PACARITAMBO
Ce toponyme signifie littéralement, en quechua, "le gîte de l'apparition". Celle des Incas, venus sous terre de Tihuanaco après leur création, selon le mythe fondateur de la dynastie Inca.
Face au village de Pacaritambo, dans la province de Paruro au Sud-Est de Cuzco, se dresse un promontoire rocheux aux pentes abruptes qui porte le nom de Tamputoco : l'endroit appartenait, au 12e s. à l'ethnie des Masca. Le flanc de la falaise était percé de trois cavités : d'après la légende, les quatre frères Ayar et parmi eux Manco, sortirent par l'orifice central de cette grotte "aux trois trous", et par les orifices latéraux, les dix ayllus "gardiens" des Incas.
Au temps de l'empire Inca, le succès (encouragé) de ce mythe transforma la montagne de Tamputoco en un authentique sanctuaire où l'on célébrait des cérémonies politico-religieuses à la gloire de la dynastie régnante, dont elle représentait la huaca officielle par excellence, ayant tenu un rôle éminent dans la renaissance de l'ethnie Inca pour lui avoir servi de refuge après le long exode ayant suivi la chute de son ancienne capitale Taipicala (ou Tiahuanaco).

PACATNAMU
Sur la côte nord du Pérou, près de la petite ville de Pacasmayo (107 km au nord de Trujillo), entre le rivage et l'embouchure du rio Jequetepeque, on trouve les vestiges d'une antique ville de la culture Moche, puis du royaume Chimú, qui fut habitée à partir du 2e jusqu'au 14e s. et compta près de 50 000 habitants au moment de son apogée. Elle était construite en adobes et ceinte par une triple rangée de murailles. On y relève la présence de pyramides tronquées dont la principale dut servir de temple où l’on pratiquait des sacrifices : des restes humains et animaux y furent retrouvés. L’archéologue allemand Heinrich Ubbelohde-Doering, qui passa une bonne partie de sa vie à étudier le site (entre 1937 et 1963) pensait que Pacatnamú était le siège d’une divinité-oracle, un peu comme Pachacamac, près de Lima.

PACHACAMAC ( Temple de)

PACHACUTEC, INCA

Pacha Mama
La "Pacha Mama" qui signifie en quechua la Terre-Mère des hommes, des bêtes et des plantes, fut et est encore l'une des plus grandes divinités andines. Bien antérieure aux Incas, elle domine toutes les croyances et les religions naturistes de l'ancien Pérou, elle inspire tous les rites agraires. Elle est invoquée en tant que "patronne" de tout ce qui existe sur et sous la terre.
Les Incas la représentaient par une conopa, une statuette richement costumée de petits habits finement tissés par les femmes, lui parlaient, lui servaient des mets amoureusement cuisinés. En juillet, sa purification avait lieu et en août, le peuple jeûnait, marchait tête basse, récitant des incantations.
Aujourd'hui encore, le paysan andin ne saurait rien entreprendre sans rendre grâce à la Pacha Mama : il lui offre la tinka, ou "paiement à la terre" en lui versant quelques gouttes de chicha avec le doigt du milieu, ou en enterrant sous les fondations d'une nouvelle maison un foetus de lama séché qui se vend sur tous les marchés indiens et qui remplace les sacrifices d'animaux qui lui étaient jadis consacrés.La Pacha Mama est partout fêtée dans les Andes le 3 Mai. Des prières sont dites dans les églises à Santa Maria Pachamama. C'est une preuve du syncrétisme toléré, et même encouragé par l'église catholique depuis les débuts de la Conquête.

PACOPAMPA
Situé dans la province de Chota (département de Cajamarca), cet important gisement archéologique de la Période Formative se rattache principalement, par son iconographie, à la culture de Chavín. Il devait s'agir d'un temple ou d'un centre cérémoniel, si l'on en juge par les monolithes de caractère votif qui entourent le site.
Ce dernier est constitué structure pyramidale, composée de trois grandes plateformes échelonnées. Le temple, orienté vers l'Est, mesure 600 x 200 m, pour une hauteur de 35 m. Sur la première plataforme, subsiste des vestiges d'escaliers, de colonnes, ainsi qu'une corniche décorée de serpents sculptés en haut-relief. Il fut ^probablement édifié vers 900 avant J. -C.
L'art lithique de Pacopampa, étudié par Larco Hoyle en 1939, est illustré par plusieurs gros mortiers et surtout par un monolithe, soigneusement travaillé en haut-relief, connu sous le nom de "Félin de Pacopoampa, qui est conservé au Musée Larco Herrera à Lima.

PAIJÁN, Homme de
Le Paijanien est une culture préhistorique de la Côte Nord du Pérou connue depuis 1946-47 et les travaux du fameux archéologue Junius Bird, mais peu étudiée jusqu’en 1970-1975, date où des recherches menées par l’archéologue français Frédéric-André Engel permirent de découvrir,  80 km au Nord de Trujillo, dans la Pampa de los Fosiles, près du village de Paiján précisément, deux sépultures associées et des ateliers de taille lithique.
Sur le plan du squelette, le crâne de l’Homme de Paijan présente un profil droit strict, la mandibule en occlusion. Il appartient au type humain de race blanche appelé Caucasoïde, celui de la première vague de peuplement dans ces régions (-15000 à -10 000 ans).
Les sites où vécut l’Homme de Paiján sont presque tous en surface, mais l’érosion peu importante de cette région très aride a laissé de nombreux témoins de la vie de ces groupes humains qui furent parmi les premiers à habiter le désert péruvien.
Les datations permettent de placer cette culture à environ -10 000 ans, mais ne nous donnent pas d’indication sur sa durée. L’outil le plus caractéristique est une pointe ne pierre taillée de grande dimension possédant un pédoncule relativement fin et une extrémité perforante très étirée. Les habitats ont livré des restes de nourriture comprenant surtout des vestiges de petits animaux terrestres (lézards) et des poissons de mer, parfois de grande taille, qui ont pu être harponnés avec des lances ou des javelots armés avec ce type de pointes en pierre taillée. Divers indices permettent de penser que les Paijaniens étaient de petits groupes nomades, se déplaçant entre le littoral du Pacifique et le pied des Andes où une végétation plus abondante leur fournissait une nourriture végétale et carnée; l’agriculture leur était encore inconnue.

PAITITI
Ce nom désigne un mythe analogue à celui de l'El Dorado. Certains historiens suggèrent qu'une partie de la noblesse Inca s'était réfugiée, après la conquête espagnole, vers les hautes terres du versant amazonien de la chaîne andine, notamment dans son maillon le plus oriental, la cordillère de Pantiacolla qui borne le département de Cuzco du bassin du haut Madre de Dios, territoire aujourd'hui devenu Parc National et réserve des indiens Machiguenguas.
Quelques témoignages et récits de voyageurs isolés (dont l'authenticité n'a jamais été clairement établie) relatant la découverte d' objets en or dans des ruines oubliées au sein de la végétation dense qui recouvre la région, ont conduit des auteurs contemporains (parmi lesquels les français Nicole et Herbert Cartagena : "Paititi, dernier Refuge des Incas", R. Laffont 1981) à supposer que la cordillère de Pantiacolla aurait pu constituer - comme celle de Vilcabamba au Nord-Ouest de Cuzco - une terre d'exil et un bastion de survivance des derniers Incas, où ces derniers auraient pu accumuler les richesses qui avaient echappé aux Espagnols lors de la conquête. Ce foyer se serait ensuite éteint, en conservant tout son mystère.
Les diverses expéditions qui se sont succédé depuis une trentaine d'années n'ont jusqu'à présent abouti qu'à une seule découverte archéologique notable : la mise à jour en 1979 du site de Mameria, constitué de plusieurs bâtiments de forme circulaires construits en petit appareillage de pierre de style "pirca" , ensevelis sous une épaisse végétation, où ont effectivement été retrouvés des restes de céramiques et d' objets votifs typiquement incas.

PALLKA
Site archéologique de la vallée du rio Casma (côte Nord du Pérou) appartenant sans aucun doute à la Période Formative (à partir de 1500 avant J.-C.) et que Julio C. Tello considérait comme "une typique cité de la culture Chavín, érigée sur une plateforme naturelle".
Le temple en lui-même est un rectangle parfait mesurant 250 m de long sur 100 m de large. Dans le cimetière qui lui est contigu et dans les dépôts des couches superficielles, Tello découvrit, mélangé avec de la terre et du sable, une grande quantité de fragments de poterie fine ou utilitaire, des types les plus variés de la céamique de Chavin, la plupart du temps monochrome avec un ton foncé, ainsi qu'une spatule en os sur laquelle était gravée une tête de serpent-puma semblable à celle figurant sur le fameux Obélisque de Tello.

PALPA (lignes de)
A 410 km au sud de Lima, sur le plateau aride qui sépare la localité de Palpa et le rio Ingenio, ont été inventoriés en 1997 un ensemble de lignes et de géoglyphes (un millier au total) que l'on qualifie de "petites soeurs des lignes de Nazca", puisqu'elles se trouvent juste au nord de celles-ci. Depuis 1941, ces figures étaient déjà connues des grands spécialistes des lignes de Nazca, tels Paul Kosok, Hans Horkheimer ou Maria Reiche. L'une des plus grandes d'entre elles, un grand trapèze allongé s'achevant par le dessin d'un colibri, est d'ailleurs dénommée "l'oiseau de Kosok". La mission archéologique de 1997, menée par Johny Isla et Markus Reindel, en fit un relevé photogramétrique exhaustif, chose qui n'avait jamais été faite auparavant.
Ils en conclurent à une antiquité plus grande que les lignes de Nazca : celles de Palpa remonteraient au stade final la culture de Paracas (vers 200 après J.-C.) et à la différence des géoglyphes de Nazca, on y trouve surtout des figures anthropomorphes - peut-être des divinités mythologiques - généralement orientées vers les vallées des rios Grande et Palpa, pour être vues depuis ceux-ci. Selon les deux chercheurs, les géoglyphes de Palpa participeraient d'un culte rendu à l'eau et à la fertilité.
Un petit musée situé dans la mairie de Palpa présente des photos aériennes des géoglyphes ainsi que le résultat des trouvailles faites lors des investigations : poteries Nazca, flûtes, bijoux, offrandes funéraires...


Les lignes de Palpa : à g. "l'Oiseau de Kosok" - à dr. le "Calendrier solaire"

Panaca
Ce mot quechua peut se traduire par "lignée" ou "parenté". Les Incas avaient un système de filiation double, ou plutôt parallèle, qui peut nous paraître curieux : il existait, à l'intérieur de l'ayllu une descendance patrilinéaire et une descendance matrilinéaire; c'est-à-dire que les hommes étaient, semble-t-il, considérés comme descendant de leur père seulement et les femmes de leur mère.
Quant à la famille proprement dite, plus restreinte que la communauté, ses liens étaient bien sûr plus resserrés. Toutefois, les dénominations données à ses différents membres n'étaient pas les mêmes si elles provenaient d'hommes ou de femmes. Ainsi la mère désignait du même nom ses enfants de sexe différent tandis que le père distinguait le fils de la fille, appelant cependant de ce même nom de "fils" d'autres parents, tels que ses neveux. Les dénominations de "frère" et de "soeur" étaient souvent attribués à des cousins germains. Il arrivait même que l'Indien désignât des noms de "père, mère, frère , soeur" un parent quelconque.
La bonne compréhension de ce qu'était la panaca permet donc ne ne pas tomber dans l'erreur commise par les chroniqueurs qui prétendaient que l'Inca suprême aurait pu, par exemple, épouser sa soeur aînée.

PAÑAMARCA
A 150 km au sud de Trujillo, dans la basse vallée du Rio Nepeña, se dresse cette grande pyramide à degrés édifiée en blocs d’adobe par la culture Mochica, dont elle fut l’un des sanctuaires les plus méridionaux. Sa forme et son plan évoquent d’ailleurs les pyramides du Soleil et de la Lune, près de Trujillo. En 1958 on y découvrit d'extraordinaires fresques murales réalisées dans les tons ocre et rouge, représentant des cérémonies guerrières et religieuses, source iconographique précieuse pour l'étude de la culture Mochica. Elles furent hélas très endommagées par le séisme de 1970.


La pyramide de Pañamarca et la frise partiellement détruite en 1970.

El PARAISO (Temple de)
Ce site archéologique de la vallée du rio Chillon, proche de Lima, revêt une importance toute particulière dans l'histoire de la Période Formative sur la côte centrale, dont il constitue le premier grand centre cérémoniel connu (2000 ans avant J.-C.).
Adossé au flanc des collines qui dominent la rive gauche du rio Chillon près de son embouchure, ce formidable complexe architectonique est constitué par deux larges promontoires qui délimitent un espace central de170 x 500 m, qui semble être une aire vouée à des travaux agricoles, et par plusieurs édifices situés à l'extrême Sud de l'ensemble.
L'axe principal est orienté Nord-Est/Sud-Ouest, de façon à ce qu'un des côtés de l'espace ouvert se trouve face à la rivière et puisse capter les eaux d'un torrent. La construction des deux promontoires adjacents est faite de dalles de pierre qui forment des murs de soutènement pour le remblai intérieur. Celui de droite mesure 450 x100 m et celui de gauche 300 x 120 m, chacun faisant à peu près 3 m de haut. Sur leur sommet, subsistent les restes de constructions qui durent être l'habitat de la population vouée au culte. Ces habitats sont typiques de la Période Formative, construits sur un plan rectangulaire en murs de pierre et de boue schée. A l'Ouest du complexe, se trouvent trois monticules cérémoniels remontant à une période plus archaïque.

PARAMONGA
Situé à la sortie Nord de Pativilca (205 km de Lima) et dominant la route Panaméricaine, se dressent, sur une butte, les imposants vestiges couleur d'ocre de ce temple-forteresse érigé en épais murs d'adobes, qui servit probablement de poste avancé de l'empire Chimú. Datant d'environ 1000 ans, c'est l'un des édifices les mieux conservés de la Côte Nord du Pérou.
A l'intérieur d'une enceinte de 3 à 6 m de hauteur qui comportait un parapet et un chemin de ronde, se trouvent trois énormes terrasses superposées qui épousent les accidents du terrain, mais avec des saillants aux angles dont l'un, formé de deux terrasses étagées, est particulièrement important. Ces trois plate-formes étaient reliées entre elles par des rampes.
Des édifices ruinés occupent en partie les terrasses; sur la seconde, large de 10 m, se trouvent des salles où furent mises à jour des peintures murales en damiers rouges et jaunes. Sur la plateforme supérieure, subsistent ce que l'on suppose avoir été les logements des prêtres qui desservaient le temple, sans doute consacré au Soleil à partir de la domination Inca dans la région.
A quelque distance de là, près du rivage, un piton rocheux servait de mirador pour surveiller à la fois la mer et l'intérieur des terres.


A g. : vue de la forteresse de Paramonga, depuis la route Panaméricaine - A dr. : l'adoratoire du Soleil à Paramonga (photos D. Duguay)

Paramos
On appelle ainsi les grands espaces couverts de touffes de graminées, l' ichu, s'étendant sur les pentes des Andes, entre 3500 m et 4500 m d'altitude. Immédiatement au-dessus de cet étage écologique, se trouve la puna. Selon une chanson quechua : "seul y vole le condor et y court la vigogne".

PARIACACA (Nevado)
A 43 km de La Oroya, au carrefour de Pachacayo, une piste (seulement accessible aux véhicules 4x4) escalade le versant nord-est de la cordillère de Yauyos et s'achève à la hauteur de plusieurs lagunes entourées par un grand cirque glaciaire où s'élèvent plusieurs sommets dépassant les 5000 m parmi lesquels se détache la pyramide effilée et étincelante du nevado Pariacaca, qui comme le Huascarán, présente un pic nord (5700 m) et un pic sud (5750 m). Sous le règne de Tupac Yupanqui, les Incas aménagèrent ici un tronçon du Capac Ñan, ou chemin de l'Inca, qui reliait la vallée du Rio Mantaro près de l'actuelle Jauja à Pachacamac, en passant par Huarochiri. Il en reste de remarquables vestiges, notamment un grand escalier de près de 2000 marches pour 330 m de dénivelé, dénommé Escalerayoc. A proximité du chemin, on trouve une grotte appelée Cuchimachay, ornée de peintures rupestres bien antérieures à l'époque incaïque. Il se pourrait qu'elle ait été le sanctuaire ou l'adoratoire consacré à l'apu Pariacaca par les toutes premières peuplades de la Cordillère centrale.

Avec le lac Titicaca, Cuzco et l’oracle de Pachacamac, le nevado Pariacaca était l’un des quatre lieux sacrés de la cosmologie andine. L’apu symbolise pour le peuple andin une divinité associée à la montagne. L’apu Pariacaca était le dieu à l’origine de toutes les rivières qu’il libère, à la fois régulateur de tous les phénomènes météorologiques, et insufflant la fertilité aux plantes, aux animaux et aux hommes. Son culte avait pris une telle ampleur que les seigneurs de la côte et ceux de la sierra alors en conflit, s’accordèrent une trêve durant la célébration des fêtes religieuses où tout l’empire vénérait l’apu. Chaque année, des caravanes de pèlerins s’organisaient pour rejoindre les hauts plateaux de la Cordillère centrale et effectuer des sacrifices ou y distribuer des offrandes au pied de son glacier comme du maïs, de la chicha, des feuilles de coca ou des fœtus de lama…
Avant l’arrivée des Espagnols, des prêtres étaient chargés de l’organisation des rites. Désignés par leur dieu, ils observaient le ciel du haut d’un mur construit à cet effet selon des règles très précises. En juin quand le soleil atteignait le mur, le signal était alors donné aux chasquis, les infatigables messagers de l’empire, d’informer les provinces du jour prochain de la célébration. Aujourd’hui, seules quelques familles de Huarochiri et Tanta observent encore la tradition et partent une fois dans l’année déposer leurs offrandes au pied d’une apacheta –monticule de pierres- disposée au sommet d’une colline d’où l’on aperçoit les glaces du Pariacaca.
Stéphane VALLIN.

PEROU (étymomogie)
Le nom "Pérou" donne lieu à plusieurs interprétations. Paul Rivet et d'autres savants se sont penchés sur le problème de son origine; personne ne l'a jusqu'à présent résolu. L'hypothèse la plus sensée est celle donnée par Linné - qui la tient probablement d'un chroniqueur inconnu : Linné pense que l'usage s'est imposé de désigner par le nom d'un cacique de la région du Darien, du Choco ou de l'Atrato, un certain Piru ou Pirua , tous les territoires explorés par Pizarro et ses compagnons, et situés au Sud du septième parallèle."
Selon Julio C. Tello, il dériverait de Pirwa (mot Arawak ?) et signifierait "Pays de l'abondance".

PIQUILLACTA
Cette vaste agglomération en ruines, située au bord de la route Puno-Cuzco, à 32 km au sud-est de celle-ci, est formée de nombreux bâtiments sans doute destinés, pour la plupart, à servir de silos, ou collcas. Pour le tracé de ses enclos empierrés, par le type de construction de ses murs en petit appareil de pierre et de boue et par les trouvailles archéologiques qui y ont été faites, notamment des lithosculptures anthropomorphes antérieures à l'époque inca, Piquillacta est généralement considéré comme un établissement remontant à l'époque Tiahuanaco-Huari, ce qui n'exclut pas une occupation et un réemploi ultérieur du site par les incas. D'ailleurs, c'est à 1 km plus au sud qu'ils édifièrent le tambo de Rumicolca qui servait également d'entrepôt, mais aussi de poste de contrôle fortifié sur la route du Collao (l'altiplano, division méridionale de l'empire).

PIQUIMACHAY (Grotte)
Au milieu de la Cordillère centrale, la région d’Ayacucho fut peuplée dès l’époque du Pléistocène par des groupes de chasseurs nomades, vers 25 0000 avant notre ère. Sur la route reliant Ayacucho à Huanta, on aperçoit l'ouverture de la Cueva de Piquimachay (alt. 2850 m) dont les chercheurs estiment qu'elle abrita les tous premiers habitants semi-sédentarisés des Andes, entre 22 000 et 18 000 ans avant J.-C. Découverte par le paléontologue américain Richard Mac Neish en 1969, cette grotte a livré un important outillage lithique de basalte et de silex, des restes d'ossements humains et d'animaux préhistoriques, tels le tigre aux dents de sabre et le paléo-lama, de la famille du guanaco. Mc Neish donna à ce Paléo-Américain le nom d' "Homme de Pacaicasa", du nom du village qui se trouve dans les environs immédiats de la grotte.
L’homme de Pacaicasa
On a relevé dans la grotte de Piquimachay des traces d’occupation humaine s’étalant sur près de 10 000 ans. Dans un stade ultérieur, entre 4500 et 3500 avant J.-C. l’Homme de Pacaicasa réussit à domestiquer, en plus du lama, le cochon d’inde (cuy) à la viande savoureuse. Ce n’était plus seulement un nomade cavernicole, mais un horticulteur qui cultivait déjà la quinua, la calebasse, le mate, le piment et l’achiote, graine rouge utilisée comme colorant. A partir de 2500 avant J.-C., de petites communautés d’agriculteurs se fixent sur les rives des Rios Huarpa et Mantaro, où elles prospèrent : c’est vers cette date qu’on fixe l’apparition, dans la région d’Ayacucho, de la céramique, du tissage, ainsi que les premières traces d’agglomérations sédentaires en dur.

PISAC (ou PISAQ)
Le bourg actuel de Pisac qui fut fondé à l'époque coloniale - d'où son plan en damier - sur la rive droite du rio Vilcanota (qui devient le rio Urubamba plus en aval) est une des grandes curiosités des environs de Cuzco. Le marché du dimanche, bien qu'envahi de touristes, demeure haut en couleurs : on peut y apercevoir les varayoks (chefs de communautés indiennes des alentours) en grand costume et portant leur vara (bâton de commandement orné d'anneaux en argent) qui sortent de la messe, traditionnellement dite en quechua.

Les Incas y avaient bâti, sur les cerros qui dominent le bourg, une llacta (capitale de province) très étendue, avec un quartier sacré et ses nombreux temples et lieux de culte, dont un Intihutana (ou observatoire solaire), des andenes (terrasses de culture) qui sont parmi les plus remarquables du Pérou, des quartiers d'habitations réservés aux agriculteurs, et enfin des pucaras (sortes de bastions ou de forteresses), l'ensemble étant disséminé sur des montagnes escarpées. protégées naturellement par de profonds ravins.

Les ruines de la ville inca s'étendent sur les flancs d'un corne dominant la rive droite du rio Vilcanota, canalisé par la régularisation du lit du fleuve à l'époque précolombienne, afin d'éviter les débordements des crues sur les terres arables, très fertiles, qui s'étalaient sur 1 à 2 km de chaque côté (mais qui n'ont pas suffi à arrêter les dramatiques inondations de février 2010). Ce cerro, accessible par un sentier depuis le bourg colonial et moderne de Pisac, aux versants abrupts, a été modelé pour procurer aux habitants de la ville incaique des terrains de culture étagés en terrasses et des esplanades pour bâtir leurs maisons et leurs lieux de culte. Ces andenes étaient pourvues de canalisations, parfois souterraines, assurant l'irrigation et l'alimentation en eau potable.


Cultures en terrasses, ou "andenes" incaïques à Pisac - Murailles du quartier sacré (photos D. Duguay).

Porte du Soleil v. page TIAHUANACO

Précéramique et proto-céramique (stades)
Le stade de civilisation dit de la "Précéramique" correspond, pour certains archéologues du Pérou ancien, à ce que d'autres nomment "sociétés des Premiers Agriculteurs" et se situe donc entre le stade des "Chasseurs primitifs" et ce que l'on appelle la Période Formative. L'archéologue péruvien F. Kauffman Doig en donne la définition suivante :
"Vers 4000 ans avant J.-C. ou même avant, apparaissent les premiers signes de l'agriculture. Celle-ci est encore de type rudimentaire, mais marque l'avènement d'une nouvelle époque, dénommée traditionnellement Précéramique. L'homme du Précéramique parvint à connaître des méthodes simples de tissage et, avec le temps, l'usage du coton. De cette époque datent les premiers villages, qui sont la conséquence d'une économie basée sur les cultures sédentaires. Il n'était plus nécessaire de changer de lieu pour rechercher l'aliment indispensable. (...) L'étape suivante est un prolongement de la culture Précéramique où l'on voit apparaître déjà une céramique initiale. Nous l'apellerons époque Proto-céramique. Cette forme de société, comme les précédentes, est caractérisée par l'existence d'un statut social primitif, qui disparaît seulement à l'avènement de la culture Chavin, vers 800 ou 1000 avant J.-C."
Le pionnier des recherches dans ce domaine fut Junius Bird, du Musée d'histoire naturelle de New-York, par ses fouilles sur la Côte Nord à Huaca Prieta (1500 à 500 avant J.-C.) et ses premières études sur les ateliers lithiques de Paijan et de Pampa de los Fosiles (1946-1947), où il établit les caractéristiques de l'Homme de Paijan (-10 000 ans). Les travaux de Bird apportèrent les preuves de l'existence d'un long développement culturel ayant précédé la connaissance du maïs et de la céramique.
Plus tard, le dégagement en 1963, par une mission japonaise, du temple de Kotosh (2200 avant J.-C.) et surtout les fouilles menées sur le site de Caral en 1995-2003, au nord de Lima, ont révolutionné l'idée que l'on se faisait de cette période, laissant apparaître des réalisations urbaines de dimensions imposantes, aux plans déjà très sophistiqués.

PUCA PUCARA
Située à 7 km de Cuzco, cette petite forteresse munie de tours et de terrasses est surnommée la "forteresse rouge". Elle se dresse au sommet d'une colline dominant l'une des voies d'accès à la capitale de l'empire Inca, et non loin des bains de Tambomachay. Elle devait servir de poste à la garde de l'Inca, lorsque celui-ci allait prendre les eaux.

PUKARA
Le site archéologique de Pukara (ou Pucará dans sa graphie moderne), dans la région du lac Titicaca, à 3950 m d'altitude, qui regroupait six structures pyramidales aujourd'hui presque entièrement arasées, a donné son nom à une culture pré-incaïque de la Période Formative qui aurait fleuri entre 250 av. J.-C. jusqu’à 350 de notre ère. De nombreuses campagnes de fouilles ont permis d'en extraire de beaux exemplaires de sculpture lithique ainsi qu'une céramique à la finition magnifique et de très grande valeur artistique. On pense qu'il s'agit du plus ancien centre cérémoniel et urbain érigé sur l’altiplano. On pense généralement que c’est cette culture qui donna naissance à celle de Tiahuanaco.

Les premières fouilles du site de Pukara commencèrent en 1939, menées à l’époque par Alfred Kidder. De plus récentes explorations permettent de préciser l'étendue de ce site : 4 km2, en partie sous le village actuel de Pucará. La zone cérémonielle compte six structures pyramidales mais il existait trois autres pyramides, aujourd'hui presque complètement arrasées.
L’édifice princpal est dénommé le “Temple blanc et rouge”, construit en grands blocs de pierre rouge, il présente un côté ouvert à l’Est, où s’étend une cour quadrangulaire délimitée par de fines dalles de couleur blanche. On relève des traces de chaussées reliant les constructions les unes aux autres. .
On a également retrouvé à Pucara des statues et des stèles. Les statues-monolithes ressemblent moins à des piliers que celles de Tiahuanaco. Elles représentent en général un homme habillé d’une culotte et coiffé d’une sorte de bonnet, armé quelquefois d’un couteau et brandissant une tête-trophée. Les stèles, qui sont fréquemment dotées d’une marche sur un des côtés, portent, gravés ou sculptés, une figure d’animal, sorte de lézard avec un anneau au-dessus de la tête ou des dessins géométriques : carrés, croix, zigzag, losanges et chevrons, rappelant les motifs des tissus.
Le Musée lithique de Pucará situé sur la plaza de Armas, rassemble dans ses salles et dans le jardin une intéressante collection de statues-monolithes et de céramiques de la culture Pukara. Les pièces les plus intéressantes sont la stèle de la pluie (ou de la foudre), monolithe de 2 m de haut présentant une tête de puma sur un corps de posson, le monolithe du Degollador (décapiteur), dit aussi Hatun Ñakaj, un personnage assis à l’expression cruelle, tenant une tête coupée d’une main et une arme de l’autre, enfin le monolithe du Devorador représente un personnage nu aux côtes saillantes dévorant un enfant...

Pukara à l'origine de Tiahuanaco
L'opinion initialement formulée par l'archéologue Julio C. Tello selon laquelle on se trouvait à Pukara devant les antécédents de la culture de Tiahuanaco fut validée ensuite par d'autres chercheurs de renom tels que Kidder, Kroeber et Bennett (entre 1943 et 1948) et par des datations au carbone 14 effectuées à la fin des années 1950.
On sait aujourd'hui que la culture Pukara marqua pour la première fois, dans le bassin septentrional du lac Titicaca, la domination quasi-complète du milieu ambiant par l'homme qui parvint à contrôler toutes les ressources naturelles disponibles et même à en créer de nouvelles. Les premières terrasses de culture à étages, étayées par des murs de soutènement en pierre - qui n'étaient peut-être encore réservées qu'à des récoltes "rituelles" - apparaissent à cette époque, de même que l'ingénieux système des camellones ou waru-waru qui permettaient l'agriculture sur les vastes étendues inondables des abords du lac. On peut y ajouter l'achèvement de la domestication de l'alpaca et le commerce de sa laine sous forme brute ou tissée. Celle-ci remplissait un rôle déjà important dans l'économie andine et faisait l'objet d'échanges à longue distance.
Pukara vit sans doute aussi les débuts de l'ingéniérie hydraulique avec l'aménagement d'acqueducs et de canaux destinés à l'irrigation agricole. Ces techniques allèrent en se perfectionnant jusqu'à atteindre leur développement optimal durant l'apogée de la culture de Tiahuanaco (de 500 à 1200 de notre ère). Dès lors, les habitants de l'altiplano organisés en centres sédentaires commencent à contrôler les différents étages écologiques en établissant des colonies permanentes dans les vallées interandines de Cuzco, Arequipa et Moquegua sur le versant occidental des Andes. Les technologies architecturales, agricoles et hydrauliques nées à Pukara servirent ensuite de base aux développements ultérieurs de la culture de Tihuanaco-Wari et de la civilisation inca.

PUNKURI
Site archéologique de la vallée du rio Nepeña (côte Nord du Pérou), appartenant à la Période Formative (à partir de 1500 avant J.-C). Occupant une superficie de 1200 m2, c'est un vaste temple en forme de pyramide tronquée étagée sur quatre  niveaux construits en blocs d'adobe et reliés entre eux par des escaliers. Fouillé par Julio C. Tello en 1933, ce dernier y découvrit une décoration ornementale de  têtes humaines et de représentations de félins typiques de la culture Chavín de la côte, dite plus tard Cupisnique, dont le fameux Jaguar de Punkurí, idole représentant un jaguar assis, muni d’une grande gueule ornée de crocs, les pattes ouvertes montrant les griffes. Cette idole portait des traces de polychromie : on peut en voir une reconstitution dans le petit musée du site. A sa base, a été retrouvée la tombe d'une femme qui avait sans doute été sacrifiée. Dans des chambres semi-souterraines ont été mis à jour des murs d'adobe recouverts d'argile qui portent des dessins et des peintures dans le style de Chavín.
L'une des figures les plus remarquables que l'on y trouve, est une idole qualifiée par Tello d"ornithomorphe", peinture murale polychrome d'une grande richesse de détails, qui représente une divinité tenant à la fois du poisson et du félin et dont certains motifs iconographiques se retrouvent sur le fameux Obélisque Tello.

Puquio
Canal d'irrigation semi-souterrain, récupérant les eaux affleurant de la nappe phréatique pour irriguer les terres arides. Cet ingénieux système hydraulique fut inventé et mis au point par la culture côtière de Nazca, avant l'arrivée des incas. Les hommes de Nazca avaient creusé tout un réseau de canaux très profonds, parfois même souterrains pour amener les eaux dans des réservoirs lorsque les rivières de surfaces étaient asséchées. Certains de ces tunnels - forés entre 5 et 10 m de profondeur - étaient percés à intervalles réguliers de regards qui permettaient de s'y glisser pour effectuer des travaux de nettoyage. Ces ouvrages étaient maçonnés pour diminuer le filtrement de l'eau : ils sont encore pour la plupart en service aujourd'hui et permirent à la population de Nazca d'être approvisionnée en eau potable lors du tremblement de terre de 1986, alors que le moderne réseau de surface était hors d'usage. Ceux que l’on peut voir in situ à Cantalloc (sortie sud de Nazca) sont enterrés à une profondeur de 3 à 6 m et pavés de galets. Ils sont toujours utilisés par les agriculteurs locaux.

Un puquio, ou acqueduc semi-souterrain à Cantalloc, près de Nazca

PURUCHUCO
v. page : Lima préhispanique

Purumachus
Nom donné aux sépultures pré-incaïques de la région de Chachapoyas, présentant des momies sous forme de grands sarcophages anthropomorphes en boue séchée, disposés en position debout, le plus souvent serrées les unes contre les autres dans des niches, soit naturelles, soit creusées dans de hautes falaises escarpées dominant les vallées.
Les momies se trouvent à l'intérieur de ces sortes de statues; les têtes ou masques décoratifs - également en boue séchée - sont scellées au dessus du sarcophage et décorées d'une sorte de coiffe ou de casque, ce qui laisse à penser qu'il devait s'agir de sépultures de dignitaires ou de chefs guerriers.
Elles furent signalés pour la première fois par le suisse Adolphe Bandelier, en 1893. Le site le plus connu est celui des "tombes perchées" de Karajia, près de Lamud, au nord-est de l'actuelle ville de Chachapoyas. Elles ont ensuite été étudiées par l'archéologue F. Kauffman Doig, qui a réalisé sur le sujet de nombreux reportages photographiques et a mis en lumière des influences provenant de la culture de Recuay (Callejon de Huaylas) et de Tiahuanaco-Huari.

Karajia (photo Instituto de Arqueología Amazónica)


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©Daniel DUGUAY / dduguay@club-internet.fr


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