Guide du Pérou

Péninsule de PARACAS

255 km au Sud de Lima


A 260 km au Sud de Lima, non loin du port de Pisco, la péninsule de Paracas, classée réserve naturelle depuis 1975, est un des hauts lieux de l'observation de la faune marine du Pacifique, mais aussi de l'histoire de l'ancien Pérou. Elle fut habitée à partir de 3000 av. J.-C. et, grâce à la sécheresse du climat, a merveilleusement conservé les corps et les objets qui furent enfouis dans son sol.

Une réserve de vie marine et ornithologique
D'une superficie de 335 000 ha, la réserve naturelle de Paracas protège l'une des mers froides les plus riches au monde, traversée par le courant de Humboldt venu de l'Antarctique. Poussés par les alizés, les flux marins font remonter à la surface de grandes quantités de plancton et de sels nutritifs, et provoquent la multiplication de quelque 250 espèces d'algues, favorisant ainsi l'alimentation et la reproduction de la faune marine. Poissons (soles, bonites, maigres, dorades, mérous, mulets, chinchards, sardines, anchois), mollusques et crustacés (moules, coques, huîtres, poulpes, crabes, etc.), tortues, dauphins et mammifères marins, en particulier les otaries à crinière et les otaries à fourrure australe, abondent dans les eaux de la côte. Au large, on croise parfois des baleines de passage. Attirés eux aussi par l'abondance providentielle de nourriture, les oiseaux marins s'assemblent pour festoyer en vastes colonies : fous de Bassan, cormorans, goélands, pélicans, pétrels, guillemots, pingouins, sternes, albatros, manchots... Au total, il a été dénombré dans la réserve 1 380 espèces, dont 216 d'oiseaux.

Les îles Ballestas
A partir de la petite station balnéaire de Paracas (10 km après Pisco), de nombreuses barques à moteur vous proposent une excursion (2-3 h A-R avec guide à bord) autour de quelques uns de ces îlots rocheux (on en dénombre quatre-vingt au total), dites aussi îles de Chincha, peuplées de phoques, de lions de mer, de manchots, et d'oiseaux marins producteurs de guano tels les pétrels, cormorans et pélicans. Les brumes froides de la Corriente Peruana, ou Courant de Humboldt, créent ici une chaîne ichtyologique transformant cette zone littorale en une "soupe de poissons" parmi les plus riches des mers du globe, attirant les oiseaux de mer qui viennent s'y reproduire. Depuis des siècles, ces derniers laissent, sur les rochers, une croûte blanchâtre due à l'entassement de leurs excréments : le guano.

Sur l'un des premiers îlots, on aperçoit les appontements qui servent à embarquer cet engrais naturel déjà connu des incas et redécouvert au milieu du 19e s. constituant alors l'une des plus grandes source de richesse du Pérou.

Un peu plus loin, les îles dévoilent un labyrinthe de criques et d'anses rocheuses creusées d'arches et de grottes marines qui abritent une impressionnante faune à plumes, principalement des manchots, cormorans, fous et pélicans qui batifolent sur leur tapis de guano. D'autres, plus difficiles à identifier, font la joie des ornithologues à jumelles : puffins fuligineux, damiers du Cap, pétrels géants, sternes incas, mouettes à queue fourchue, albatros des Galapagos, etc. Mais le spectacle est également aquatique, avec des centaines de lions de mer s'ébrouant et plongeant dans les vagues, ou bien paressant sur les rochers en compagnie de leurs femelles entourées des nouveaux nés. Aux rugissements des flots et aux cris des oiseaux s'ajoute l' assourdissant concert de grognements, de rugissement et de râles des mammifères marins, faisant des îles Ballestas le théâtre de l'étourdissante cacophonie d'un monde originel, sorte de Paradis perdu...


Les navires embarquant le guano des îles Chincha (New York Weekly, 1863)

Le guano, ou l'or blanc
Depuis des siècles, les habitants de Paracas utilisent comme engrais naturel le guano (du quechua wanu), excrément des oiseaux marins, qui s'accumule en couches épaisses sur les côtes rocheuses et les îles au large. Grâce à sa forte concentration en phosphate et en azote, le guano fertilise les sols sur lesquels on le répand. Grâce à cette méthode, les civilisations pré-incas de la côte avaient développé une agriculture viable, malgré l'aridité du climat.

Les propriétés du guano furent redécouvertes en 1851 par le voyageur et savant italien Antonio Raimondi qui fut à l'origine de sa récolte intensive sur la côte du Pérou à partir de la seconde moitié du 19e s., Elle prit un tour stratégique lorsque l'on s'avisa qu'avec cette manne on pouvait aussi produire des explosifs. Des compagnies privées ou publiques se mirent à extraire à la tonne sur les îles Ballestas,

Chincha et Guanape (au nord de Lima) le précieux guano, lequel engendra d'énormes richesses pour le Pérou qui en détenait alors le monopole mondial. Il permit d'ailleurs à un Français d'origine alsacienne, Auguste Dreyfus (1827-1897), de se constituer l'une des plus colossales fortunes du monde. Le commerce du guano était si lucratif qu'il fut même l'une des causes de la guerre entre le Pérou et l'Espagne en 1864, puis entre le Pérou et le Chili en 1879.

Vers cette époque, la couche de guano déposée sur les parois rocheuses pouvait atteindre jusqu'à trente mètres d'épaisseur! Bien plus rare aujourd'hui, les campagnes de ramassage n'ont plus lieu que tous les cinq ou sept ans, lorsque la couche de guano représente une hauteur appréciable. Mais sa demande repart à la hausse, en raison de son utilité pour l'agriculture biologique.

L'énigme du Candélabre (El Candelabro)
A l'aller comme au retour, vous aurez l'occasion de voir ' sur les pentes d'un cerro dominant le Nord de la presqu'île cet énorme et très fameux géoglyphe représentant un chandelier à trois branches, qui appartient au système des tracés mystérieux (comme les lignes de Nazca) creusé dans le sable meuble d'une grande dune. Sa longueur est de 183 m. La transversale qui est censée supporter les deux branches verticales passe à 100 m exactement du sommet.
La largeur du fossé central est de 5m de bords à bords intérieurs et de 6 m d'axe à axe du bourrelet; sa profondeur oscille entre 50 et 60 cm. Le "Candélabre" est orienté Nord-Ouest - Sud-Est.
On ignore à quelle époque, et par quelle culture il fut tracé dans le sable, et s'il avait ou non un rapport avec des observations astronomiques. Les tenants des élucubrations sur les "pistes d'atterrissage" qu'auraient constitué les lignes de Nazca, s'empressent de lui faire jouer le rôle de "balise spatiale" destinée à guider les "astronautes". D'autres, plus prosaïques, pensent qu'il ne s'agit pas d'un vestige précolombien, mais d'un signe de ralliement dessiné et utilisé par des flibustiers au 16e ou au 17e s...

Tour de la péninsule de Paracas
Une autre excursion classique est celle du tour de la péninsule, ouverte sur l'océan Pacifique et balayée par les vents de sable qui lui ont donné son nom (paracas signifiant littéralement « pluie de sable »). C'est un vaste désert minéral quasi lunaire, sans âme qui vive, aux sables d'une blancheur aveuglante...

De Paracas, la route passe d'abord devant un complexe gazier et des fabriques de farine et d'huile de poisson avant d'atteindre, à 3 km au sud, l'entrée de la réserve. De là, une piste mène, à 12 km au sud vers les falaises découpées du site de La Catedral, une spectaculaire arche rocheuse ainsi baptisée pour sa pointe en forme de flèche (qui s'est hélas écroulée lors du séisme d'août 2007). On peut encore faire la visite d'une extraordinaire grotte marine à proximité.


Péninsule de Paracas : le rocher de La Catedral (photo D. Duguay)

En suivant l'autre piste qui longe le littoral vers la droite, on parvient, à 2 km de l'entrée, au Centre d'accueil et d'interprétation (entrée libre), qui présente plusieurs panneaux instructifs sur la géologie, le climat, la flore et la faune de la réserve naturelle. Juste à côté, on aperçoit le musée J. C. Tello, dédié à l'archéologue, malheureusement fermé depuis plusieurs années faute de crédits. Du centre, un sentier balisé en direction de la mer mène à une lagune flanquée d'un mirador d'où l'on peut observer, de juin à août, une importante colonie de flamants roses.

Derrière le centre, une piste longe le flanc du Cerro Colorado, exactement sur l'isthme qui relie la péninsule à la plaine côtière, où dorment les vestiges, vieux de deux mille ans, de la nécropole de Paracas. Ni clôture de protection, ni gardiens, et pour toute présence humaine des os, des crânes, des bouts de coton qui jonchent le sol. En poursuivant pendant 6 km vers le sud, on débouche sur la jolie baie de Lagunillas, où nichent de nombreux oiseaux migrateurs. Là, il est possible de se baigner, de camper et de déjeuner au village de pêcheurs.

voir la page sur les momies de Paracas

Pour visiter le site de la Réserve Nationale de Paracas (en espagnol) :
http://ekeko.rcp.net.pe/peru/ica/paracas.html


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