Fardo funéraire
Sorte de sarcophage de toile enveloppant généralement une momie (ou plusieurs), ou un simple "enterrement symbolique". Le fardo est composé d'un nombre plus ou moins grand de pièces de toile de coton blanc, de tuniques (coton ou laine teints), peintes ou brodées, d'unkus en plumes de perroquets, et de filets de totora. Certains sont surmontés de "fausses têtes" (Lima, Ancón) ou de masques de bois taillé. Le fardo péruvien contient en général des bourses à coca et graines magiques, des épis de maïs, des feuilles de pacae, parfois une peu de bête (renard), un chien ou un oiseau momifié, des bijoux et ornements, flûtes d'os ou de roseau, etc.
Les plus magnifiques exemples de tissus funéraires recouvrant les fardos furent découverts dans les nécropoles d'Ancón, au nord de Lima, par les Allemands Reiss et Stubel entre 1874 et 1880 et plus tard par Julio C. Tello, à partir de 1925, dans les sables de la péninsule de Paracas.

Fardo funéraire de la culture Wari (vers 1100)


Fardo funéraire de Paracas

FELIPILLO
Les Espagnols baptisèrent de ce nom un indien qu'ils prirent à Tumbes lors du second voyage de Francisco Pizarro (1526), en compagnie d'un second qui reçut le nom de Martinillo, afin de leur apprendre la langue castillane et de les faire servir, plus tard, d'interprètes.
Le chroniqueur Herrera, affirme que Francisco Pizarro emmena Felipillo en Espagne, lorsqu'il alla signer les Capitulations de Tolède en 1529. La quasi-totalité des chroniqueurs mettent en avant son attitude très défavorable à l'Inca Atahualpa, lors de sa captivité à Cajamarca : hostile à la caste des Incas, Felipillo aurait feint de mal traduire certains propos de l'Inca, malveillance qui contribua certainement à sceller son destin.
Plus tard, lors de l'occupation espagnole de Cuzco, il semblerait que Felipillo ait pris le parti de Manco Inca qui tramait un soulèvement général contre les conquistadors. Sa trahison initiale ne lui profita guère : il fut finalement capturé, puis éxécuté.

GALLINAZO
La période culturelle de Gallinazo, ou période de Virú, du nom de la vallée côtière du Nord-Pérou où elle fut étudiée, se développa entre 300 avant J.-C. et 500 après J.-C.. Elle appartient aux débuts de la Période Formative et fut à la fois antérieure et contemporaine de la culture Mochica. Dans le style, elle se caractérise par une céramique décorée en négatif, possédant de nombreux traits communs avec la céramique du type Recuay et Vicús.
Les installations humaines de la période Gallinazo prennent définitivement la forme de villages, certains s'élèvent sur une éminence naturelle et consistent en larges agglomérations de bâtiments. D'autres se regroupent autour d'une pyramide et sont donc des centres religieux et peut-être aussi administratifs. Les demeures sont construites en adobes, les adobes coniques des premières époques faisant place successivement aux adobes rondes puis aux rectangulaires, quand elles ne sont pas remplacées par le matériau employé sous la forme brute qu'on appelle tapia.
C'est aussi vers cette époque que se développèrent dans le nord du Pérou la construction de canaux d'irrigation : on retrouve encore, ici et là, des parcelles de terrain reliées entre elles par d'étroits canaux.

GARAGAY voir page : Lima préhispanique

GRAN PATAJEN
De tous les grands sites pré-incaïques du Pérou, celui du Gran Patajen (également nommé El Abiseo), dans la région du Haut-Marañon, est certainement le moins connu du grand public pour son isolement et sa difficulté d'accès, puisqu'il faut compter plusieurs jours de marche pour l'atteindre.
Découvert en 1963, à demi enseveli sous une épaisse végétation, et récemment étudié en 1985-1987, il est formé de constructions circulaires élevées sur une colline en demi-lune, sur le versant oriental de la zone selvatique et montagneuse qui sépare le cours du Rio Marañon de celui du Rio Huallaga.
Ces édifices circulaires, dont les diamètres varient entre 2 et 15 m, s'élèvent sur des terrassements empierrés et sont construits sur deux niveaux mesurant au total 4 m de haut. Les dalles de pierre crayeuse formant les parois étaient asujetties par de la boue séchée. Une corniche en saillie marque la séparation des deux étages. On y accède par des escaliers de pierre, des vestiges de chemins pavés les relient entre eux, serpentant entre les courbes de niveau de la colline.
La renommée et la valeur du site sont dues à la décoration -unique en son genre- des murailles extérieures des parties basses de chaque édifice, ornés à profusion de motifs géométriques ou anthropomorphes, dont la figure la plus emblématique est un personnage accroupi, aux bras écartés, la tête surmontée d'une large coiffe. La figure du personnage est une cabeza-clave (tête sculptée et enfichée dans la paroi en forte saillie, comme à Chavin); tous ces élements décoratifs ayant été éxécutés en granit rose.


Oiseau stylisé du Gran Patajen

On associe en général les ruines du Gran Patajen à la culture des Chachapoyas, qui édifièrent plus au nord la formidable forteresse de Kuelap, bien que l'on trouve ici des influences plus anciennes, notamment des cultures du Callejon de los Conchucos, elles-même héritières tardives de la civilisation de Chavín.

Guanaco
Auquénidé, proche parent du lama dont il est en fait l'ancêtre; il fut l'un des principaux aliments des peuples des Andes et des hauts plateaux depuis les chasseurs primitifs jusqu'à l'époque des incas qui l'appréciaient fort pour sa viande.

Guano
Engrais composé d'excréments d'oiseaux marins ou guaneros , particuliers aux côtes péruviennes. Une cinquantaine de millions de guanayes, piqueros, pélicans et petits oiseaux de mer peuplent quelques quatre-vingts iles et ilots rocheux, totalement arides et stériles. Les brumes froides de la Corriente Peruana , ou Courant de Humboldt, créent en effet une chaîne ichtyologique transformant la mer péruvienne en la "soupe de poissons" la plus riche des mers du globe, qui favorise ici le pullulement avien des oiseaux de mer qui viennent se reproduire.
Déjà pratiquée au temps des Incas, la récolte du guano, qui représenta au 19e s. l'une des principales ressources économiques du Pérou, se fait encore aujourd'hui à plus petite échelle, notamment dans les îles Ballestas, au large de Pisco : les campagnes de ramassage ont lieu tous les six ou sept ans, lorsque la couche de guano représente une hauteur appréciable.


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©Daniel DUGUAY / dduguay@club-internet.fr


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