Guide du Pérou

Le Chemin de l'Inca de Cuzco à Machu Picchu

Le trekking le plus connu (et le plus couru) de l'Amérique du Sud - 45 km à couvrir en 4 jours. Altitude maximale : 4215 m
Prix par personne (en groupe) : 450 à 550 $


Voir la carte du Chemin de l'Inca

Au km 88 de la voie ferrée Cuzco-Quillabamba, le train des touristes qui se rendent directement à Machu Picchu fait une halte devenue célèbre pour tous ceux qui rêvent de trekking et de randonnée dans les Andes. C'est de là que part le fameux "Chemin de l'Inca", randonnée de quatre jours qui conduit à la mystérieuse cité perdue des Incas, en traversant des paysages grandioses, par une ancienne route incaïque elle-même jalonnée de vestiges et de sites archéologiques remarquables, dont certains n'ont seulement été dégagés que dans les dernières décennies.


C'est Hiram Bingham, le découvreur de Machu Picchu qui le premier, reconnut l'existence de cette route inca lors de ses explorations de 1911 et 1915. En 1941, l'expédition de la Fondation Viking, conduite par Paul Fejos en découvrit d'autres tronçons : c'est d'ailleurs à cette occasion que fut découvert le très important site de Wiñay Wayna. Il fallut attendre 1968 et l'expédition du docteur Victor Angles pour qu'il soit dégagé dans sa totalité. Afin de protéger ces richesses archéologiques et la très riche flore qui l'environne, l'Etat Péruvien décida en 1981 de classer en réserve nationale tout ce secteur de la vallée de l'Urubamba et de la cordillère de Vilcabamba sous le nom de "Parc Archéologique de Machu Picchu".

Précautions à prendre
Ce trekking légendaire est réputé comme l'un des moins difficiles des grandes randonnées pédestres au Pérou pour deux raisons : il se fait obligatoirement en groupe (l'accès aux marcheurs indépendants est interdit depuis 2002) et il utilise les services de porteurs pour chaque groupe. Néanmoins, on ne saurait trop recommander de l'entreprendre en bonne santé et dans une forme physique convenable. Dans aucun cas, on ne se lancera à l'assaut du Chemin de l'inca en ayant atterri à Cuzco la veille, en venant du niveau de la mer. Deux voire même trois jours (c'est mieux) d'acclimatation en altitude sont nécessaires pour éviter les désagréments (qui peuvent parfois s'avérer dramatiques) du mal des hauteurs. On profitera de ces trois jours pour se reposer (la première demi-journée) et ensuite pour faire le tour de la ville et des environs. Prévoir, outre de bonnes chaussure de marche, un duvet, un poncho de pluie et une petite pharmacie individuelle.

Bon à savoir
Le Chemin de l'Inca est peu à peu victime de son succès : de juin à septembre, c'est blindé et il faut réserver sa place 3 à 6 mois à l'avance!. Ceux qui espéraient la solitude des grands espaces risquent d'être un peu déçus. Pendant les mois de basse saison (mars à mai et octobre à décembre) on peut espérer obtenir son ticket dans un délai variant entre 1 et 4 semaines. L'ennui, c'est qu'à ce moment-là, c'est la saison des pluies... Il est bon de se souvenir qu'en mars 2010, des centaines de touristes et randonneurs se sont retrouvés coincés pendant une semaine et plus dans le secteur de Machu Picchu suite aux débordements du rio Urubamaba et à la destruction partielle de la voie ferrée.

Depuis la haute saison de l'année 2000 où le chemin se trouva complètement engorgé, ainsi que les sites de bivouac et de campement nocturnes, les autorité ont établi un numerus clausus à 500 personnes par jour sur une étape, soit 200 touristes et 300 guides et porteurs. Le nombre maximum d'un groupe est de 16 personnes et au delà de 9 participants, deux guides qualifiés sont requis. Quant aux porteurs, le règlement stipule qu'ils ne sauraient porter plus de 25 kg chacun, ni être payés à un tarif journalier inférieur à 15 $. Les tours opérateurs sérieux prévoient en principe un ratio de deux porteurs par participant, sachant qu'il faut emporter les tentes, les ustensiles de cuisine, la nourriture, la boisson, un boîte de pharmacie, une bombonne d'oxygène, etc. Il n'est désormais plus possible d'effectuer le chemin en solitaire : il faut nécessairement passer par une agence disposant d'une licence. Question de sécurité, bien sûr.

N'oubliez pas d'emporter votre passeport ou à défaut une copie: il peut vous être demandé lors des contrôles effectués par les gardiens du Parc. En février, le Chemin de l'Inca est fermé au public pour cause de nettoyage et de préservation du milieu naturel.

Les tarifs
Ils sont en augmentation constante, c'est la loi de l'offre et de la demande. A Cuzco, environ 150 compagnies ou tours opérateurs (et ils doivent être de Cuzco exclusivement) sont habilités à émettre des billets pour le Chemin de l'Inca. Les tarifs courants varient entre 450 et 550 $ en moyenne, mais selon les services ou les prestations offertes, peuvent aller jusqu'à 1000 $. À ce prix-là, ne croyez pas pour autant que vous aurez la chaise à porteur et le champagne à volonté. Les étudiants de moins de 26 ans détenteurs d'une carte internationale bénéficient d'une réduction de 15%.

Dans le prix que vous paierez par personne, la somme se répartira comme suit : 75 $ d'entrée dans le Parc Archéologique de Machu Picchu (dont l'entrée aux ruines elles-mêmes), 45 $ pour le trajet de retour en train et 40 $ de taxes diverses et variées. Le restant comprend les trois repas servis par jour (en général copieux et roboratifs) le bénéfice du tour-opérateur et le salaire de son personnel. Ne sont pas inclus : le bus pour redescendre de Machu Picchu à la gare d'Aguascalientes (6 $), les repas du dernier jour, sauf le petit-déjeuner, les pourboires finaux pour les guides et les porteurs (très attendus, mettez-vous à plusieurs) et évidemment vos frais de bouche hors cantine. En ce qui concerne le pourboire ' la propina ' on estime qu'un groupe de 15 personnes doit laisser au moins 6 à 8 $ à chaque porteur, 10 $ au cuisinier, 20 à 25 $ au guide principal et 15 $ à son assistant. Si vous désirez en outre louer les services d'un porteur pour vos affaires personnelles, sachez qu'il vous en coûtera environ 100 $ de plus pour les quatre jours.

En tout état de cause, il vous faudra emporter un peu d'argent liquide pour pallier à ces dépenses annexes et à celles que vous pourriez faire au retour à Aguascalientes en attendant le train. Pensez aussi au taxi ou au bus pour regagner votre hôtel à Cuzco depuis la gare d'arrivée, très excentrée, de Poroy (11 km du centre-ville).


1er jour

Llactapata
Après avoir franchi un pont suspendu qui traverse le rio Urubamba (2300 m d'altitude) et marque le début du"Chemin des incas", on découvre, sur la droite, ce site qui est est l'un des plus étendus du Parc Archéologique de Machu Picchu, atteignant plus d'un kilomètre de long sur 300 m de large.
Ses imposantes terrasses, ou andenes, laissent à penser que Llactapata (on dit aussi parfois Patallacta) était une ville vouée à l'agriculture. On y distingue trois secteurs parallèles et longitudinaux, différenciées par l'altitude, la qualité du travail du sol et des constructions. Le secteur urbain occupe le niveau supérieur : on y dénombre plus de cent maisons de différents types, la plupart construites en "pirca". Certaines conservent encore des murs élevés, attestant l'existence de deux étages. Au centre, se dresse une place trapézoïdale, limitée par une muraille où était percée la seule porte d'accès à la ville.
Le secteur central est constitué de terrasses agricoles, s'allongeant sur plus de deux kilomètres. Le niveau inférieur était celui des champs ou des enclos, il s'achève au bord du torrent Cusichaca, le long duquel se dresse une muraille qui protégeait jadis l'ensemble de la cité.


Vue sur les terrasses et le secteur haut de Llactapata

Le chemin remonte ensuite le cours du Rio Cusichaca jusqu'au village de Huayllabamba (3400 m d'alt.) aux maisons disséminées, dont certaines ont conservé des bases incas. On y trouve aussi les vestiges d'un ancien aqueduc, encore en service. Au Sud-Ouest, se dirige une autre piste conduisant les andinistes vers les contreforts du nevado Salcantay, l'un des plus hauts sommets des Andes Centrales (6270 m), chemin d'ailleurs suivi par un autre trek  renommé, dit « du Salcantay » qui part de Mollepata, près de la route Abancay-Cuzco.
Huayllabamba constitue l'étape du premier soir. Si on le souhaite, on fera ici ses derniers achats de nourriture ou de boissons à titre personnel, car il n'y a plus d'autre possibilité sur le chemin jusqu'à Machu Picchu.

2ème jour

A partir de Huayllabamba commence une longue montée, d'abord à travers une belle végétation tropicale, ensuite sur un paysage dénudé de puna d'altitude, jusqu'au col de Warmiwañuska, littéralement en quechua "la femme morte", qui est le point culminant du trekking (4215 m). Du sommet, magnifique vue, en arrière, sur la cordillère d'Urubamba et le massif enneigé de la Veronica, s'il n'est pas dans les nuages. Le chemin redescend ensuite jusqu'à l'étroite vallée du rio Pacamayo où se trouve le campement du soir. C'est la journée la plus rude.

3ème jour

De la petite vallée du rio Pacamayo, le chemin remonte en direction de Runkuracay.

Runkuracay
Perché à 3860 m d'alt. sur un éperon rocheux d'où il domine le vide, ce petit ensemble circulaire aux allures de forteresse dut faire office de tambo (auberge) et de poste de guet. Les randonneurs américains l'appellent "the Egg Hut" à cause de sa forme ovale. Le site est grandiose et offre des vues magnifiques. Il est situé à mi-chemin de la montée vers le second col, connu sous le nom de Runkuracay Pass (3950m).


A g. le tambo de Runkurakay - à dr. : les terrasses de Sayaqmarka

Sayaqmarka
Découverte par Hiram Bingham lors de son expédition de 1915, son nom signifie "la ville inaccessible" ou encore "la ville dominante". Perchée au sommet d'un promontoire à 3600 m d'altitude, elle est reliée au Chemin de l'Inca par un sentier qui bifurque sur la gauche et se transforme bientôt en longs escaliers, aboutissant à une place principale. Véritable petite cité, ce site est un labyrinthe de ruelles, de placettes, de terrasses, de maisons (les ruines d'une vingtaine en subsistent), de canaux et de fontaines.
Un groupe d'enceintes occupe la zone ouest de Sayaqmarka, entouré de précipices vertigineux. On y découvre des vues somptueuses sur le col de Runkuracay ainsi que sur la troisième passe.

Le "Tunnel Inca"
Après Sayaqmarka, en direction du troisième col, le chemin passe sous ce fameux tunnel, long d'une vingtaine de mètres, creusé au temps des incas. L'intérieur est étroit, obscur et passablement boueux pendant la saison des pluies. Après celui-ci, le chemin traverse une forêt et monte vers le troisième col.

Phuyupatamarka
Découvert par Hiram Bingham, ce groupe archéologique est situé à peu de distance d'un autre groupe important, celui de Wiñay Wayna, dont on aperçoit au loin les terrasses. Le nom de "Phuyupatamarka", littéralement "la ville au-dessus des nuages" est bien mérité, car du fait de son altitude (3650 m), elle émerge souvent au-dessus d'eux.
La place supérieure, à laquelle on accède par plusieurs escaliers et une porte monumentale devait être le théâtre des principales cérémonies. Du sommet de celle-ci, on a une bonne vue d'ensemble sur la cité : on distingue tout d'abord deux enceintes supérieures jumelles, puis plus bas, deux groupes d'habitations. De ce belvédère, on a également un superbe point de vue sur les pentes enneigées du nevado Salcantay, parmi d'autres sommets, tandis qu'en contrebas se dessine la vallée encaissée du rio Urubamba.
A un niveau inférieur, une seconde place est limitée à l'ouest par cinq petits bassins et un ruisseau canalisé, qui sépare la plaine de la colline. Sur cette esplanade, on peut observer la "Roche sacrée", énorme masse taillée en plusieurs endroits, qui était sans doute liée de par sa présence près des bassins voués au culte de l'eau. La cité est entourée de terrasses agricoles, ou andenes, échelonnées le long de la colline.


A g. : site de Phuyupatamarka - à dr. : la section finale vers Machu Picchu (photo D. Duguay)

Wiñay Wayna
5 km avant d'arriver à Machu Picchu, ce très bel ensemble archéologique (alt. 2650 m), dont le nom signifie "toujours jeune" en quechua, fut exploré par Julio C. Tello en 1942. Complexe urbain et agricole assez important , on a coutume de le qualifier de "petite soeur de Machu Picchu". Son plan présente de grandes similitudes avec celui de Choquequirao, dans le secteur proche de la vallée de l'Apurimac, sauf que la pente où il semble littéralement s'accrocher, est encore plus abrupte..
Dominé par un vaste ensemble de terrasses, ou andenes, le complexe urbain en contrebas - est lui-même séparé en deux par un grand escalier très pentu qui conduit à un secteur aristocratique et cérémoniel où l'édifice dominant est le Torreón, dont la façade présente des fenêtres et des niches. Ce bâtiment fortifié servait sans doute à la surveillance et à la communication. Près de là se trouvent deux groupes de bains, où l'on pratiquait le culte de l'eau.Dans ce secteur, la façade du Torreón, le mur de la terrasse principale ainsi que quelques autres, représentent parfaitement le style inca impérial, aux pierres admirablement taillées et assemblées sans mortier.
Le secteur agricole est composé d'une vingtaine d'enceintes, presque toutes rectangulaires. Les portes sont d'une bonne hauteur, supérieures à 2 m, certaines à double jambage. Les autres édifices sont, comme à Machu Picchu, de style "pirca".

Tout proche , se trouve le refuge Caruso qui marque la fin de la troisième et avant-dernière étape. L'ambiance y est en général assez joyeuse et le bar ne ferme que lorsque le stock de bière est épuisé, ce qui vous fera coucher assez tard.


Wiñay Wayna (photo D. Duguay)

Voir le plan de Wiñay Wayna

4ème jour

Après avoir quitté le refuge Caruso, le chemin traverse une belle forêt tropicale où poussent des orchidées et dans laquelle fut tournée la première scène du film Aguirre ou la colère de Dieu, de Werner Herzog. Au regard des précédentes, cette dernière étape, la plus courte, n'est qu'une formalité.

Intipunktu : la porte d'entrée à Machu Picchu
L'Intipunktu, ou "Porte du Soleil" marque l'arrivée dans la cité sacrée de Machu Picchu. Il devait s'agir d'un poste de garde et de vigie, formé d'un ensemble d'enceintes dont les fenêtres et les portes étaient dirigées les unes vers la ville, les autres vers le côté opposé, de façon à surveiller le bas du col. Au milieu, passe le chemin en escaliers. A cet endroit (2700 m), on découvre enfin le but du voyage dans toute son étendue et toute sa splendeur. La vue surplombant Machu Picchu y est irréelle, surtout lorsque le site, au petit matin émerge peu à peu des nuages où se colore des rayons d'un arc-en-ciel. Les randonneurs y prennent une photo-souvenir en savourant leur victoire ou bien restent plongés de longs moment dans l'extase que procure ce spectacle.
Mais il reste encore à visiter Machu Picchu, vers lequel descend une large voie triomphale, soigneusement pavée, exactement comme elle devait être au temps des incas...

Pour la visite du site, retour à la page "Machu Picchu la cité sacrée des Incas"


... Faire plus court avec le "Camino Real"

Un nouveau "Chemin de l'Inca", relié beaucoup plus directement à Machu Picchu, fut découvert en décembre 1995. Cette route, baptisée "Camino Real de los Incas", prend naissance à la hauteur du km 104 de la ligne Cuzco-Quillabamba, où un pont suspendu enjambe le rio Urubamba. La guérite d'entrée du parc Archéologique se trouve juste après. Par le Camino Real, on parvient à Machu Picchu en seulement deux jours, en passant par les sites archéologiques de Chachabamba, où les Incas rendaient un culte à l'eau et à d'autres déités andines, et de Wiñay Wayna, (où l'on rejoint le chemin classique), avant d'arriver à l'Intipunktu, porte d'entrée à la citadelle.
Ce dernier point étant le plus haut du parcours (2700 m), le "Camino Real" conviendra plus particulièrement à ceux qui redoutent l'altitude et les passages à plus de 4000 m du chemin dit "classique". Compter environ 250 $ tout compris.


 Liens sur le Chemin de l'Inca :

"The Inca trail and Machu Picchu" : http://www.raingod.com/angus/Gallery/Photos/SouthAmerica/Peru/IncaTrail.html
Site très complet (en anglais) avec la descrition de l'itinéraire en 4 jours et une galerie-photos


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