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Guide du Pérou |
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AREQUIPA
800 000 hab. - alt. 2363 m - Lima : 1020 km - Cuzco : 625 km - Puno : 325 km
Arequipa, vue du mirador de Yanahura (photo D. Duguay)
Seconde ville du Pérou, Arequipa "la blanche" - ainsi nommée car elle fut bâtie dans une pierre volcanique très claire, le sillar - s'étend entre le Rio Chili et trois volcans majestueux aux cimes enneigées : le Chachani (6087 m), le Misti (5821 m) et le Pichu Pichu (5540 m) qui lui offrent un cadre somptueux. Cette cité d'allure très espagnole fit fondée en 1540 par le conquistador Manuel de Carbajal, surnommé "le démon des Andes". Du fait de son climat - le soleil y brille quasiment toute l'année- Arequipa présente un visage nettement plus souriant et moins rude que celui de Cuzco. On peut croire la tradition selon laquelle son nom proviendrait d'une exclamation de l'Inca Mayta Capac en découvrant son site : « ary quepay » (je reste ici !). Son centre-ville au cachet colonial unique a été déclaré "Patrimoine culturel de l'humanité" par l'UNESCO en 2000.
Ses habitants sont si fiers de leur ville qu'ils entretiennent depuis toujours une vielle rivalité ' sans doute favorisée par la distance - avec Lima : il existe un " passeport aréquipénien " que l'on peut se procurer dans les kiosques à journaux et toutes les bonnes librairies. On peut même se le faire tamponner à la mairie !
A voir en ville :
Plaza de Armas et Cathédrale
Avec ses fontaines et ses palmiers, la Plaza de Armas d'Arequipa, fermée sur trois côtés par une double rangée d'arcades de style colonial et sur le quatrième par la façade de sa cathédrale en pierre blanche, le tout sur fond de volcans, est la carte postale par excellence. La belle fontaine centrale est surmontée par la fine statue de "Tuturutú, le génie tutélaire de la ville. Toujours très animée, il ne s'écoule guère de semaine sans qu'elle ne soit le théâtre de manifestations corporatives, de défilés associatifs ou scolaires, de parades en costumes régionaux, sans parler du dimanche à la sortie de la messe, avec la traditionnelle cérémonie du lever du drapeau en présence des autorités civiles et militaires où une foule nombreuse se lève aux accents de l'hymne national. Dès qu'elle s'achève, on voit les femmes prendre possession des bancs pour bavarder, tandis que les hommes, par petits groupes, s'en vont alors vers le bistrot.
La cathédrale elle-même est curieuse : rythmée de portiques réguliers et surmontée de deux élégants clochers à coupole pointue, sa longue façade néoclassique en sillar qui occupe le côté nord de la place d'Armes correspond en réalité au flanc droit de la cathédrale. Édifié à l'origine en 1656, trois fois détruit puis reconstruit, le bâtiment dans sa version actuelle date de 1842. Les clochers, démolis par le séisme de 2001, furent relevés l'année suivante. Au pied des marches qui donnent accès au portail, se dresse une longue grille qui supporte de jolis lampadaires.
L'intérieur, de vastes proportions, est assez dépouillé. Les douze colonnes qui délimitent la nef sont en marbre de Carrare. Les orgues, absolument monumentales, seraient venues de Belgique en 1870. Le drapeau du Vatican, à droite de l'hôtel, commémore le passage à Arequipa du pape Jean-Paul II, venu en 1985 pour les cérémonies de béatification d'une religieuse locale, soeur Ana Los Angeles de Monteagudo.
Eglise de la Compañia
Dans l'angle opposé à la cathédrale, elle fut élevée par les Jésuites entre 1573 et 1650. Elle présente une splendide façade baroque sculptée dans le sillar, chef d'oeuvre d' iconographie métisse où les anges chrétiens (certains coiffés de plumes) dialoguent avec les figures de la mythologie inca (puma, serpent), les fleurs et les oiseaux de la forêt tropicale côtoient les sarments de vigne et les couronnes de laurier, etc. On peut y lire la date d'achèvement de l'édifice : 1698. Cet art baroque-métis se rapproche beaucoup de celui des églises de l'altiplano et du lac Titicaca, où les Jésuites avaient laissé des artistes indiens donner libre cours à leur imagination.
La solidité de son assise et du matériau employé lui a permis de résister à maints tremblements de terre. Proche de l'entrée, à g. on verra un célèbre tableau de l'époque coloniale, la mort de Saint François-Xavier. A l'intérieur, profusion d'autels et de retables dorés à l'or fin et magnifique chaire en bois sculpté ainsi qu'une soixantaine de tableaux de l'école de Cuzco, dont certains dus à Bernardo Bitti et Diego de la Puente.
Au fond à gauche, l'ancienne sacristie, aujourd'hui connue comme la chapelle San Ignacio, est entièrement recouverte - jusqu'en haut de la coupole - de fresques du 17e s. qui sont un chef d'oeuvre de l'art naïf religieux : on y découvre, dans un entrelacs de feuillage, des oiseaux tropicaux aux couleurs éclatantes que surmontent les symboles des quatre Evangélistes.
Le cloître (accès libre), également construit en pierre volcanique vers 1740, est un havre de paix où l'on pourra se réfugier de l'animation régnant sur la Plaza de Armas en admirant, assis sur le rebord de sa belle fontaine, les piliers abondamment sculptés des arcades. Il a été transformé en discret petit centre commercial qui ne défigure pas l'ensemble, avec quelques belles boutiques d'artisanat. Un escalier permet de monter à la galerie supérieure du cloître, d'où l'on découvre les toits et les clochers d'Arequipa, dans son décor de volcans. Le spectacle est particulièrement sublime à la tombée du soir, lorsque les monuments s'illuminent et que les derniers feux du soleil couchant parent le ciel d'Arequipa de couleurs indigo, rose et orange...
Museo Santuarios Andinos
Les momies des glaces |
![]() La momie de "Juanita", peu après après sa découverte (photo National Geographic). |
Eglise et place San Francisco
En prenant la rue Zela, à droite du couvent, on parvient à une pittoresque petite place ombragée de jacarandas où se dresse l'église de San Francisco, datant de 1569, mais plusieurs fois remaniée après les séismes. Sa sobre façade de style roman mâtiné d'influences mudéjar ouvre sur une nef mêlant pierres blanches et briques, avec un autel baroque en argent. Il faut visiter le cloître accolé à l'église, abondamment fleuri et entouré de robustes piliers en pierre volcanique qui supportent deux étages de galeries auxquelles on peut accéder. Du sommet, vue pittoresque sur les toits de la ville et le quartier San Lazaro. Un étroit passage, appelé El Manguillo de San Francisco, qui débouche sur la calle Ayacucho, séparait l'église de l'ancien collège, transformé plus tard en prison, il a été reconverti en une galerie commerciale d'artisanat.
Au coin de la place, au no 407, se dresse une vaste demeure coloniale du 17e s. la Fondacion del Fierro, qui abrite un centre artisanal ainsi que le Museo Municipal de Historia qui présente l'histoire de la ville à travers des documents anecdotiques, des portraits, quelques antiquités et des photographies anciennes, notamment celles des séismes de 1868, 1958, 1960 et 2001
Quartier San Lazaro et Parc de Vista Alegre
Après avoir dépassé le monastère de Santa Catalina, on parvient à ce quartier, le plus ancien et le plus traditionnel d'Arequipa, avec ses ruelles étroites et sa petite église du même nom. Le quartier, tout en pente, est adossée à une colline boisée d'eucalyptus : le Parc de Selva Alegre, d'où l'on découvre une belle vue sur la ville et la vallée du rio Chili, dominée par le volcan Chachani.
Mirador de Yanahuara
Dans l'enfilade du Jirón Ayacucho, emprunter le Puente Grau sur le Rio Chili (vue plongeante sur la ville) et emprunter à dr. l'Alameda Bolognesi, puis remonter la seconde rue à g., la Cuesta del Angel.
Depuis une terrasse aux arcades de sillar, on découvre une jolie vue sur Arequipa et son paysage cerné par les volcans. A côté du belvédère, sur une placette plantée de palmiers, se dresse une église baroque du 18e s. ornée d'un magnifique petit portail sculpté dans le sillar. Dans ce faubourg, on trouve de bons restaurants de viande ainsi que de nombreuses "picanterias", restaurants du dimanche typiquement aréquipéniens, spécialisés dans les plats relevés.
En redescendant du mirador par le même chemin, continuer tout droit au lieu de reprendre le Puente Grau. On parvient peu après au monastère de la Recoleta, édifié par les Franciscains en 1648. Il est surtout connu et visité pour sa somptueuse bibliothèque de plus de 20 000 volumes. On y trouve aussi un petit musée de peinture religieuse, de poteries précolombiennes et d'objets rapportés par les missionaires Franciscains de leurs missions en Amazonie.
On repassera de l'autre côté du Rio Chili par le pont Bolognesi et l'avenue du même nom, qui ramène à la plaza de Armas. Dans cette artère populaire et commerçante, subsitent encore quelques boutiques d'artisan luthiers : Arequipa est également connue pour la qualité de ses guitares.
Arequipa fourmille d'autres églises et couvents (La Merced, San Agustin, Santo Domingo) et de belles demeures coloniales (Casa Ricketts, Casa del Moral, Casa de la Moneda, etc) ainsi que plusieurs musées intéressants. Compter deux à trois jours pour une visite approfondie de la ville.
©Daniel DUGUAY
dduguay@club-internet.fr