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Guide du Pérou |
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La Vallée sacrée des Incas
La vallée du Rio Urubamba, près de Pisac (photo D. Duguay).
Cette excursion de 150 km environ conduit au Nord et à l'Ouest de Cuzco, dans les magnifiques paysages de la vallée du Rio Urubamba, parsemée de ruines et de vestiges incas d'un très grand intérêt, comme Pisac et Ollantaytambo. Les souverains incas y possédaient des résidences d'été, d'où le nom donné plus tard à la vallée. Le circuit - qui constitue une excellente avant-vue de Machu Picchu, est proposé (pour une somme modique) par toutes les agences de tourisme de Cuzco. Compter la journée en minibus.
On quitte de Cuzco par la route qui monte vers les sites de Kenco et Tambomachay. Sur le côté droit, apparaissent les terrasses et les murailles cyclopéennes de la forteresse de Sacsayhuaman. Après avoir traversé un étroit défilé, la route plonge vers Pisac, réservant un magnifique point de vue sur la vallée du Rio Urubamba (l'arrêt photo est de rigueur).
Pisac (ou Pisaq)
Cuzco : 30 km
Le bourg actuel de Pisac fut fondé à l'époque coloniale pour servir de reduccion de indios (réduction d'Indiens, c'est-à-dire village de regroupement) - d'où son plan en damier - sur la rive droite du rio Vilcanota (lequel devient le rio Urubamba plus en aval) est une des grandes curiosités des environs de Cuzco. Le marché dominical, bien qu'envahi de touristes, demeure haut en couleurs : on peut y apercevoir les varayoks (chefs de communautés indiennes des alentours) en grand costume et portant leur vara (bâton de commandement orné d'anneaux en argent) qui sortent de la messe, traditionnellement dite en quechua.
Le marché lui-même, qui il y a vingt ans ne dépassait pas le cadre de la pletite place de Pisac et où l'on pouvait encore voir des Indiennes échanger leurs marchandises selon le système du trueque (troc), a essaimé dans toutes les rues avoisinantes, jusque sous les porches de chaque maison et n'est plus qu'un marché d'artisanat et de souvenirs pour touristes. Cependant, on peut encore y faire de bonnes affaires par rapport aux prix pratiqués à Cuzco. (Essayez d'arriver au marché le plus tôt possible, avant 9 H du matin, avant que les bus ne déchargent leurs fournées de touristes - sinon, essayez plutôt les marchés du mardi et du jeudi matin, un peu moins féquentés).
Calca
2900 m - Cuzco : 48 km
Ce paisible village situé sur la rive droite du rio Vilcanota, à 20 km de Pisac et à 3000 m d'altitude, fut une des résidences d'été des souverains Incas; on y remarque encore de nombreux murs datant de cette époque.
Peu avant l'entrée du bourg, sur la rive g. du rio, on aperçoit un groupe de ruines incaïques dénommé Huchuy Cusco, regroupant plusieurs habitations de tailles modestes, ornées de portes et de niches trapézoïdales, ainsi que des secteurs aménagés en terrasses de cultures (andenes).
Yucay
2890 m - Cuzco : 65 km
Yucay était, à l'époque inca, un lieu de repos et de bains, réservé aux dignitaires de l'empire. L'un des derniers Incas, Sayri Tupac, qui s'était rallié auxEspagnols, y avait une vaste propriété. Tout autour, on peut y admirer un paysage florissant, dominé par les grandioses terrasses de cultures - dont certaines sont toujours cultivées aujourd'hui. L'église Santiago Apostol sépare la Plaza de Armas de la Plaza Manco II. Sur cette dernière, sont encore visibles les vestiges de la Casa de la Ñusta, (Palais de la Princesse) dont il reste quelques murs debout, et d'une muraille qui appartint au Palais de Sayri Tupac, construit en petites blocs d'adobe reposant sur des fondements de pierre taillée et polie.
C'est sur la même place que l'on trouve l'hôtel le plus luxueux de la Vallée Sacrée : la Posada del Inca, qui occupe une vaste demeure coloniale du 16e s.
Urubamba
25 000 hab. - 2875 m - Cuzco : 70 km
Principale agglomération de la "Vallée Sacrée", cette grosse bourgade agricole situé au carrefour de la route d'Anta, s'étale autour d'une imposante église coloniale, avec en toile de fond les cimes enneigées de la cordillère d'Urubamba. La ville a un marché quotidien et offre de nombreux petits hôtels et restaurants. Elle s'anime tout particulièrement lors de la Fête du Señor de Torrechayoq (début Juin).
Urubamba est le principal noeud de communications de la Vallée sacrée. De la gare routière à l'entrée de la ville partent régulièrement bus et colectivos pour Cuzco (entre 1h30 et 2h de route), Pisac, Ollantaytambo et Chinchero. Le bus du matin à destination de Quillabamba (compter 6h de route) s'y arrête mais les places sont comptées...
Après Urubamba, la vallée se reserre et le paysage, très verdoyant, prend déjà une allure tropicale.
Ollantaytambo
Urubamba : 20 km
De retour à Urubamba, on franchit le pont sur la rivière. La route qui mène à Chinchero s'élève en une longue série de lacets d'où l'on peut admirer à loisir la vallée du rio Urubamba, et en arrière, l'imposante cordillère d'Urubamba couronnée de sommets neigeux, le plus élevé d'entre eux étant à cet endroit la Veronica (5750 m).
Tiobamba
Ce village que l'on laisse sur la gauche, pauvre et très rustique, est hors de proportion comparativement à sa fameuse église coloniale à la façade baroque, encadrée de deux élégants campaniles qui se détachent sur le fond des pics de la cordillère (d'où son succès sur les cartes postales).
Moray et les salines de Maras
Les bus et colectivos circulant entre Urubamba et Cuzco vous laissent à l'embranchement de la route vers Maras. De là, des taxis collectifs vous conduisent au village de Maras pour quelques sols. Du village, une marche de 45mn conduit aux salines. On peut aussi prendre un taxi depuis Urubamba pour visiter les salines de Maras, puis le site de Moray. Les salines fonctionnent de mai à novembre, du lever au coucher du soleil. Prévoir une demi-journée pour le tout.
Du pittoresque village de Maras, aux maisons coloniales ornées de blasons, un chemin cahoteux évolue dans un paysage magnifique, une verdoyante pampa encadrée par les sommets enneigés des cordillères d'Urubamba et de Vilcabamba. Soudain apparaît un spectacle étonnant : les Incas avaient taillé à flanc de montagne tout un ensemble de petites terrasses en forme de cuvettes, destinées à recueillir les eaux salées d'une source souterraine. A la saison sèche, cette eau en s'évaporant laisse au fond des cuvettes une couche de sel cristallisé d'un blanc étincelant Vues d'en haut, les terrasses forment une splendide mosaïque d'ocre, de marron et de blanc. Le sel est récolté avec un long râteau, comme dans les marais salants en Europe. Les villageois se sont constitués en coopérative. Chaque famille possède son petit lot de deux ou trois terrasses et vend sa récolte à la commune, qui l'exporte dans le pays.
Les salines de Maras (photo Joëlle Citron) et le "centre" agronomique de Moray
Moray
Du village de Maras, une piste conduit vers Moray, à environ 6 km à l'ouest. Alt. 3 500 m.
Les vestiges archéologiques de Moray, mis à jour en 1930, sont constitués de quatre groupes de constructions circulaires concentriques, s'élargissant vers le haut. Chacun de ces cercles comprend une terrasse, celle-ci superposée à une autre, formant des anneaux de plus en plus larges à mesure que l'on atteint la superficie.
Cette disposition fait penser à un colisée ou à des arênes, mais la grandeur du site et ses gradins cyclopéens rappellent plutôt la taille d'une mine à ciel ouvert. L'ensemble atteint en effet une profondeur de 150 m. Des canaux d'irrigation apportaient l'eau d'une terrasse à l'autre par l'intermédiaire de rigoles creusées dans la pierre. On suppose que ces terrasses durent servir, à l'époque inca, de jardin d'acclimatation, sorte de centre d'étude agronomique avant la lettre, où le but recherché était d'améliorer les plantes cultivées dans tout l'empire. Les deux petites habitations, au fond du second groupe, étaient peut-être la demeure des botanistes ou des gardiens de ces "jardins suspendus"...
Entre Moray et Chinchero, au point le plus haut du parcours (3800m), se dévoile vers l'ouest un somptueux paysage : la laguna Huaypo repose dans un écrin fait d'un damier de petites parcelles cultivées, chacune d'un vert différent. Au loin, se dresse l'énorme chaîne de la Cordillère de Vilcabamba dominée par le Nevado Salcantay (6270 m).
Chinchero
2800 hab. - alt. 3780 m - 29 km au sud d'Urubamba et 28 km au nord-ouest de Cuzco (par la route directe) L'accès aux ruines et à l'église nécessite le boleto turistico.
Cette bourgade aujourd'hui très touristique, juchée sur le plateau qui sépare Cuzco de la vallée du Vilcanota, a conservé de remarquables vestiges incas et offre au visiteur une ambiance chaleureuse et haute en couleurs. L'on rapporte que Chinchero fut l'un des endroits de repos favoris de l'Inca Tupac Yupanqui, qui y construisit un palais et fit aménager d'imposantes cultures en terrasses.
La curiosité principale de Chinchero réside dans son fameux Recinto, sorte de long portique en appareillage inca, orné de grandes niches trapézoïdales, qui borne la place du marché, face à l'église située en surplomb et construite sur les soubassements d'un temple inca. C'est d'ailleurs sur cette place que l'on peut toujours observer, lors du marché dominical (qui concurrence celui de Pisac en notoriété), la vieille coutume préhispanique du trueque (troc) en voie de disparition. Attenantes au Recinto, on aperçoit une série de terrasses de cultures soutenues par des murets d'environ 4 m de haut. Aujourd'hui, elles servent principalement à cultiver des pommes de terre et d'autres cultures vivrières.
Il ne faut pas manquer la visite de l'église coloniale (fin du 16e s.) qui arbore un beau portique et un clocher de plan carré. Sur le fronton extérieur, des fresques illustrent l'idéologie dominante à l'époque de la colonie, dépeignant d'un côté le Bien (l'évangélisation des indigènes), de l'autre le Mal (la révolte de Tupac Amaru). A l'intérieur, de superbes plafonds peints de style mudéjar dominent les retables aux ors rutilants. Une sculpture figure Santiago (saint Jacques) sur son cheval blanc, le matamoros (tueur de Maures) des Espagnols, protecteur de la chrétienté, devenu en Amérique le mataindios, tueur d'Indiens. La messe y est dite en quechua, le dimanche vers 11h.
Sur la même place, on verra un petit musée archéologique où ont été rassemblées quelques pièces de céramiques incas provenant des fouilles locales.
On repart de Chinchero d'où l'on regagne directement Cuzco en passant par Poroy.
©Daniel DUGUAY
dduguay@club-internet.fr