Ichu
Mot quechua désignant une espèce de paille qui sèche rapidement sur pied. Plante fourragère spéciale à la zone frigide des punas et de l'altiplano. Unique pâturage des hautes altitudes (4000 m et plus).

Illapa (ou Illapu)
Chez les Incas, dieu de la foudre et des éclairs, maître de la grêle et de la pluie. Son culte est d'origine très ancienne, datant probablement de l'époque de Tiahuanaco : son nom aymara est Tonapa : on a cru d'ailleurs reconnaître son effigie sur le motif central de la Porte du Soleil de Tiahuanaco.
Illapa, en tant que dispensateur de la pluie, était l'une des divinités les plus révérée par les peuples de l'empire inca, juste après le Dieu Soleil et Viracocha. Il avait de nombreux temples. Ses fidèles l'imploraient et lui offraient des sacrifices lorsque la sécheresse menaçait leurs récoltes. Ses images ou symboles étaient exhibés à côté de ceux du Soleil sur la grande place de Cuzco, et une effigie le représentant était portée, comme l'Inca, sur un palanquin incrusté d'or.

INCAS (caste des)
Au sommet de la pyramide politico-sociale qui régissait l'empire inca, régnait l'Inca, ou sapa Inca (l'unique roi) dont le pouvoir était absolu. Tous ceux qui appartenaient à la caste des Incas étaient du même sang et descendaient du Soleil. On les appelait les "fils du Soleil" ou Intip Churi. L'lnca, chef du pouvoir politique et religieux, résumait la puissance de l'empire et ses sujets devaient montrer devant lui une attitude de soumission. Il se faisait porter en litière et se distinguait par sa coiffure, les fins tissus avec lesquels on avait confectionné sa tenue...
L'habillement du souverain inspirait le respect, ainsi que son attitude digne et impassible. Les dessins de Guaman Poma nous montrent que les vêtements de l'lnca et de la Coya (son épouse) ont varié suivant les époques, mais l'insigne le plus important de la majesté impériale a toujours été le llautu, un ruban en laine de vigogne, enroulé plusieurs fois sur la tête. Sur le front, le souverain portait la mascapaycha, genre de mitre semi-circulaire en plumes d'oiseau. De ses oreilles, pendaient de lourds ornements en or, qui lui arrivaient jusqu'aux épaules.

Quant au costume, il se composait d'un vêtement qui lui venait aux genoux, en laine de vigogne: l'uncu, soutenu à la taille par le tocapu, large ceinture de brocart. Il portait en outre un manteau orné d'or, et mettait dans ses cheveux un disque d'or, représentant le Soleil, symbole de sa dignité.
La Reine, ou coya, portait un vêtement pareil à celui des autres femmes de l'empire, mais en tissu beaucoup plus fin. Le manteau, la lliclla, était attaché devant par une broche en métal précieux, le tupu; C'était le privilège de l'Inca et de la noblesse que de porter les cheveux courts.
Tous les membres de la caste avaient de grands anneaux d'or dans les lobes perforés des oreilles. C'est pour cette raison que les Espagnols les surnommèrent orejones ("grandes oreilles"). Les enfants royaux avaient des titres différents; par exemple, les princes célibataires recevaient le nom de auqui, et les princesses ñusta. S'ils se mariaient, les premiers adoptaient le titre d'Inca et les secondes de palla (première épouse).

 
Costume de l'Inca,
administrant la justice.


INGAPIRCA
Situé à 3 100 m d'alt. au Nord de Cuenca, dans l'ancien pays des Cañaris, ce site inca est le plus important de l'Equateur. Un mystère entoure ces ruines car on ne sait pas à quoi elles correspondent : une forteresse, ou un temple consacré au soleil?
Sa construction assez tardive remonterait au 15e siècle pour servir de résidence à l'Inca Huayna Capac, puisque vers la fin de sa vie, il s'était définitivement fixé dans la partie nord de son empire. L'ensemble occupait une superficie d'environ 1056 km2 et comprenait 16 habitations.
De ce complexe on peut encore voir une très belle ellipse en grand appareil qui dut être un adoratoire au Soleil Ses pierres de diorite verte sont taillées suivant le modèle employé par les architectes incas : parallélépipédiques avec la partie frontale renflée. Elles ont été dessinées, travaillées et disposées de façon si parfaite qu'aucun ciment ne maintient l'édifice au point même qu'il est difficile parfois d'en discerner les contours.
A côté de cette construction on peut voir un trône taillé dans la pierre brute et dénommé Ingachungana (le jeu de l'Inca), deux monuments dénommés Intinahui (les yeux de la route) qui sont deux statues semblant surveiller toute la région, et une tortue géante en pierre sculptée.


Inti
Nom donné au Dieu-Soleil au temps des Incas, qui se présentaient comme les fils de ce dernier et en imposèrent partout le culte. Il semble bien qu'Inti - ou le Soleil - soit devenu à cette époque (à partir du 14e siècle) une divinité à la fois politique et agraire. Historiens et ethnologues s'accordent à dirent aujourd'hui qu'il n'était ni la première ni la plus haute divinité de l'univers magique des anciens Péruviens. Divinité "officielle" des Incas, il se superpose aux divinités antérieurement adorées dans les provinces qu'ils avaient annexé à leur empire. Mais sans parvenir à les supplanter tout à fait, raison pour laquelle, à côté de ses temples nouvellement édifiés, les Incas laissèrent subsister la plupart des autres cultes (comme par exemple celui de Pachacamac) dans les régions qu'ils avaient soumises.


Reconstitution moderne le l'Inti Raymi dans la forteresse de Sacsayhuaman

Inti Raymi
La plus grande et la plus fastueuse fête du calendrier inca, qui était célébrée au mois de Juin à Cuzco, capitale de l'empire. 
L'Inti Raymi était à la fois la fête du Soleil, mais aussi de I'Inca et de ses collaborateurs. Pour cette occasion, les grands dignitaires des provinces et les délégations du peuple arrivaient de partout. Le jour du solstice - déterminé par les astronomes - avant le lever du soleil, l'on commençait les festivités principales, dans le Coricancha ou Temple du Soleil et sur la Huacaypata.
Le cérémonial était imposant... L'Inca apparaissait. accueilli par ses parents et ses dignitaires, et se dirigeait vers le Temple du Soleil, sur une litiére en or. Pour cette circonstance, le monarque s'était fait coiffer différemment, avec deux mèches lui tombant sur les oreilles, retenues par le ruban rouge du llautu. Il portait également un collier d'émeraudes et des pendentifs, composés de deux pierres précieuses, symboles du Soleil et de la Lune. Le cortège était formé de la Coya, ou impératrice, du Villac Oma, le grand-prêtre du Soleil, des membres de la famille royale et des musiciens. Sur la grand-place de Cuzco, s'étaient assemblés les guerriers les plus illustres du pays, ou Sinchis. Les musiciens entonnaient des airs tristes et lugubres, exprimant ainsi leur tristesse, causée par l'absence de l'astre vénéré.
Lorsque Inti, le dieu Soleil, illuminait le Temple du Coricancha, I'Inca se levait et saluait son père celeste; cent mille voix accompagnaient ses ovations.
Cette fête avait lieu, non seulement à Cuzco, mais aussi dans le pays entier; de nombreux repas et boissons étaient distribués dans les dépôts publics, de la part de l'empereur. En même temps, l'on accomplissait dans les temples et les oratoires d'innombrables sacrifices, notamment de lamas noirs, dont on utilisait les entrailles pour prédire l'avenir. Mais l'on éxécutait aussi des sacrifices de fillettes ou de jeunes enfants.

JUANITA
Dans la région d'Arequipa (Sud du Pérou), en 1995, l'archéologue et alpiniste américain Johan Reinhard découvrit, dans la calotte glaciaire du Nevado Ampato, à 6300 m d'altitude, la momie d'une jeune fille inca sacrifiée à l'âge de la puberté.
Ramenée dans la vallée d'abord à dos d'homme, puis à dos d'âne, celle qui fut appellée "Juanita" ou encore "la momie des glaces" se révéla être pour les scientifiques un véritable trésor d'informations. En effet, les très grands froids qui sévissent à ces altitudes avaient gardé le corps de Juanita dans un parfait état de conservation. Ses tissus et liquides organiques étant pratiquement intacts, les bactéries et les virus qu'ils contenaient permirent de livrer des indications sur l'état sanitaire des populations indiennes de l'époque et le contenu de son estomac donna un aperçu de l'alimentation d'alors.
En 1996, Johan Reinhardt, "sponsorisé" par la National Geographic Society, récidiva, avec la découverte d'une autre momie de jeune fille, "Sarita", découverte sur les hauteurs du Nevado Picchu Picchu, au- dessus d'Arequipa.

A consulter :
Le très beau site consacré à l'expédition de Johan Reinhardt de 1996 :Mummies from the Inca (en anglais)


La momie de Juanita, aujourd'hui conservée dans le musée qui lui est consacré, à Arequipa.

Justice et morale
"Les Incas n'édictaient jamais de lois pour étonner leurs sujets ou leur permettrent de les éluder, mais pour les appliquer contre ceux qui auraient l'audace de les enfreindre ". (Garcilaso de la Vega : Commentaires Royaux, IV,3)
La sécheresse de cette observation est bien sentie; malgré tout, la législation rigoureuse des incas laissait cependant apparaître un certain souci de la justice.
Dans chaque communauté, l'administrateur ordinaire de la justice était le curaca, ou chef du village, placé sous l'autorité du gouverneur inca de la province. Lorsqu'un délit avait été commis, l'accusé paraissait devant le curaca, accompagné de témoins susceptibles de fournir quelques renseignements. Si le prévenu avouait son délit, il était puni selon la gravité de sa faute. Si, malgré la torture, il n'avouait pas, et dans le cas où aucune preuve n'était fournie contre lui, on le remettait en liberté; toutefois, au moindre écart, il était condamné à mort.
L'on tenait compte à la fois des affirmations des témoins comme de l'accusé, qui devaient prêter serment sur le nom de l'Inca, sur le Soleil et les divinités tutélaires (huacas) de sa province. Il est à noter que le code criminel interdisait aux femmes d'être témoins, parce qu'elles sont "de nature, trompeuses, menteuses et faibles". Le témoignage des pauvres n'était non plus pas reconnu,"car il est plus facile (entendez : il revient moins cher) de corrompre un pauvre qu'un riche".

Il existait deux prisons importantes, aux environs de Cuzco, directement sureillées par des fonctionnaires impériaux : dans l'une, on pendait le criminel par les pieds, jusqu'à ce que mort s'ensuive, dans l'autre, on pratiquait une espèce de "jugement de Dieu" : c'était la fameuse Sancayhuasi, littéralement "maison de l'épouvante". Il s'agissait d'une grande caverne, jonchée de pierres aigues et d'épines, peuplée d'ours, de pumas, de reptiles et d'insectes venimeux : si le criminel qu'on y avait descendu pieds et poings liés était toujours en vie au bout de deux jours et deux nuits, il était remonté au jour et grâcié.

KENCO
Site archéologique situé à 4 km de Cuzco, sur la route menant à Pisac. Le mot Kenco (ou Q'enqo) signifie "méandre", ce qui explique la nature de cet ensemble formé entre autres de canaux taillés dans la roche qui parcourent en zigzag une longueur de 3 ou 4 m.
On y trouve un amphithéâtre, esplanade de 630 m2 limité par un mur incurvé donnant l'impression d'une ellipse, et comportant 19 grandes niches, une fontaine et une construction souterraine à laquelle on accède par deux portes : la légende voudrait que ces souterrains se prolongent jusqu'aux palais impériaux, dans Cuzco.
L'ensemble de roches travaillées en forme de trônes, les canaux et l'autel, rocher sculpté en forme de puma, devaient avoir une quelconque fonction religieuse.

Kero
Objets cylindriques de petite taille, évasés vers le haut et reservés au culte du Soleil et à ses libations, les keros incas sont en céramique, en bois ou en métal. Les artisans les décoraient avec sobriété de dessins géométriques (qu'une chercheuse, Victoria de la Jara, a récemment identifié comme étant une sorte d'écriture idéogrammatique). Cet art évolua vers la polychromie et la représentation animale peu avant l'arrivée des espagnols.
Les conquistadors et surtout les prêtres dominicains ne tardèrent pas à dénoncer les keros comme des objets de culte païens et en détruisirent un grand nombre.
La production des keros ne disparut cependant pas totalement et, à l'époque coloniale, les familles de la noblesse inca assimilée en conservaient l'usage pour des cérémonies privées. A la fin du 18e siècle, alors que le nationalisme indien était exalté par la rebellion de Tupac Amaru, les keros, dépositaires culturels de l'histoire et des mythes ancestraux, devinrent des symboles de résistance.

Kero cuzquénien en forme de tête



Kipu - ou Quipu
Les Incas ont été des statisticiens de génie et ont assuré - en grande partie - leur pouvoir par l'exacte connaissance des ressources aussi bien humaines qu'économiques de leur empire : l'instrument utilisé dans ce but était le kipu, série de cordelettes de différentes couleurs suspendues à un cordon, en manière de frange, et portant des noeuds qui représentaient des chiffres.
A l'extrémité inférieure, chaque noeud valait une unité, plus haut il figurait une dizaine, plus haut encore une centaine, puis un millier et près de l'extrémité supérieure une dizaine de mille. Les couleurs indiquaient l'objet de la statistique, mais comme elles sont en nombre limité, leur signification variait avec le sens général. Le vert désignait, par exemple, soit une céréale dans une statistique agricole, soit l'armée ennemie dans une statistique militaire. "Comme nous en combinant nos vingt-quatre lettres de différentes manières, nous formons une infinité de phrases, de même les Indiens avec leurs noeuds et leurs couleurs expriment les innombrables significations des choses" écrit le Père de Acosta dans son Historia natural de las Indias . 


Le kipu : L'inca Tupac Yupanqui s'informe de l'état des récoltes auprès d'un kipucamayoc (dessin de Guaman Poma)

Ainsi les initiés seuls pouvaient comprendre, manipuler et tenir à jour les kipus : il s'agissait des kipumayocs (littéralement "maîtres des kipus"), sortes de fonctionnaires spécialisés dans cette tâche, qui dépendaient d'un grand "kipumayoc en chef" établi à Cuzco, personnage importantissisme et redoutable, dont le poste équivaudrait aujourd'hui à celui de Ministre de l'économie et du plan.
Pour faciliter l'intelligence de ces documents, on avait convenu d'un certain ordre préalable. Dans les statistiques d'armes, la première cordelette désignait la lance, regardée comme noble, puis les flèches, les arcs, les javelots, les massues, les haches, les frondes, car les objets eux aussi connaissaient une hiérarchie.
Les fonctionnaires subalternes tenaient la comptabilité complète de leur groupe et la faisaient parvenir à leurs chefs. Les chiffres remontaient tous les degrés de la hiérarchie administrative jusqu'aux gouverneurs qui les remettaient à l'Inca. Dans la capitale, des gardiens de kipus recueillaient les statistiques de l'empire entier et étaient chargé de les interpréter. Ils devaient donc avoir une excellente mémoire. Leur travail était facilité par une spécialisation extrême : un gardien était chargé des cordelettes démographiques, un autre des cordelettes sur les magasins de céréales, un autre sur les cordelettes militaires, etc. Toute fraude, tout oubli étaient sévèrement punis.

KOTOSH (Temple de)
Ce site archéologique des Andes centrales, proche de la ville de Huánuco, remontant à l’époque du Précéramique tardif (2000-1800 av. J.-C.). devint fameux grâce à une expédition de l’université de Tokyo dirigée par Seichi Izumi en 1960-1966. Les fouilles y ont révélé dix constructions superposées dans un grand monticule haut de 13 m sur 100 m de diamètre. L'édifice le plus ancien, de plan carré (9 m de côté) aux épais murs de pierres jointoyées à l'argile était revêtu à l'intérieur d'une couche de stuc et présentait une série de niches trapézoïdales : dans l’une d’elle, les archéologues japonais  découvrirent  un bas-relief en argile moulée représentant deux avant-bras croisés : c’était le plus ancien exemple de sculpture du Pérou précolombien.  Il donna à l’édifice le nom de Temple des Mains croisées. Voisin de celui-ci, un second édifice, le Temple blanc, était orné de niches où étaient déposées des offrandes et des figurines en pierre ou en argile. A l’apparition de la céramique, vers 1500 av. J.-C. les temples sont « enterrés » et recouverts par de nouveaux édifices. On a longtemps cru que ces deux temples étaient les édifices cérémoniels les plus anciens du Pérou, jusqu’aux recherches récentes effectuées à Caral, sur la côte, qui ont révélé des constructions plus vastes et plus élaborées, sensiblement antérieures à celles de Kotosh.


Le relief des « mains croisées » que l’on verra sur le site n’est qu’un moulage : l’original se trouve au Musée National d’Archéologie, à Lima.

KUELAP voir la page : CHACHAPOYAS

KUNTUR WASI
Situées à 2110 m d'altitude, à mi-chemin sur la route qui unit la côte Pacifique et la ville de Cajamarca, les ruines de ce site imposant (du quechua Kuntur : condor et Wasi : maison, demeure) couronnent un éperon rocheux dénommé Cerro Copa (autre toponyme que l'on utilise parfois pour désigner le site lui-même).
Kuntur Wasi, qui servit de forteresse à la tribu des indiens Cajamarcas avant l'hégémonie Inca dans la région Nord du Pérou, est formé de trois plateformes superposées au sommet desquelles se dressent les restes d'un temple de forme pyramidale. On y mit à jour plusieurs statues de condor du style de Chavin, mais assez rustiques.
On y rencontre des monolithes représentant des personnages mi-hommes mi-félins dans le genre du fameux monolithe de Pacopampa, conservé au Musée Larco Herrera à Lima. D'autres terrasses s'appuyant sur les contreforts de la colline caractérisent le site. L'un de ces ensembles satellites le mieux conservé est dénommé La Conga.


Monolithes de Kuntur Wasi


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©Daniel DUGUAY / dduguay@club-internet.fr


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