une nombreuses colonies d'otaries et de loups de mer que l'on peut visiter en barque. Peu avant Mollendo, la crique et les récifs de Tinajones présentent le curieux spectacle de voûtes, d'arcs et de galeries creusées par la mer dans lesquels l'eau s'engouffre et ressort dans des geysers d'écume.
Mollendo
35 000 hab. - Arequipa 110 km.
12 km après Matarani, on parvient à Mollendo, principale station balnéaire de la côte sud du Pérou. La ville fut fondée en 1868 pour remplacer Islay. On y construisit une jetée et une ligne de chemin de fer, inaugurée en 1871, pour la relier à Arequipa. Le chemin de fer existe toujours, mais n'est plus voué qu'au trafic de marchandises. La ville est assez agréable et l'on trouve nombre d'hôtels pour toutes les bourses, mais attention, il faut réserver pour les week- ends en saison.Elle est dominée par son fameux "Castillo", folie des années 30 construite dans le style hispano-mauresque. Sa population se voit doubler, voire même tripler à l'époque des vacances : Mollendo est devenue le lieu de repos et de farniente préféré des aréquipéniens; en effet, depuis la jetée en direction du Sud, une succession de plages magnifiques de sable fin s'étend sur près de 35 km.
Mejia, 15 km plus au Sud est la station "chic" de Mollendo : sa longue plage est bordée de luxueuses résidences et de villas d'été, parmi lesquelles quelques belles maisons de style colonial et républicain, mais elle est à peu près déserte d'avril à décembre.
Lagunas de Mejia
6 km plus bas, en longeant la route du littoral, de grandes lagunes peuplées d'une grande variété d'oiseaux côtiers et migrateurs ont été érigées en réserve naturelle en 1984 sous le nom de Santuario Nacional Lagunas de Mejia, qui s'étend sur plus de 690 ha et constitue un paradis pour l'observation ornithologique. On y dénombre environ 70 espèces résidentes et plus de 80 espèces migratoires à différentes époques de l'année parmi lesquelles une quarantaine provenant d'Amérique du Nord, une quinzaine de la partie australe de l'Amérique du Sud et une petite dizaine des zones andines du Pérou et de la Bolivie. Un sentier de découverte de 8 km a été aménagé le long des lagunes, ponctué de plusieurs miradors d'observation (visites commentées à partir de Mollendo).
Au-delà de la réserve, la route du littoral se poursuit vers une autre plage réputée, la Punta de Bombón (31 km de Mollendo). De là, il faut remonter la vallée du rio Tambo, plantée de champs de maïs, de canne à sucre et de rizières jusqu'au carrefour de El Fiscal, pour retrouver la Panaméricaine Sud.
©Daniel DUGUAY
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