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Guide du Pérou |
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A partir du port de Puno, cette excursion en bateau à moteur (aller : 35 km à vol d'oiseau, soit 6H de bateau A-R) nécessite une grande journée, si vous ne comptez pas rester sur place. Dans ce cas, on trouve de quoi loger chez l'habitant. A condition de ne pas être trop regardant sur le confort (qui à cet endroit devient une valeur dérisoire), l'expérience vaut la peine d'être vécue et laisse toujours un souvenir impérissable. Meilleure période : de mai à Octobre.
Le voyage à l'île de Taquile, magnifique joyau serti au milieu du lac Titicaca, a un côté magique et initiatique. Si la traversée depuis Puno est courte, elle peut être rendue pénible, voire même effrayante si les eaux du lac sont agitées. Après avoir surmonté cette première épreuve, une seconde vous attend, à peine après avoir touché terre sur le petit embarcadère de l'île : une interminable montée à près de 4000 m d'altitude sur un chemin en lacets (quelques uns ont compté les marches : 533) qui aboutit à une rustique arche de pierre marquant l'entrée du village principal de Taquile.
La récompense s'offre ensuite à vos yeux : au milieu du
décor grandiose formé par les eaux bleues du lac
Titicaca, où étincellent au loin les sommets de la
Cordillera Real (vers le fond du lac et la frontière
bolivienne), surgit un paysage d'une douceur
insoupçonnée, baigné par une lumière
presque méditérranéenne : les petites parcelles
de culture en terrasses, les maisons disséminées, les
innombrables murets de pierre lui confèrent un troublant
aspect mycénien, comme si un morceau de Grèce antique
avait surnagé là, au milieu de l'altiplano
péruvien.
Les 2000 habitants de l'île y conservent leurs traditions, leur costumes et leurs danses, quelques peu différents de ceux des bords du lacs. Ils parlent l'aymara, mais comprennent le quechua et l'espagnol. En les croisant sur les chemins, ils vous saluent joyeusement, comme s'ils avaient affaire à un voisin. Ils ne sont pas pauvres, ils ne sont pas à plaindre, ils ne vous courrent pas après pour réclamer des bombons, des stylos ou quelques sols. C'est à Taquile où l'on est si loin de tout, que l'on se sent, paradoxalement, moins "touriste" qu'ailleurs.
Les insulaires de Taquile pratiquent entre eux le système de
l'ayni, c'est-à-dire le partage mutualiste des
tâches, déjà en vigueur au temps des incas. Tout
le monde, par exemple, participe aux travaux communaux, qu'il
s'agisse de refaire la toiture de l'école, de repeindre la
mairie ou de relever des murets.
Taquile : fête de Santiago (Photos Joëlle Citron)
L'artisanat le plus développé y est celui du tissage, exécuté sur le métier traditionnel fixe, dont le style et les techniques restent immuables. Les vêtements les plus caractéristiques sont le chullo, bonnet avec oreillettes (l'homme célibataire en porte une relevée, l'homme marié doit avoir les deux rabaissées), et la ceinture-calendrier : ses motifs géométriques et colorés représentent le cycle annuel des activités rituelles et agricoles. Près de l'église du village, on trouvera un centre artisanal communautaire où des indiennes font des démonstrations de tissage et où l'on peut acheter des produits de l'artisanat local. Hormis l'artisanat, les insulaires se consacrent principalement à l'agriculture : orge, millet, pomme de terre, et surtout quinoa et kiwicha. On y trouve aussi un peu d'élevage ovin : moutons, chèvres et lamas.
Fêtes : du 25 juillet au 5 août se déroule la Fiesta de Santiago, patron de l'île, pendant laquelle les habitants organisent des danses costumées et font des libations et des offrandes à la Pachamama et aux apus tutélaires (les esprits des montagnes de l'île). Des festivités ont également lieu pour la Semaine sainte et au Nouvel An.
île d'Amantani
42 km à vol d'oiseau, 3h 30 en bateau - alt. 4100 m
Proche voisine de l'île de Taquile, celle d'Amantani, moins visitée mais plus peuplée - 4000 hab. répartis dans huit hameaux - présente un relief plus abrupt et offre un paysage peut-être un plus sévère. Depuis Puno, on s' y rend en petits bateaux à moteur, comme à Taquile, mais le service y est nettement moins fréquent. En prévision d'une nuit chez l'habitant, il est préférable de se renseigner avant le départ afin de savoir si la chose est possible, et chez qui. L'île ne compte ni route carrossable, ni voiture ni eau courante, juste un peu d'électricité produite par des panneaux solaires et des groupes électrogènes. Les émotions seront les mêmes et l'enchantement est garanti.
Une fois l'an (15-16 août) s'y déroule une très colorée et très joyeuse Feria Artisanal, ainsi qu'une fête de la Tierra Santa qui n'est autre que la très ancienne fête de la Pachamama, la "mère terre", célébrée le troisième jeudi de janvier.
Calendrier folklorique de Puno et de la rive Sud du lac Titicaca
©Daniel DUGUAY
dduguay@club-internet.fr