Obélisque TELLO
Cette colonne de pierre, qui porte le nom de celui qui la mit à jour, l'archéologue Julio C. Tello, est l'un des monuments emblématiques du temple et de la culture de Chavín. De coupe rectangulaire et mesurant 2,50 m de haut, ses quatre faces sont entièrement couvertes de bas-reliefs. Les deux figures centrales sont celles d'une divinité féline, mais le dessin en est plus complexe et plus fouillé que sur aucune autre sculpture de Chavin. Divers éléments figuratifs ont été juxtaposés de façon à former deux représentations similaires, occupant chacune deux faces, mais asymétriques et non identiques.
OCUCAJE
Appellation aujourd'hui fameuse pour ses vignobles situés près d'Ica, Ocucaje est le nom d’un oasis agricole (310 km au sud de Lima) bordé d'immenses zones sableuses qui forment la partie sud du désert d’Ica. Dans les années 50, des chercheurs de l’Université de Californie de Berkeley ont étudié les poteries qui provenaient des sites de cette région à partir desquelles ils ont établi une séquence des poteries Paracas. L’appellation Paracas-Ocucaje, dite encore Ocucaje-Ica ou Paracas-initial (800-500 av. J.-C.) lui a été donnée par ces chercheurs afin de la distinguer des autres séquences chronologiques de Paracas formulées par J.C. Tello. Les huit premières phases de la séquence présentent des caractéristiques Chavín, surtout dans le registre iconographique, tandis que les deux dernières, contemporaines de celles que Tello avait appelées « Cavernas » et « Necrópolis », entrent dans la période que les archéologues appellent traditionnellement « la période de transition » à laquelle doit aussi être ajoutée la phase dite « Nazca 1 » et les phases reconnues d'une culture dite Topará.
Le désert d'Ocucaje est également connu pour être l'un des plus grands cimetière de fossiles marins de la côte du Pérou, où il n'est pas rare de trouver dans le sable des restes de baleines, de requins géants, de mégalodons, de tortues et de crocodiles marins, espèces vieilles de 20 à 3 millions d'années. A la charnière des ères tertiaire et quaternaire, le secteur d'Ocucaje était une vaste baie immergée de faible profondeur (30 m selon les estimations). La découverte la plus sensationnelle en 2008, fut celle d'une mâchoire de baleine géante, dont l'une des dents mesurait 36 cm de long, soit deux fois la taille de celles des tyrannosaures. L'animal fut baptisé le "Leviathan de Melville", double hommage au monstre marin de la Bible et à l'auteur de Moby Dick!
OLLANTAYTAMBO
A côté d'une bourgade moderne, fondée par les Espagnols au 16e s. selon un plan tracé au cordeau (comme Pisac), s'étend un complexe urbain, militaire et religieux, constitué de quartiers d'habitations et d'une puissante forteresse qui se dresse sur un dispositif de gradins et dont la construction fut interrompue par l'arrivée des Espagnols en 1536. Elle était alors occupé par Manco II et ses troupes, après l'échec de sa tentative pour reprendre Cuzco; il alla ensuite se réfugier dans la cordillière de Vilcabamba jusqu'à sa mort.
Au sommet des terrasses, la forteresse d'Ollantaytambo est constituée d'un labyrinthe de bastions défensifs délimité par une enceinte de 4 í 6 m de hauteur, dans laquelle s'ouvre un portique permettant l'accès í la ville haute. Sur cette esplanade aux rebords escarpés, on découvre un centre cérémoniel entouré d'une muraille percée de niches trapézoidales, mais surtout un extraordinaire ensemble constitué de six blocs cyclopéens de porphyre en forme de dalles, sculptés d'un motif géométrique en bas-relief et dressés à la verticale, devant servir de soubassements au Temple du Soleil et qui constituent sans aucun doute l'une des réalisations les plus remarquables de l'architecture inca. Ces blocs proviendraient d'une carrière située sur le versant opposé de la montagne, où ils auraient été taillés sur place avant d'être hissés jusqu'au chantier à la force des bras : on croit reconnaître les traces de frottement que les cordes ont laissées sur les pierres.
Plus haut, un chemin conduit à un groupe isolé formé de plusieurs constructions dont l'une est pourvue de niches à l'intérieur. Il s'agirait probablement de l'Intihuatana, ou observatoire solaire.
Le drame d'Ollanta
Ollantaytambo signifie en quechua le"Relais d'Ollanta". D'après la légende, Ollanta fut un l'un des plus vaillants capitaines des armées de l'Inca Pachacutec. Celui-ci, pour l'honorer le nomma gouverneur de l'Antisuyo, l'une des quatre provinces de l'empire. Mais Ollanta était fort épris de la princesse Cusi Coyllur, la fille de Pachacutec. Aussi la demanda-t-il en mariage à son père, car entretemps, les deux amants avaient commis l'irréparable. Pachacutec refusa avec hauteur : quels que fussent les mérites d'Ollanta, il n'était pas de sang royal et - selon les règles de l'Empire - ne pouvait en aucun cas prétendre à la main de sa fille. Déçu et amer, Ollanta se retrouve exilé. Il commet alors le sacrilège absolu de se rebeller contre son maître et à la tête de sa petite armée, met en déroute les troupes que Pachacutec envoie contre lui. Pendant ce temps, la douce Cusi Coyllur, recluse dans l'acclahuasi de Cuzco, met au monde l'enfant qu'elle a eu d'Ollanta, une fille qu'elle appelle Ima Sumac.
Quelque temps après, le rusé capitaine Ruminahui qui poursuit toujours Ollanta, parvient à s'en emparer par la ruse et la trahison. Le captif est ramené ligoté à Cuzco, mais ô surprise, pendant le temps du voyage, Pachacutec est mort et son âme s'est envolée vers son père le Soleil. Son fils Tupac Yupanqui est montré sur le trône et pour inaugurer son règne, il offre le pardon et la liberté à Ollanta, lui permettant - dans un geste d'une magnanime grandeur - d'épouser sa princesse de soeur. Le mariage est célébré dans une grande liesse populaire sur la grand-place de Cuzco, en présence de l'empereur.
Cette belle histoire d'amour fut interprétée et transmise entre les indiens par voie orale jusqu'à ce qu'un curé de la région de Sicuani la couche sur le papier, en quechua, vers 1770. Elle fut ensuite traduite en espagnol et dans d'autres langues. C'est la seule oeuvre dramatique de l'époque inca qui nous soit parvenue. Tous les ans, dans le décor même du site d'Ollantaytambo, une reconstitution du drame en costumes d'époque attire une grande affluence: c'est l'Ollanta Raymi, qui a traditionellement lieu début Juin, soit trois semaines avant l'Inti Raymi.
Orejones
A leur arrivée au Pérou, les Esapagnols utilisèrent cette expression pour caractériser les nobles Incas. Chez les hommes en effet, l'Inca lui-même et ceux de sa caste, il était coutume de porter de lourds pendentifs en or aux oreilles. Celles-ci étant préalablement percées, puis déformées par le poids des boucles, présentaient ainsi un lobe passablement agrandi. Le terme "orejones" fut ensuite employé par les chroniqueurs pour désigner les membres de la classe dirigeante du Cuzco, qu'il s'agisse de l'Inca, de ses parents, de ses ministres ou en général de l'aristocratie Inca.
Oroya
Mot espagnol : une oroya était une sorte de panier monté sur poulie et suspendu à un câble qui servait à traverser les rivières, là où l'on n'avait pu construire de pont. Ce système existait déjà au temps des Incas; il fut repris par les Espagnols et perdure encore aujourd'hui dans la plupart des pays andins.
OTUZCO (Ventanillas de)
Située à 8 km au nord-est de Cajamarca, au flanc d'une colline dominant la verdoyante vallée du Rio Chonta, cette nécropole rupestre pré-incaïque est l'une des curiosités archéologiques les plus notables de la région de Cajamarca.
On y découvre des centaines de tombes à niches, de forme carrée ou rectangulaire, creusées dans la paroi rocheuse sur plusieurs étages, d'où le nom de "ventanillas" (petites fenêtres). Leurs ouvertures, aujourd'hui béantes, étaient à l'époque précolombienne recouvertes de plaques en or ou en argent, qui furent saccagées au temps de la Conquête.
Les niches funéraires y sont de deux types : certaines sont de simples cavités creusées dans le roc, l'ouverture directement orientée vers l'extérieur; d'autres, plus complexes, présentent un corridor profond de 6 à 8 m, à l'intérieur duquel se distribuent plusieurs niches de part et d'autre. Le corridor le plus profond ne présente pas moins de 13 niches. Dans ce cas, il devait s'agir de tombes de personnages importants.
L'âge de cette nécropole parait correspondre au développement de la culture de Cajamarca, soit entre 600 et 1200 après J.-C., date de sa disparition et de son assimilation par l'empire Inca. Dès cette époque, il semblerait que la nécropole ait été abandonnée.
OYOTÚN (Condor de)
Près du village d'Oyotún (50 km au Nord de Trujillo), sur la rive droite du Rio Zaña et sur les falaises du Cerro del Aguila, se trouve une figure anthropomorphe de Condor, formé d'une mosaïque de pierres de différentes couleurs mesurant 60 de haut sur 59 de large. Il remonte probablement à l'époque Formative et serait vieux de 2500 ans. C'est l'un des plus grands pétroglyphes connus du nord du Pérou. Non loin de là, sur des contreforts dominant la rive gauche du Rio Zaña, on trouve un autre grand pétroglyphe contemporain du précédent, dénommé El Búho (le Hibou) mesurant quant à lui 65 m de haut sur 23 m de large. Il s'agit en fait d'une représentation magico-religieuse où se mêlent des attributs de créature humaine, de félin et d'oiseau. De par leur iconographie, les deux figures sont considérées par les archéologues comme appartenant à la phase initiale de la culture de Chavín.
Le Condor de Oyotún
©Daniel DUGUAY / dduguay@club-internet.fr