LAMBAYEQUE, culture
L'étymologie du mot Lambayeque provient du mochica, langue disparue à l'époque de la colonie, et qui était parlée depuis des temps immémoriaux sur la côte Nord du Pérou. Selon la version du chroniqueur Cabello de Balboa (1586), Lambayeque serait un derivé du nom Llampayec, autrement dit le mythique personnage de Naymlap.


Figurines en or du Musée Bruning à Lambayeque

On appelle culture Lambayeque - ou encore Sicán - une expression culturelle du Nord-Pérou, florissante entre 700 et 1300 après J.-C. et dont le siège principal se trouvait dans la vallée du rio La Leche, près de Lambayeque (la ville actuelle se trouve à 10 km au Nord de Chiclayo). Sa principale caractéristique est d'avoir produit la plus grande partie, mais aussi la plus splendide orfèvrerie de tout l'ancien Pérou.
La culture de Lambayeque, qui occupe sur la côte Nord la période comprise entre la fin de la culture Mochica et la splendeur de l'empire Chimú (10e-13e s.), est historiquement liée à la phase d'expansion Tiahuanaco-Huari dont elle paraît être un développement sui generis, avec des ingrédients régionaux issus des cultures Virú, Mochica et Recuay. Son centre principal fut d'abord Batán Grande, avant de Passer à Tucúme vers 1050, probablement à la suite d'une catastrophe climatique due au phénomène El Niño. Au milieu du 13e s. la vallée de Lambayeque fut conquise par les souverains du royaume Chimú, avant d'être à son tour annexée à l'empire Inca au 15e s.


Selon Walter Alva : un ancien épisode du phénomène El Niño fit disparaître la culture Lambayeque
Les traces laissées par les inondations sur les monuments anciens démontrent que le redoutable phénomène climatique frappait déjà le Pérou il y a bien longtemps. Le « méga Niño » actuel, qui provoque des dégâts considérables sur certains sites du pays, parmi les plus remarquables, a même eu un prédécesseur il y a 800 ans, estime l'archéologue péruvien Walter Alva. « Il produisit un déluge qui entraîna la destruction de la culture Lambayeque (8e au 12e s.), mettant fin à la dynastie la plus importante du Nord côtier du pays, fondée par le mythique Naylamp, le Seigneur des mers. Face à la magnitude du phénomène, les grands prêtres condamnèrent à mort son dernier descendant. Ligoté, il fut jeté à la mer, comme le rapporte la légende. »

A l'époque, explique Walter AIva, le niveau des eaux s'éleva jusqu'à dix mètres, comme le démontrent les cicatrices que portent certaines des soixante-dix pyramides de la région. Cette culture était éminemment agricole - bien qu'elle soit surtout connue par la finesse de sa métallurgie en cuivre et en or et par ses céramiques. Tout le système sophistiqué d'irrigation qu'elle avait mis en place dû être emporté par les trombes d'eau. Après le passage du Niño, survint le phénomène opposé de la Niña, qui se traduisit par une terrible sécheresse. Les champs furent couverts de sable, la famine et les épidémies exterminèrent cette civilisation.

(Le Monde, Jeudi 16 Avril 1998)


Le pionnier des études archéologiques concernant la région de Lambayeque fut l'allemand Heinrich Bruning, qui y séjourna de 1917 à 1923 et laissa sur le sujet une copieuse monographie. Bruning visita de nombreux sites et réunit une fabuleuse collection d'objets en céramique ou en orfèvrerie qui sont depuis réunis au musée qui porte son nom, à Lambayeque. Ses travaux furent relayés par ceux de A. L. Kroeber en 1930 et 1942-1944, de Luis Valcarcel (1937), de Julio C. Tello à Batán Grande (1937), de W.C. Bennett (1939) et surtout par les remarquables investigations de Paul Kosok et Richard P. Schaedel, qui entre 1940 et 1965 établirent sur toute la région une cartographie très complète, basée sur des plans de sites, mais aussi sur les photographies aériennes prises par Kosok (qui avait déjà mis en évidence par ce moyen l'existence des lignes de Nazca). En 1979, l'archéologue japonais Izumi Shimada, de l'université d'Harvard, mit en évidence les particularités de la culture Sicán au cours de fouilles concentrées autour du site de Batan Grande.

La bourgade de Ferreñafe, à 17 km au nord de Chiclayo, mérite un détour pour la visite du récent Museo nacional Sicán. Un parcours didactique retrace les grandes étapes de la culture Sicán (ou Lambayeque). On découvre les reconstitutions d’une tombe de la Huaca del Loro (Batán Grande), d’ateliers de potiers et d’orfèvres, où sont décrites les différentes techniques de dorure et de laminage. Le clou du musée est sa grande salle obscure d’orfèvrerie, où de splendides, parures d’or sont exposées dans des vitrines illuminées.

Attention : le nom de Sicán est souvent associé ou confondu avec celui de Sipán. Le site de Sipán (il s'agit cette fois d'un nom de lieu et non pas d'un nom de culture) est quant à lui étroitement associé avec la culture Mochica, à l'époque de sa splendeur, soit vers 250-700 après J.-C.

LAURICOCHA (Grottes de)
Ce gisement préhistorique situé à près de 4000 m d'altitude non loin des sources du rio Marañon, fut découvert en 1957 par Augusto Cardich, après trois ans de fouilles, qui en data l'ancienneté à 10 000 ans par le carbone 14. C'est en 1958 qu'il publia le résultat de ses travaux : Los Yacimientos de Lauricocha . C'est à partir de cette découverte que l'on commença vraiment à s'intéresser à la Préhistoire et au stade pré-agricole du Pérou ancien. Cardich, se référant à une datation du Carbone 14, fait remonter à 9 525 ans la présence d'os brûlés, de charbon végétal et d'une industrie lithique primitive. La série de grottes explorées lui a permis d'avancer l'existence de trois strates culturelles (Lauricocha I, II et III) qui se superposent jusqu'à l'an 2 000 avant le Christ et qui se manifestent par un outillage de chasseur de plus en plus perfectionné (pointes bicéphales et triangulaires, broyeurs, couteaux, etc.) et par les restes d'une alimentation à base de lamas et de vigognes.

LIMA (culture) voir page : Lima préhispanique

LIMATAMBO
Près de ce village, entre Cuzco (distant de 80 km) et Abancay, se dresse la façade, toute en longueur, d'un imposant bâtiment incaïque construit en gros blocs bien appareillés et polis, percé de douze grandes niches trapézoîdales. Cet édifice occupe le coin supérieur d'une haute terrasse de culture, servant également d'enceinte fortifiée, faite de gros blocs de pierre, que l'on franchit par une porte ouverte sur un escalier à double volée. Ce site, également connu sous le nom de Tarawasi, fut visité en 1850 par George Squier qui en fit plusieurs dessins. On pense qu'elle dut être une sorte de villa ou de"palais" ayant appartenu à un important personnage inca. Sur le côté droit de la terrasse, s'élèvent les bâtiments, hélas trés délabrés, d'une ancienne hacienda coloniale que l'on peut également visiter : elle sert de logement au gardien du site.

Llacta
Mot quechua signifiant "ville", "cité". On le retrouve, utilisé en préfixe ou en suffixe, dans plusieurs toponymes de localités préhispaniques comme par exemple Piquillacta, Llactapata, etc. Au temps des Incas, une Llacta était une localité aux fonctions administratives, comme l'étaient les capitales de provinces.

Llautu
1) Turban de coton ou de cordelières en laine qui, dans l'ancien Pérou, différait toujours d'un clan à l'autre, permettant ainsi d'identifier, à simple vue, et sûrement, la provenance d'un indien. Certains llautus étaient ornés de plumes, de fleurs, franges, pompons, voire de bijoux, etc.
2) Sans doute par extension, on désignait par ce mot la coiffe portée par l'Inca et ornée d'une frange pourpre, la Mascaypacha, symbole de sa dignité impériale.

LUPACAS
Importante nation Aymara qui occupait entre les 10e et 16e s. la rive sud-ouest du lac Titicaca. Ils étaient voisins avec les Collas au nord, avec lesquels ils étaient souvent en guerre, et les Pacajes au sud. Ils avaient pour capitale l'actuelle bourgade de Chucuito et leurs souverains appartenait à la famille des Kari. Ils se consacraient à l'agriculture et à l'élevage, mais certains ayllus étaient spécialisés dans le travail de l'argent et dans la céramique. Leur territoire s'étendait également vers les vallées chaudes de la région de Moquegua, près de la côte Pacifique, où leur principal bastion semble avoir été l'impressionante forteresse de Cerro Baúl.
Passés sous la domination Inca à partir du 14e s., ils fournirent des troupes à l'Inca Huayna Capac lors de sa conquête de l'Equateur. Les incas envoyèrent de groupes de mitimaes (colons) Lupacas cultiver le maïs dans la valléee de Cochabamba, ou exploiter les mines d'or proches de l'actuelle La Paz et celles d'argent de Potosi, plus au sud.
Le dernier fait d'armes des Lupacas se situe en 1538 : ralliés, avec les Pacajes, à la rebellion de Manco Inca contre les Espagnols, ils furent battus au Rio Desaguadero - sur les bords du lac Titicaca - par une coalition d'Espagnols et d'autres tribus, commandée par Hernando Pizarro et Paullu Inca.


Sommaire / Introduction / Archéologie /Bibliographie / Chronologie

©Daniel DUGUAY / dduguay@club-internet.fr


du même auteur, si vous voulez visiter le Pérou...